Présidentielle 2025 : Quand le calme des rues contraste avec l’enjeu historique du scrutin

À moins de deux semaines du scrutin présidentiel prévu le 12 avril 2025, la campagne électorale au Gabon peine à embraser l’enthousiasme populaire dans la capitale gabonaise qui abrite 35 à 40 % de la population totale du pays. Contrairement aux élections précédentes, les rues de Libreville restent calmes et peu animées, tandis que le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, semble dominer l’espace public. Face aux contraintes budgétaires et à l’ère numérique, les candidats adoptent des stratégies de campagne discrètes et diversifiées.

À moins de deux semaines du scrutin, la campagne présidentielle gabonaise peine à embraser les rues de Libreville, laissant place à une atmosphère étonnamment calme et sobre, loin de l’effervescence électorale d’antan. © GabonReview
À moins de deux semaines de l’élection présidentielle gabonaise prévue le 12 avril 2025, la campagne électorale bat son plein depuis son lancement officiel le 29 mars. Les observateurs notent cependant une ambiance étonnamment calme dans les rues de Libreville, contrastant avec l’effervescence habituelle des précédentes élections. Cette présidentielle, première depuis le coup d’État d’août 2023, met en lice huit candidats dont le général Brice Oligui Nguema, actuel président de la transition, qui semble dominer l’espace médiatique et public.
Une campagne électorale en demi-teinte
La campagne électorale pour l’élection présidentielle gabonaise a donc officiellement démarré le 29 mars 2025, conformément à l’arrêté numéro 000131/MIS du ministère de l’Intérieur et de la sécurité, et se déroulera sur 14 jours comme le prévoit le Code électoral.
Quelques jours après son lancement, de nombreux Librevillois sont surpris par le peu de visibilité des activités de campagne dans la capitale. Dans les rues de la capitale, l’ambiance reste étonnamment calme. Les témoignages recueillis auprès des habitants révèlent une certaine déception face à ce démarrage jugé trop timide. «Je n’ai encore rien senti», «Je ne vois rien», confient des Librevillois, comparant avec nostalgie les campagnes électorales passées sous l’ère Bongo, décrites comme plus festives et animées. Les panneaux d’affichage restent en partie inoccupés dans la capitale quand les seuls affiches visibles sont celles d’Oligui Nguema, et l’effervescence habituelle des périodes électorales semble absente.
Cette sobriété est toutefois appréciée par certains citoyens qui estiment que les dépenses électorales devraient être limitées face aux défis socio-économiques du pays. Un habitant souligne ainsi : «Tous les gadgets qu’on imprime pendant la campagne, dans un pays comme le nôtre où les femmes accouchent par terre, les élèves sont serrés dans les salles de classe, où on n’a pas d’eau courante, où on n’a pas d’électricité, c’est encore trop, de mon point de vue».
Stratégies de campagne diversifiées
Face aux restrictions budgétaires et aux nouvelles habitudes de communication, les équipes de campagne des candidats ont adapté leurs stratégies. Christelle Koye, porte-parole du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema, a expliqué que «les prescriptions légales en matière de plafonnement des dépenses électorales obligent le candidat à contrôler les dépenses».
Dans ce contexte, plusieurs candidats auraient privilégié la communication sur les réseaux sociaux, à la fois pour limiter les coûts et pour des considérations environnementales. Néanmoins, le président de la transition se démarque par une présence visuelle plus importante, avec de nombreuses affiches visibles dans la capitale. Le jour de l’ouverture de la campagne, il a organisé un grand rassemblement au stade de l’Amitié d’Angondjé dans le nord de Libreville, attirant plusieurs milliers de personnes malgré une pluie intense.
Une compétition inégale
Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition depuis le coup d’État d’août 2023, apparaît comme le favori de cette élection. Son principal challenger serait Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo, que la presse gabonaise présente comme «son adversaire le plus sérieux». Ce dernier a été aperçu effectuant des déplacements de proximité dans des quartiers populaires de Libreville comme Nzeng-Ayong.
Parmi les autres candidats figurent Stéphane Germain Iloko Boussengui, médecin qui a tenu un meeting à Ambowè durant le premier jour de campagne et un autre au collège Capitaine N’Tchoréré dans le quartier dit Ancienne-Sobraga. Il y a aussi Joseph Lapensée Essingone, juriste inspecteur des impôts ; Axel Stophène Ibinga Ibinga, Alain Simplice Boungoueres, Thierry Yvon Michel Ngoma, ainsi que Zenaba Gninga Chaning, la seule femme dans cette course à la présidence, dont l’activité de campagne n’est presque pas visible.
Bien que les huit candidats officiellement en lice déploient diverses stratégies de communication, le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema semble bénéficier d’une visibilité nettement supérieure à ses concurrents.
C’est du déjà dit, mais cette élection est un tournant important pour le Gabon, après près de deux ans de transition suivant le coup d’État ayant mis fin au règne de la famille Bongo. Les réformes institutionnelles adoptées et la nouvelle Constitution dessinent les contours d’un système politique renouvelé, avec un mandat présidentiel allongé à sept ans et un pouvoir exécutif renforcé. Reste à voir si la participation électorale sera à la hauteur des enjeux, malgré une campagne qui peine à mobiliser l’enthousiasme des Gabonais.

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