Graves allégations de déversements polluants par la compagnie pétrolière Assala, dont les parts de Carlyle viennent littéralement d’être rachetées par Gabon Oil Company. Malgré une réputation jusqu’ici irréprochable, l’entreprise serait minée par une «culture toxique» privilégiant la production, au mépris des normes environnementales. Brève enquête autour d’un rapport accablant de la Direction générale de l’Environnement et de la Protection de la nature (DGEPN).

© D.R.

 

Alors que le rachat des parts de Carlyle dans le groupe pétrolier Assala par Gabon Oil Company est en passe d’être finalisé, de graves allégations pèsent à nouveau sur les pratiques environnementales de cette société. Selon les informations de GabonReview, le ministère des Eaux et Forêts, chargé de la préservation de l’environnement, est en passe de mettre en demeure Assala. Ce, pour la seconde fois en moins d’un an, en raison de déversements illégaux de substances polluantes sur l’un de ses sites de production.

GabonReview a pu se procurer un rapport accablant de la Direction Générale de l’Environnement et de la Protection de la Nature (DGEPN), daté du 12 octobre 2023 et étayé de preuves photographiques. On y découvre notamment des images saisissantes de camions déversant des liquides polluants en pleine forêt, en violation flagrante des normes environnementales en vigueur.

Bien qu’une enquête ait été ouverte l’année dernière à la suite d’une première mise en demeure, un récent audit environnemental mené par la DGEPN dans le cadre du rachat d’Assala révèle que ces pratiques perdurent depuis lors, donc depuis l’année dernière.

Face à ces révélations, une question se pose : s’agit-il d’un problème systémique au sein de cette compagnie réputé vertueuse et n’ayant connu aucun scandale de ce type depuis la reprise des actifs de Shell en 2017 ? Sinon, ces agissements seraient-ils imputables à quelques individus agissant de leur propre chef et pour des raisons jusqu’ici inconnues ?

Selon des sources internes interrogées sous couvert d’anonymat, un décalage flagrant existerait entre la direction d’Assala, affichant officiellement son attachement au respect des normes environnementales, et un groupe minoritaire au sein des opérations qui s’affranchirait de toute considération éthique. «Certains individus, notamment issus de Perenco [dont le bilan environnemental a été régulièrement dénoncé par les activistes au Gabon], adoptent une approche agressive et privilégient la production à tout prix, menaçant ceux qui osent dénoncer ces comportement», confie une source digne de foi.

Il apparaît que le départ de Jérôme Garcia, ancien directeur opérationnel d’Assala ayant fait une grande partie de sa carrière chez Perenco, n’a pas suffi à éliminer cette «culture toxique» au sein des opérations. Selon la même source, son remplaçant, un certain monsieur Guillaume Vandystadt, aurait continué d’appliquer les mêmes méthodes, comme si de rien n’était, mentant et masquant la réalité de ses agissements. Coutumier de comportements aux relents xénophobes, il aurait exercé par le passé de fortes pressions sur les membres de son équipe lorsqu’il était basé au Gabon afin d’imposer l’omerta.

L’affaire met en tout cas en lumière l’impérieuse nécessité d’un cadre réglementaire plus strict et d’un contrôle accru des activités des multinationales, en particulier dans les régions vulnérables comme le Gabon. L’enjeu est de concilier le développement économique avec la préservation des richesses naturelles pour les générations futures. Jusqu’ici, Assala avait fait preuve d’un engagement sincère en la matière, réhabilitant des zones polluées héritées de Shell. L’enquête devra déterminer si cette réputation était usurpée ou non.

En attendant, l’espoir demeure que Carlyle et la direction d’Assala agiront avec fermeté pour mettre un terme aux agissements de cette minorité agissante qui bafoue les règles que l’entreprise s’est elle-même fixées.

DROIT DE RÉPONSE :

Suite à la publication de cet article, Assala a apporté à GabonReview les précisions suivantes :

« Assala travaille de manière proactive et transparente en coopération avec la DGEPN et d’autres autorités étatiques pour enquêter sur les découvertes de son dernier rapport. Nous nous engageons à respecter les meilleures pratiques internationales, comme en témoignent nos audits réguliers selon les normes ISO 14001 et IFC, et à garantir que ces normes soient rigoureusement respectées au sein de l’organisation.

Nous restons fermement engagés dans la promotion de l’inclusivité et de l’égalité sur le lieu de travail et avons une politique de tolérance zéro contre toute forme de discrimination ou comportement contraire aux valeurs que nous avons cultivées et protégées pendant de nombreuses années. Nous sommes concentrés sur notre rôle d’employeur et d’opérateur responsable et sur notre contribution à l’avenir énergétique durable du Gabon et à ses communautés locales. »

 

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Le Package dit :

    Bonjour la rédaction de GR,
    Voila un article à charge contre une entreprise sans montrer beaucoup d’élément de preuves. Vous citez un rapport de la DGEPN, sans pour autant montrer le contenu dudit rapport concernant ces « deversement de liquides polluants dans la nature ». De quel type de liquide s’agit-il?
    Je note que vous etes allés jusqu’à citer, nommémant, deux responsable de cette société. Par contre quand il s’agissait de l’un des accidents les plus graves de l’histoire industrielle de notre pays, avec des pertes en vie humaine et de la pollution en mer, vous ne faisiez pas preuve du meme zèle.
    Vous vous etes juste contentés de publier un communiquer de l’entreprise mise en cause. Comment expliquer une telle différence de traitement?
    Un raccourci serait de croire que l’une d’elle utilise assez souvent votre site pour de la publicité donc serait un client qu’il ne fait pas bon de fâcher. Mais il ne s’agit là que d’un raccourci sans fondement…

    • La Rédaction dit :

      Écrivez-nous par e-mail, avec un engagement à ne pas partager le document, et nous vous enverrons le rapport de la DGEPN. Nous n’appartenons pas à cette catégorie de médias faisant du recel de documents administratifs.
      Pour ce qui est de l’accident dont dont vous parlez, notez que les médias ne sont pas des médiums ou des voyants. Nous ne pouvons donc pas relayer des choses dont nous n’avons pas le moindre indice verifié. Nous n’avons pas l’expertise ni les gens sur place pour attester et soutenir ce qui circulait dans les réseaux sociaux. Permettez-nous de ne faire que notre métier. Nous ne sommes ni le B2, ni la DGR encore moins la CIA ou le Mossad.
      Assala aurait pu porter plainte ou démentir formellement nos allégations.
      Merci de continuer à nous suivre.

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