Port-Gentil : Le collectif des commerçantes grossistes dénonce la dégradation de leurs marchandises par la CNNII
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Le collectif des commerçantes grossistes de Port-Gentil exprime sa colère. Le 17 février, ces femmes ont fait part à la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) de leur frustration face à la détérioration avancée de leur manioc, un produit transporté par cette société nationale.
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Le »Pitâ », manioc Nzé très connu à Lébamba dans un état de décomposition après plusieurs semaines de stockage par la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII). © D.R
Le collectif, composé de commerçantes grossistes spécialisées dans la vente de manioc, tubercules, bananes, arachides et bien d’autres produits, est en colère. Originaires de Lébamba, une ville du sud du Gabon, chef-lieu du département de Louetsi-Wano, dans la province de la Ngounié, elles dénoncent ce qu’elles considèrent comme une entrave au développement de l’entrepreneuriat féminin et à l’autonomisation des femmes gabonaises, causée par la CNNII. Le 17 février, elles ont exprimé leur indignation aux dirigeants de cette société nationale face à l’état de décomposition totale de leur Pitâ (manioc en langue Nzébi).
«Le manioc est resté plusieurs jours à Libreville et, après plus d’une semaine, il n’est arrivé que ce lundi 17 février. Je ne vois pas comment un client pourrait encore le consommer», déplore Isabelle Lomba, représentante du collectif des commerçantes de manioc.
Elles sont au total quarante commerçantes gabonaises, originaires de Lébamba, dont certaines ont des enfants à l’Université Omar Bongo et dans d’autres grandes écoles du pays ou à l’étranger. Ces femmes, qui peinent à joindre les deux bouts, dénoncent cinq années de maltraitance économique de la part de la CNNII, en raison des conditions dans lesquelles leur marchandise est régulièrement livrée.
«Depuis 2020, nous subissons des pertes considérables. Nous recevons des produits avariés à cause de l’irrégularité du transport assuré par la CNNII, qui ne nous informe jamais de rien. Leurs bateaux sont constamment en panne. Plusieurs de nos collègues sont mortes, faute de pouvoir s’acheter des médicaments», regrette Isabelle Lomba.
Un circuit de transport défaillant
Selon des sources fiables, les marchandises quittent Lébamba le lundi pour arriver à Libreville le lendemain. Elles sont ensuite chargées dans un bateau de la CNNII en soirée afin d’être acheminées à Port-Gentil le mercredi, soit un trajet de trois jours. Cependant, depuis plusieurs années, il faut désormais plus de deux semaines aux commerçantes pour récupérer leurs cargaisons. Exposées au soleil, au vent marin et à la pluie, les marchandises arrivent en mauvais état, ce qui fragilise leur activité et aggrave leur précarité économique.
Face à cette situation, ces femmes appellent à l’arbitrage des plus hautes autorités de la transition, espérant ainsi poursuivre leur activité entrepreneuriale et renforcer leur autonomie financière. «Depuis 2020, nous sommes partenaires avec la CNNII. Nous ne pouvons pas passer un mois sans subir des pertes à cause de cette société. Plus jamais ça ! Nous demandons l’aide des autorités», lance Brigitte Mahindza, une autre commerçante.
Une situation sociale dramatique
Malgré plusieurs recours, ces mères de famille, au bord du gouffre, n’ont obtenu aucune réponse favorable. Certaines ont perdu la vie faute de moyens pour se soigner, tandis que d’autres ont vu leurs enfants contraints d’abandonner leurs études, faute de ressources financières. «Depuis près de cinq ans, nous subissons cette situation. Nous avons refusé de rester inactives à la maison et avons choisi de nous battre. Ce n’est pas pour être traitées ainsi», s’indigne Isabelle Lomba.
Contactée, la direction provinciale de la CNNII n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier, qui cause pourtant un tort considérable à ces femmes courageuses.
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