Les fautes et erreurs du Centre gabonais des élections (CGE) valident malheureusement les appréhensions de nombreuses forces sociales, donnant du crédit aux sentences sous-jacentes.

Ayant arrêté un calendrier resserré, le CGE s’enferre dans ses propres contradictions. Ayant voulu y aller au pas de course, il semble incapable de suivre un rythme imprimé par ses soins. © GabonReview

 

Dans un pays encore traumatisé par la présidentielle d’août 2016, le Centre gabonais des élections (CGE) ne rassure guère. Dans un environnement toujours marqué par un dénouement violent et frauduleux, il donne l’impression de vouloir repasser les plats. Comme si ses dirigeants n’avaient rien retenu du passé, ils accumulent fautes et erreurs.  Comme s’ils ne pouvait agir autrement, ils multiplient les bourdes, semant des doutes sur leurs intentions réelles. Formulaires de candidatures pas disponibles ou distribués avec parcimonie, au gré des affinités personnelles ou affiliations politiques ; démembrements locaux pas opérationnels ; dates butoir systématiquement reportées et ; last but not least, un président invisible, peu présent à son bureau : de l’avis général, l’autorité électorale paraît débordée, pas du tout prête à remplir sa mission et à relever le défi d’«élections aux lendemains apaisés».

Accusations d’«amateurisme»

Au nombre des couacs enregistrés, le retard dans le déploiement et l’opérationnalisation des démembrements. Au matin du 11 juillet, aucune commission locale n’était sur le terrain. Encore moins fonctionnelle. Même si la date-butoir a été repoussée de trois jours, cela n’augure rien de bon. En combien de temps les commissaires rallieront-ils leurs lieux d’affectation ? Pourront-ils y transporter l’ensemble du matériel dans des délais raisonnables ? Auront-ils assez de temps pour procéder à la mise en place et travailler dans la sérénité ? Quand on connaît l’état de notre réseau de transport, on peut en douter. «Ils ont du mal à tenir (…) les échéances qu’ils ont fixées (…) C’est la première fois que l’on organise une élection générale au Gabon et vraisemblablement, ça commence très mal», lançait, le 10 du mois courant, Mike Jocktane, candidat à la présidentielle. Cette seule sortie montre combien l’inquiétude grandit, jour après jour.

Ayant décidé d’autorité, sans tenir compte du contexte ni évaluer la faisabilité de son idée, le CGE est victime de sa propre stratégie. Ayant arrêté un calendrier resserré, il s’enferre dans ses propres contradictions. Ayant voulu y aller au pas de course, il semble incapable de suivre un rythme imprimé par ses soins. Ne parvenant pas à remplir ses tâches dans les délais impartis, il étale ses insuffisances, légitimant les accusations d’«amateurisme» et d’«improvisation» voire pire. Désormais, certains se demandent s’il toutes les candidatures seront effectivement enregistrées ou si certaines ne seront pas contrariées, quitte à user d’arbitraire. Dorénavant, d’autres cherchent à savoir si le CGE n’est pas en mission commandée, s’il n’agit pas dans le sens de la défense d’intérêt particuliers, quitte à créer les conditions du chaos, prétexte à l’évocation de la «violence légitime», ce monopole de puissance publique conceptualisé par le sociologue allemand Max Weber.

Cassure manifeste

Pourtant, dès l’annonce de ce calendrier, de nombreuses forces sociales l’avaient jugé irréaliste, porteur d’incertitudes et même illégal. «Dans le contexte gabonais, il faut une bonne dose de désinvolture pour programmer trois élections le même jour. Il faut œuvrer à des élections peu inclusives pour annoncer une telle trouvaille (…) deux mois avant l’échéance», avertissions-nous. Peine perdue… «Les dispositions combinées des articles 25 et 30 de la loi électorale astreignent le CGE à comprendre qu’il ne peut y avoir des dépôts de candidatures en absence (…) des listes électorales et de la mise en place des commissions car, à ce jour, aucun Gabonais n’est légalement électeur», alertait le Copil citoyen. En pure perte… Deux semaines plus loin, les manquements et hésitations du CGE valident malheureusement ces appréhensions, donnant du crédit aux sentences sous-jacentes. Au grand dam des candidats et électeurs, à l’exception notable de ceux du Parti démocratique gabonais (PDG).

Cette cassure est manifeste sur les outils de discussion des médias sociaux. Quand des personnalités proches de l’opposition dénoncent l’impréparation du CGE, les militants PDG ne trouvent rien à redire, se satisfaisant de la situation tout en se disant certains d’une «victoire cash». Ni l’indisponibilité des formulaires ni le retard dans la mise en place des commissions locales ne les émeuvent. Se refusant à tout échange de portée administrative ou juridique, ils se repaissent de slogans et formules toutes faites. Comme si le respect des normes leur importe peu. Comme si un capharnaüm voulu est toujours maîtrisé. Comme s’il est gage d’«élections aux lendemains apaisés». S’il ne veut pas rejouer 2016, le CGE doit corriger le tir. Et le plus rapidement possible. Il en va de l’intérêt de tous et de la cohésion sociale.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Malho dit :

    C’est ce qui se produit lorsqu’on nomme un violeur incestueux, un assassin criminel rituel à la tête de nos institutions. Michel bonda est un amateur…

  2. Yvette Ndong dit :

    Mais vous vous attendiez à quoi exactement ? La machine de la fraude est en marche comme il est de tradition à chaque mascarade électorale présidentielle. Votre transparence électorale présidentielle be se fera pas avec les Bongo. Continuez à rêver.

    Je partage l’avis de certains qui disent qu’Ali Bongo sera élu frauduleusement comme d’habitude. Et il ne mettra pas longtemps au pouvoir. Au plus une année, le temps de préparer son fils adoptif Nourredine Bongo avec le soutien du roi du Maroc.

    Les Gabonais, même intellectuels, sont trop bêtes quand ils croient à une élection « enfin » libre et transparente. Continuez de rêver.

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