Politique intra-PDG : les tribulations de René Ndemezo’o Obiang à Bitam
Fait politique inédit à Bitam voire au Gabon : une pétition lancée le mois dernier dans le Septentrion a recueilli près de 900 signatures. Objectif de la manœuvre pour les signataires : informer le Distingué camarade (DCP) du parti au pouvoir, donc Ali Bongo, de leur rejet du leadership de Ndemezo’o Obiang dans la section du Parti démocratique gabonais (PDG) de la commune de Bitam.
À Bitam dans la province du Woleu-Ntem, les tribulations politiques de René Ndemezo’o sont loin de connaitre leur crépuscule. Après les flèches furtives de son ancien compère Patrick Eyogo Edzang, voilà qu’une pétition lancée début février dernier contre lui, a réuni près de 900 signatures. Ce qui n’est pas rien dans une circonscription électorale (le 1er siège du département du Ntem – Bitam) ayant enregistré près de 4400 votants, toutes sensibilités politiques confondues, lors des dernières grandes législatives (2018).
À visages découverts
Presque frontal, dans un carnet relié de format A4 comportant plusieurs dizaines de pages que Gabonreview a pu consulter, tous les signataires déclinent leurs patronymes et prénoms, le comité du Parti démocratique gabonais (PDG) auquel ils appartiennent, leur circonscription électorale, et ils émargent de leurs signatures donnant de surcroit leurs vrais numéros de téléphone.
À en croire les signataires de la pétition, les militants et sympathisants du PDG dans la commune de Bitam n’accordent plus leur confiance à l’ex-Premier secrétaire du parti Démocratie nouvelle (DN). « Informons respectueusement le DCP que nous rejetons toute forme de leadership de l’ex-Premier secrétaire du parti « Démocratie nouvelle » au sein du PDG dans la commune de Bitam. Alertons le DCP sur le risque d’une fracturation locale du parti au cas où un tel leadership s’imposerait à nous », renseigne la pétition, établie le 9 février 2023 à Bitam.
Petit rappel : l’abréviation DCP renvoi à «Distingué camarade président», ainsi que les PDGistes nomment le leader de leur formation politique, Ali Bongo. Autre rappel, après une villégiature dans l’opposition, notamment aux côtés de Jean Ping, René Ndemezo’o Obiang est revenu au PDG avec armes et bagages, la fusion-absorption entre Démocratie nouvelle (DN, son parti de l’opposition) et le Parti démocratique gabonais (PDG, pouvoir) ayant été finalisée en mai 2021 à Libreville. L’homme de Bitam est donc un PDGiste, de même que tous ses anciens militants revenus avec lui au sein de l’ex-parti unique.
Les 900 signataires de la pétition prient donc le DCP de faire rappeler à l’ex-Premier secrétaire de DN les dispositions des statuts et règlement intérieur du PDG, de lui faire faire un rappel à l’ordre pour que cessent les agissements délétères qui seraient de nature à affaiblir le PDG, de même ils souhaitent que l’ex-leader de DN s’intègre réellement dans sa dynamique nouvelle. « Appelons plutôt le DCP à promouvoir les cadres militants du parti pétris d’expérience et les cadres assis à la maison depuis trop longtemps dans la commune de Bitam qui ne demandent qu’à s’investir au succès de la politique du DCP et du renforcement du parti et de sa base militante », souligne la pétition.
Trafic d’influence, culte de la personnalité, roublardise, etc.
Les pétitionnaires reprochent à l’ex-Premier secrétaire de DN, son comportement, entre autres, au sein du parti où il a fait son come-back. « Au lieu de s’intégrer et de travailler normalement comme un militant au sein des structures de base, il s’illustre plutôt par le trafic d’influence, le culte de la personnalité, les règlements de compte, la roublardise pour s’attacher ces structures grâce aux positions acquises à travers le DCP », apprend-on dans la requête collective. Ses signataires considérent qu’en cette période cruciale d’approche de l’élection présidentielle, Ali Bongo voudrait et devrait compter sur sa base électorale traditionnelle et tous ses alliés anciens et nouveaux. Mais, « la mise en avant en particulier de l’ex- Premier secrétaire du parti « Démocratie nouvelle » créé des divisions qui font courir des risques suicidaires au Parti dans la commune de Bitam », précise la pétition.
L’engagement des militants de l’ex-DN et de ses dirigeants provoquerait incompréhension, démotivation, démobilisation des militants et velléités de démission de beaucoup de camarades dont les signataires de ladite pétition, désabusés, assurent-ils, devant les coups portés en toute impunité au parti dans la commune de Bitam par des personnes qui sont censées l’avoir rejoint après avoir tout eu.
Adversité
Difficile de savoir qui serait à la manœuvre ou à l’initiative de cette pétition. Si certains pensent à Patrick Eyogo Edzang, ancien cadre de DN en bisbille avec Ndemezo’o Obiang, d’autres soutiennent que l’actuel ministre d’État à la Consommation et à la Lutte contre la Vie chère, 75 ans, compte bien d’autres adversaires politiques dans le département du Ntem, plus précisément à Bitam.
Pour rappel, dans le contexte des dernières sénatoriales, Emmanuel Ondo Methogo, ancien ministre d’Omar Bongo et hiérarque du PDG dans le Ntem, demandait à René Ndemezo’Obiang de tourner le dos aux pratiques de chantage dont il est coutumier depuis le début de sa carrière politique. «Toute une vie politique ne saurait être synonyme de chantage. Ce qu’il fait aujourd’hui, après une longue traversée de plus de 30 ans n’a aucun sens. Il faut qu’il change de paradigme. On ne fait pas la politique avec la violence (…) Il n’est plus nécessaire de continuer cette guerre au regard de nos âges», laissait entendre Ondo Methogo dans une interview au quotidien L’Union en février 2021.
Il est à parier que Ndemezo’Obiang ne va rester les bras en croix et laisser sa notoriété s’étioler dans le septentrion en cette période cruciale d’échéance électorale. Chaud devant !
1 Commentaire
Pourquoi les cadres sont assis à la maison depuis trop longtemps dans la commune de Bitam? Trop paresseux. Le service publique qui emploie 4% des travailleurs au Gabon est saturé et grève le budget de l’état, alors que même les pays riches sont en dessous de 1%. S’ils veulent réellement servir le Gabon et ses populations, ils doivent chercher a aider le distinguée camarade avec des initiatives privées et non les nominations politiques pléthoriques. Quand est-ce que les Bongo arrêteront de se servir des postes du service publique comme moyen de corruption et d’achat de conscience? Militants sans idéologie a part l’argent, militants opportunistes. On est au pdg pour les postes et non pour le Gabon.