Présidentielle le 12 avril 2025 : Le double défi
Dans des délais relativement courts, le gouvernement doit organiser une présidentielle libre, démocratique et transparente sans s’être assuré de la fonctionnalité du montage institutionnel. Pourtant, ce vote conditionnera la trajectoire de notre pays pour au moins une décennie.
Le 12 avril 2025, et plus en août de la même année, les Gabonais devront décider. Dans un peu moins de trois mois, ils seront appelés aux urnes. Dans un peu plus de 11 semaines, ils devront élire le prochain président de la République. Telle est la principale conclusion du Conseil des ministres tenu le 22 janvier courant, c’est-à-dire deux jours après l’adoption du Code électoral par le Parlement. Si cette hypothèse était déjà évoquée et si la date du 22 mars avait été avancée, il y a comme un emballement. Pourtant, au-delà du choix du chef de l’État, ce vote engagera le devenir de notre démocratie et de nos institutions. Mieux, il conditionnera la trajectoire de notre pays pour au moins une décennie. De ce point de vue, on peut s’interroger sur les raisons de cette subite accélération. On peut questionner la pertinence de cette option.
À craindre
En effet, formulée, examinée, adoptée et promulguée au pas de charge voire à la va-vite, la loi portant code électoral consacre un nouveau cadre institutionnel de gestion des élections. Outre une commission nationale d’organisation rattachée au ministère de l’Intérieur, elle institue une autorité de contrôle des élections et du référendum (Acer), faisant craindre des conflits de compétences. Du reste, bien avant l’envoi du texte au Parlement, la Cour constitutionnelle avait pointé des risques de télescopage. Pour cette seule raison, on est curieux de voir comment les pièces de ce meccano s’imbriqueront. Au vu des délais impartis, on se demande si on pourra procéder à des ajustements afin de parvenir à un mécanisme articulé et fonctionnel. Les assurances et explications du ministre de l’Intérieur ? Elles rappellent ses certitudes de juin 2024 au moment de la modification du code électoral en vue du référendum. On connait la suite…
En essayant de prendre tout le monde de vitesse, le gouvernement s’est lancé un double défi : dans des délais relativement courts, il doit organiser une présidentielle libre, démocratique et transparente sans s’être assuré de la fonctionnalité du montage institutionnel, sans s’être donné ls moyens de le tester au cours d’un scrutin de moindre importance. En programmant l’élection majeure en pleine année scolaire et en saison des pluies, il a complexifié la situation. Pourra-t-il mettre en place les commissions électorales provinciales, départementales, communales, d’arrondissement et de district sur l’ensemble du territoire ? Aura-t-il le temps de sélectionner les personnes devant les animer ? La même question vaut pour l’Acer. Et si cette entité venait à constater des «dysfonctionnements», puis à émettre des suggestions, seront-elles prises en compte ? Est-ce la porte ouverte aux querelles, procès d’intention et contentieux ? C’est à craindre.
Le pays, au-dessus de toute autre considération
En 2023, la date de la présidentielle fut annoncée deux mois avant l’échéance. La suite ? Tout le monde la connait : même si elles se voulaient générales, ces élections n’avaient pas «rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais», selon la sentence du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Pourquoi reproduire un stratagème aux effets pervers connus ? Pourquoi courir quand on peut partir à temps ? Si la Transition doit aider à «bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable», il faut se poser ces questions. Quasiment jamais mis sur le devant de la scène, mais néanmoins chargé d’assister «le président de la Transition dans la détermination de la politique de la nation», le Conseil national de la Transition (CNT) a peut-être là l’occasion de se faire entendre.
Pour l’heure, les organes de la Transition doivent aussi se poser cette question : au train où vont les choses, nous dirigeons-nous vers des élections crédibles, c’est-à-dire inclusives, transparentes, compétitives et respectueuses des droits des citoyens ? Pour y répondre, il faut aussi placer le pays, son avenir et son peuple au-dessus de toute autre considération. En d’autres termes, il faut se conformer aux valeurs de «patriotisme», de «loyauté» et de «probité» énoncées par la Charte de la Transition. La date du 12 avril peut-elle encore changer ? On n’ose le croire. N’empêche c’est dans «un élan de sursaut national» que l’on parviendra à «la refondation de l’État», à «la préservation des principes républicains» et au «renouveau de la démocratie et de la citoyenneté».
1 Commentaire
Akoma Mba persiste et signe. Dans aucun pays au monde des Putchistes organisent des élections. Un coup d’Etat n’est pas la bonne manière d’arriver au pouvoir.
Chez les autres, après coup d’Etat, les militaires, tous confondus, retournent dans leurs casernes après avoir remis le pouvoir aux civils.
Voyez-vous en Grande-Bretagne les militaires ne votent pas car censés être fidèles à tout Pouvoir civil élu démocratiquement. On devrait demander au Premier Ministre O’ ligui Nguéma Vé. Allez voter et on verra après. On va encore faire comment!Pourquoi autant de hâte!?