Présidentielle 2025 : Bilie-By-Nze invoque «une victoire arrachée dans des conditions opaques et contestables»

Au lendemain des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 avril, donnant le candidat Brice Clotaire Oligui Nguema vainqueur à 90,35%, Alain-Claude Bilie-By-Nze, le deuxième de ce scrutin avec 3,02%, s’est exprimé ce lundi 14 avril. Prenant acte «avec gravité et lucidité», il a salué le climat apaisé dans lequel le Gabon a su voter, regrettant le fait que «le choix de continuité l’ait emporté sur celui de la rupture». Additionnant les résultats obtenus par les huit candidats en lice, il s’étonne du fait que 4,82% de suffrages manqueraient au compteur, d’autant plus que le total des pourcentages obtenus par les candidats est de 95,18%.

Alain-Claude Bilie-By-Nze, deuxième à la présidentielle du 12 avril 2025. © GabonReview
Pour la première fois depuis l’élection présidentielle du 12 avril, l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat arrivé en deuxième position lors de cette échéance, s’est exprimé, commentant les résultats provisoires et annonçant sa décision de ne pas engager une procédure de contestation. À l’occasion d’une déclaration et d’une conférence de presse, ce lundi 14 avril, il a regretté le fait que «le choix de la continuité l’a emporté sur la rupture» qu’il a prônée tout au long de sa campagne. «Ce choix de la continuité, je le respecte, même s’il ne saurait emporter mon adhésion», a-t-il savoir.
4,82% de suffrages qui manqueraient au compteur
Un peu moins de 24 heures après la présidentielle au Gabon, fait inédit, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a proclamé les résultats de cette échéance capitale pour le Gabon, mais surtout permettant la fin de la Transition et le retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. Commentant ces résultats, Alain-Claude Bilie-By-Nze se demande s’«il faut féliciter une victoire arrachée dans des conditions aussi opaques et contestables».
Il se questionne encore sur le fait qu’en additionnant les résultats obtenus par les différents candidats à ce scrutin, on obtient un total de 95,18% au lieu de 100%. «Soit 4,82% de suffrages qui manqueraient au compteur, introduisant ainsi un doute légitime quant à la sincérité des chiffres avancés par le ministre de l’Intérieur», observe le candidat qui souligne par ailleurs que «ce gap, cette masse manquante de 4,82% suffit à discréditer cette élection dont les scores soviétiques trahissent la compétition ridicule entre soutiens zélés voulant absolument plaire au maitre».
L’équité s’est retrouvée malmenée par la disproportion des moyens entre candidats

Vue des journalistes et des personnalités participant à la déclaration de Bilie-By-Nze. © D.R.
Faisant cette observation, Bilie-By-Nze se demande encore «si le vainqueur désigné l’a vraiment remporté à la régulière». Il se questionne de même sur le score qui lui a été attribué et se demande s’il «est sincère» ou s’il relève «d’une stratégie visant à tenter de gêner toute possibilité de rebondir».
Il analyse également l’usage des moyens mis en œuvre notamment par celui qu’il qualifie de «candidat du CTRI-PDG». Ce qui lui fait dire que depuis son entrée en politique, il n’a jamais été témoin d’un «détournement de tous les moyens de l’État». Pour lui, «à tous les niveaux, les mécanismes du mensonge ont fonctionné comme une machine bien huilée : bourrage d’urnes, suppression des suffrages des concurrents, privation des marges de manœuvre pour mes équipes, omniprésence d’un candidat soutenu par l’État… jusqu’à épuisement de la parole démocratique».
En conséquence, estime-t-il, «ce que nous avons vécu le 12 avril n’était pas une élection libre. C’était la réplique à l’identique de la mascarade référendaire». Dénonçant le fait que «la ruse a prévalu sur l’intelligence et l’intérêt national», et ce depuis la rédaction de la charte de la Transition, en passant par le Dialogue national et le référendum, Alain-Claude Bilie-By-Nze salue le climat d’apaisement dans lequel cette élection s’est déroulée, «même si l’équité s’est retrouvée malmenée par la disproportion des moyens entre candidats entre un candidat menant campagne aux frais du contribuable et les autres devant se contenter de leurs ressources personnelles».
Les idées ne meurent pas, elles attendent leur heure
S’il s’est résolu de ne pas saisir la Cour constitutionnelle, dans la mesure où il estime que cette institution est administrée par le «frère» du président élu, l’ancien Premier ministre souligne qu’il ne travaillera non plus avec ce dernier. «Le choix de la continuité l’a emporté, du moins provisoirement, face à la rupture apaisée, lucide et ambitieuse que nous portions. Mais les idées ne meurent pas, elles attendent leur heure et cette heure viendra», a-t-il déclaré, s’engageant à rester debout non pas contre un homme, mais pour un idéal : «celui d’un Gabon réellement démocratique, équitable et solidaire, décentralisé et réconcilié avec lui-même».

4 Commentaires
Bonjour,
Dans cette élection, il faut féliciter tous.tes les gabonais.es pour leur maturité politique. La participation des gabonais.es à cette élection est un succès démocratique. Contrairement aux résultats du référendum (mitigés) sur l’adoption de la nouvelle constitution qui pouvaient laisser penser à un manque d’intérêt des gabonais.es pour la vie politique de leur pays en dépit des enjeux importants.
Il faut aussi féliciter tous.tes les candidat.e.s. Particulièrement Monsieur Alain-Claude Billie-by-Nzé qui s’est battu jusqu’au bout de cette élection. Ce n’est pas son score qui important; mais sa participation. Son offre politique n’était pas dans « l’air du temps ». Et quand le vin est tiré, il faut le boire. Commenter les résultats en faisant de l’arithmétique de CP1 ne sert à rien. J’aime bien à le dire « quand on est au fond du trou, et quand on veut remonter il faut arrêter de creuser ».
Une parole qui s’inscrit dans un récit historique fait date. Monsieur ACBBN déclarait ce qui suit: »On est (ré)élu parce que le peuple l’a voulu; il faut
accepter cela ». Et rajoutait : »Notre pays souffre de ce que celui qui perd n’accepte pas d’avoir perdu ».
Le fait de contester mécaniquement les chiffres de l’élection présidentielle est un aveu d’impuissance. En revanche, la décision de ne pas porter ces contestations auprès de la Cour constitutionnelle est une reconnaissance de sa défaite et de facto de la victoire de son principal adversaire politique.
C’est pourquoi je tiens à féliciter Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema pour sa victoire. Quand il déclarait que je n’ai pas d’adversaires politiques, c’est bien pour une raison: la question de l’emploi des jeunes n’est pas réglée, la
justice ne fonctionne pas, l’éducation nationale est un secteur en souffrance, l’accès à l’eau et à l’électricité est incertain, l’économie patit de la dette, la balance commerciale est déficitaire, etc… Ce sont en résumé les
« adversaires » du nouveau président du Gabon qu’il doit inscrire les futures politiques publiques. Il a sept (7) ans pour apporter des solutions justes dans une réflexion globale et agrégé.
Comme le disait Jean-Pierre Raffarin « la route est droite mais la pente est raide ».
Cordialement.
Osons espérer que le Messie va enfin résoudre les problèmes élémentaires du Moyen Âge dont souffrent 80 pour cent des gabonais
Mais les idées ne meurent pas, elles attendent leur heure et cette heure viendra».
Du courage ACBBN.
Félicitations au Pdt élu.
Mais pourquoi ces écarts de calculs arithmétiques honorables, Messieurs du Ministère de l’intérieur ?
Bjr. Quid des 4,82% mr le bosse de l’intérieur ? Amen.