Prêts usuraires à la mairie de Libreville : le délégué spécial frappe fort
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Face à la précarité croissante des agents municipaux liée aux prêts usuraires dans l’exécution d’un contrat de bail avec un particulier, le délégué spécial de la commune de Libreville, le général Jude Ibrahim Rapontchombo, prend des mesures radicales. Une décision qui redonne espoir à une institution en quête de transparence.
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Le gérant de la société Mavikana Mamboundou Houssein, derrière son comptoir. © D.R.
Le Syndicat libre des agents de la mairie de Libreville (Sylaml), par la voix de son président, Jeo-Fred Madouta, avait récemment dénoncé avec vigueur le contrat de bail n°006/PE/CL/SG/DCAJC du 25 avril 2019, conclu entre la Commune de Libreville et la société Mavikana Mamboundou Houssein. Ce contrat, censé permettre l’exploitation d’un économat au bénéfice des agents municipaux, est qualifié de «véritable boulet financier» par Madouta, qui exigeait sa résiliation immédiate.
La pratique des prêts usuraires, décriée par le délégué spécial chargé de la gestion de la commune, a aggravé la précarité des agents municipaux, les plongeant dans une situation alarmante. Ces prêts, souvent assortis de conditions abusives, vont à l’encontre de l’objet initial du contrat, à savoir la fourniture de produits alimentaires et d’équipements électroménagers à des prix homologués.
Dans une déclaration incisive, ce 24 décembre 2024, le général Jude Ibrahim Rapontchombo a rappelé que l’article 2 du contrat stipule que la fourniture des biens doit respecter les prix homologués en République gabonaise. Toute pratique contraire, notamment les prêts usuraires, est désormais formellement interdite. «Il m’a été donné de constater, pour le déplorer, l’usage de la pratique des prêts usuraires dans l’exécution du contrat de bail. Cette situation intolérable ne peut perdurer», a martelé le délégué spécial.
Pour mettre fin à ces dérives, il a rappelé que tout agent souhaitant acquérir des biens via cet économat doit obtenir, auprès de la Direction générale des finances (DGF), une attestation de capacité d’endettement. Celle-ci fixe une limite stricte : la quotité cessible ne peut excéder 30 % du salaire brut.
Un appel à la responsabilité individuelle
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L’objet initial du contrat, à savoir la fourniture de produits alimentaires et d’équipements électroménagers à des prix homologués. © D.R.
Le délégué spécial a également souligné que tout agent municipal contractant un prêt usuraire auprès de la société Mavikana Mamboundou Houssein engage désormais sa responsabilité personnelle. «J’attache du prix au strict respect des présentes prescriptions», a-t-il averti, insistant sur l’importance de respecter les dispositions contractuelles pour préserver l’intérêt des agents municipaux.
En prenant ces mesures, le général Rapontchombo entend restaurer la transparence et protéger les agents municipaux d’un système abusif. Cette initiative répond aux appels répétés du Sylaml, mais elle pose aussi la question de la pérennité des contrats liant la mairie à des prestataires privés.
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