Présidentielle 2025 : Jean Remy Yama, un candidat entravé mais déterminé

Recalé par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer) pour un motif qu’il juge infondé, Jean Remy Yama conteste vigoureusement l’invalidation de sa candidature à la présidentielle du 12 avril 2025. Le ministère de l’Intérieur lui reproche de ne pas avoir prouvé la nationalité gabonaise d’un de ses grands-parents, en s’appuyant sur une interprétation controversée de l’article 170 de la Constitution. Saisi par le président du PNTP, la Cour constitutionnelle devra désormais trancher. Cette affaire, au-delà du simple contentieux électoral, est symptomatique de tensions autour de l’organisation du scrutin et la question de l’équité du processus électoral.

Recalé par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer) pour un motif qu’il juge infondé, Jean Remy Yama conteste vigoureusement l’invalidation de sa candidature à la présidentielle du 12 avril 2025. © GabonReview
Le rejet de la candidature de Jean Remy Yama à l’élection présidentielle du 12 avril 2025 par la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (Cnocer) a suscité une vive réaction du principal intéressé. En s’appuyant sur une interprétation controversée de l’article 170 de la Constitution, le ministère de l’Intérieur a estimé que Yama ne pouvait être candidat faute d’avoir prouvé la nationalité gabonaise de l’un de ses grands-parents.
L’argument avancé par le ministère de l’Intérieur repose sur l’article 170 de la Constitution, qui stipule que tout candidat à la présidence doit justifier d’au moins un grand-parent gabonais. L’administration a ainsi exigé un acte de naissance d’un parent de Yama pour attester de cette filiation. Une interprétation jugée abusive par le président du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP) : «Il y a eu une forme d’inversion de la charge, c’est-à-dire que ce n’est pas à nous de produire ces éléments. Une attestation d’honneur suffit et c’est à l’administration de vérifier si ce qu’on dit est vrai ou faux».
Jean Remy Yama rappelle que son dossier avait pourtant été déclaré complet le 8 mars à 16h20, avant d’être rejeté le 10 mars. Ce qu’il qualifie de volte-face suspecte. Pour lui, l’administration a voulu instrumentaliser la procédure pour l’écarter de la course à la présidence.
Un recours fondé sur la légalité et la preuve documentaire
Dans un recours déposé le 11 mars auprès de la Cour constitutionnelle, Yama met en avant deux points essentiels : l’article 170 n’apparaît pas dans la liste des pièces requises pour le dépôt d’une candidature ; l’administration n’a pas le droit d’imposer au candidat de produire un document qui ne figure pas explicitement dans les exigences légales.
De plus, il affirme avoir fourni l’acte de naissance de sa mère, document qui a déclenché la polémique et le rejet initial. Cette situation a d’ailleurs profondément affecté ses proches :« Cela a causé un tollé dans ma famille, de laisser penser que mes parents seraient des inconnus. Ils se sont mobilisés et ont retrouvé les papiers de ma mère». Fort de cette preuve, il estime que sa candidature est désormais irréprochable, quel que soit l’angle juridique sous lequel elle sera examinée.
Une candidature politiquement gênante ?
Le rejet de Jean Remy Yama a alimenté des spéculations sur une plausible manœuvre politique visant à l’exclure. Certains ayant vu en lui un candidat soutenu par le président de la transition, d’autres par la France. Il balaie ces accusations d’un revers de main : «Si j’étais un candidat fabriqué par le président de la transition, je serais sur la liste de ceux qui ont été retenus. Si j’étais le candidat de la France-Afrique, cela se saurait».
Au-delà des rumeurs, cette affaire révèle les tensions autour de l’élection présidentielle. Yama, qui se présente comme le candidat du peuple, entend bien mener ce combat jusqu’au bout, convaincu que la Cour constitutionnelle validera sa candidature.
Le président du PNTP se veut confiant. Selon lui, même en cas de rejet de son recours, l’administration ne pourra plus justifier son éviction puisque le document querellé est désormais versé au dossier. «Quel que soit l’angle par lequel vous voulez prendre cette chose, ma candidature à l’élection présidentielle du 12 avril est presque certaine d’être acceptée». La décision de la Cour constitutionnelle, attendue dans les prochains jours, dira si Jean Remy Yama pourra poursuivre son ambition présidentielle ou si l’administration aura eu raison de ses espoirs.

1 Commentaire
En effet, de nombreux Gabonais éprouveraient des difficultés à obtenir l’acte de naissance de leur père ou de leur mère, un document personnel protégé par les lois sur la protection des données et qui ne leur appartient pas, même s’il concerne leurs parents. Beaucoup ont perdu leurs parents depuis longtemps et ne sauraient où trouver ces documents.
Afin d’assurer l’équité et la cohérence de cette loi électorale, tout en évitant des controverses qui pourraient fragiliser son acceptation, il serait préférable que les juges constitutionnels demandent au CENACER de se baser uniquement sur les indications concernant l’origine des parents déjà présentes sur les actes de naissance gabonais. Le législateur doit donc s’assurer que ces informations figurent systématiquement sur les actes de naissance afin que personne ne soit lésé.
Si une autre décision sort de la cour constitutionnelle alors la sagesse n’habite toujours pas ce collège comme sous Mbouranstsuo. Il ne s’agit pas ici de Yama mais de l’intérêt supérieur de la nation gabonaise et de son peuple. Du Gabon de nos enfants et des vôtres.