Face aux nombreuses plaintes et dénonciations contre les officiers de police judiciaire (OPJ), le procureur général près la cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, a réuni ces derniers, le 26 mars 2025, pour leur rappeler leurs obligations légales. Assisté des membres du parquet de la République et du parquet général, il a mis l’accent sur le respect des procédures, la dignité des personnes en garde à vue et l’indépendance de l’action judiciaire.

Le procureur général près la cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, a réuni les officiers de police judiciaire, le 26 mars 2025 pour un rappel à l’ordre sur le respect des procédures et des droits des justiciables. © GabonReview

 

Le procureur général près la cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, a réuni les officiers de police judiciaire, le 26 mars 2025 pour un rappel à l’ordre sur le respect des procédures et des droits des justiciables. Cette rencontre, qui a également permis des échanges entre les deux parties, a été l’occasion d’un partage d’expériences à travers l’étude de cas pratiques discutés séance tenante, afin d’améliorer les pratiques professionnelles des OPJ.

Dans son allocution, le procureur général a d’abord tenu à clarifier la distinction entre la police administrative, axée sur la prévention, et la police judiciaire, chargée de la répression et des enquêtes. « La préservation de la paix civile et de la sécurité publique suppose deux sortes d’actions : la prévention, qui relève de la police administrative, et l’action judiciaire, qui vous incombe », a-t-il expliqué aux OPJ.

Il a rappelé que ces derniers ont pour mission principale de constater les infractions, rassembler les preuves et identifier les auteurs pour les traduire en justice. Toutefois, il a insisté sur la nécessité de se conformer aux textes en vigueur, bien que certains d’entre eux soient obsolètes.

Des plaintes croissantes contre les OPJ pour abus de pouvoir

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Le procureur général a ensuite abordé un point sensible : les nombreuses plaintes et dénonciations visant les OPJ. Il a notamment souligné les abus en matière de garde à vue, où certains individus sont détenus au-delà des délais légaux sans information préalable du procureur de la République.

« Dès qu’une personne est privée de liberté, le procureur de la République doit impérativement en être informé », a-t-il martelé. Il a rappelé que la garde à vue ne peut excéder 48 heures, sauf prolongation dûment justifiée. Il a également dénoncé les conditions de détention inhumaines et l’absence de respect des droits fondamentaux, comme l’accès à un avocat ou l’information des proches.

Par ailleurs, il a mis en garde contre l’arbitraire, en soulignant que « la garde à vue est une mesure policière, mais sous surveillance judiciaire ». À ce titre, il a insisté sur l’interdiction de placer en détention des individus pour des affaires civiles, comme les conflits locatifs ou les dettes privées.

Vers une plus grande responsabilité des OPJ

Face aux dérives constatées, Eddy Minang a rappelé que les OPJ ne doivent obéir qu’aux instructions du parquet et ne peuvent recevoir d’ordres d’autorités non judiciaires. « Le procureur de la République est le seul destinataire des rapports d’enquête », a-t-il affirmé.

Il a également insisté sur la responsabilité des OPJ dans la gestion des biens personnels des personnes en garde à vue. Toute disparition d’objets pourrait être assimilée à un vol, exposant ainsi les auteurs à des poursuites.

Au terme de sa communication, le procureur général a réaffirmé la nécessité d’une justice rigoureuse, respectueuse des droits de chaque citoyen et affranchie de toute influence extérieure. Il a exhorté les OPJ à agir avec intégrité, en rappelant que leur mission première est de garantir l’équité et la transparence dans l’application du droit. «Tout s’est très bien passé, les échanges ont été enrichissants et fructueux parce que les OPJ également avaient un certain nombre de reproches envers l’institution judiciaire et tout cela s’est passé dans une très bonne ambiance», a conclu Eddy Minang.

 
GR
 

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