Les audiences organisées dans le cadre de l’opération anti-corruption «Scorpion» se suivent et se ressemblent. Appelé à la barre ce lundi 3 juin devant la Cour criminelle spécialisée de Libreville pour répondre à nouveau des faits supposés de détournement de fonds publics, entre autres, Brice Laccruche Alihanga aurait été victime de «graves atteintes» par le biais de sa défense. Dans le communiqué de presse ci-après intitulé «Justice sous la Transition : une parodie de procès pour M. Brice LACCRUCHE», ses avocats affirment avoir été muselés, non sans avoir remarqué que l’instruction a été «menée exclusivement à charge».

Quelques-uns des avocats de Brice Laccruche Alihanga, en mai 2024. © GabonReview

 

Communiqué de presse du 03 juin 2024 du Collectif des avocats de M. Brice LACCRUCHE ALIHANGA

Nous, collectif des avocats de M. Brice LACCRUCHE ALIHANGA, tenons à informer l’opinion publique nationale et internationale des graves atteintes aux droits de la défense observées lors de l’audience de ce jour devant la Cour Criminelle Spécialisée.

M. LACCRUCHE, accusé de détournement de fonds publics et de blanchiment, fait l’objet de poursuites manifestement biaisées. Il est essentiel de rappeler que le Président de la Transition lui-même, qui était au cœur des enquêtes de l’époque, a publiquement affirmé que les poursuites engagées contre notre client relevaient du règlement de comptes et que ce dernier était innocent.

Malgré cette déclaration de haut niveau, nous avons choisi de prendre part à l’audience programmée, convaincus que le dossier monté à charge contre notre client par l’ancien régime serait jugé dans le respect des règles de procédure, et que le contexte politique ayant changé, la justice serait rendue de manière plus équitable.

Cependant, notre espoir d’une justice restaurée a été brutalement déçu. Au fil des audiences et, pire, lors de l’audience de ce jour, les droits de la défense ont été bafoués de manière flagrante. La parole a été systématiquement refusée à la défense, et l’instruction est menée exclusivement à charge, dans une parfaite continuité avec les pratiques de l’ancien régime.

Nous avons soulevé une exception d’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’État dans ce dossier, arguant que les fonds en question provenaient d’un compte privé au nom d’une SARL, comme l’ont d’ailleurs reconnu les avocats de l’État eux-mêmes. Malgré cela, le président de la Cour n’a pas autorisé la défense à répliquer à la suite des arguments de l’État. Face à cette parodie de justice, et pour ne pas cautionner un procès de témoignage où la logique répressive et partiale de l’ancien régime persiste, les avocats de la défense de M. LACCRUCHE ont décidé de quitter la salle d’audience en signe de protestation.

Nous tenons également à souligner que l’état de santé de notre client s’est gravement dégradé en raison des années d’incarcération inhumaines qu’il a subies. Il a bénéficié d’une liberté provisoire grâce aux nouvelles autorités de la transition, mais cette liberté est maintenant menacée par une procédure judiciaire inique et viciée.

Nous déplorons profondément que, malgré les changements politiques annoncés, la justice continue de fonctionner de manière inéquitable et partiale. Nous en appelons à la conscience du peuple gabonais et à la vigilance de la communauté internationale pour que les principes de justice et d’équité soient effectivement respectés.

La restauration de l’État de droit ne peut se faire sans une justice véritablement indépendante et impartiale. Nous réitérons notre engagement à défendre les droits de notre client et à lutter contre toute forme d’injustice et d’arbitraire.

 

 
GR
 

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