Alors qu’il était engagé depuis quelques mois dans une campagne de sensibilisation des populations et d’installation des sections au Gabon et à l’étranger, le secrétaire exécutif du Parti pour le Changement (PLC) a annoncé jeudi sa démission. Une décision qu’il dit «irrévocable» motivée par de profondes divergences au sein du groupe, particulièrement avec un des vice-présidents de la formation politique qu’il accuse de poursuivre des ambitions personnelles plutôt que les intérêts du parti.

Anges Kevin Nzigou, alors secrétaire exécutif du PLC, face à la presse, le 22 août 2023 à Libreville. © GabonReview

 

C’est la crise au PLC. À quelques jours de la tenue à Libreville de son congrès extraordinaire, son secrétaire exécutif a annoncé jeudi 13 mars sa démission. Cette décision qu’il dit «irrévocable» ferait suite à de vives divergences avec un des vice-présidents du parti, en l’occurrence Nicolas Nguema dont il ne partagerait plus les mêmes valeurs. Des divergences qui, selon lui, se sont davantage révélées lors de leur audience mercredi avec le président de la transition. «Là où certains voient l’engagement politique comme un espace de service et de conviction, d’autres y voient un tremplin pour leur propre ascension. Je refuse d’être complice de cette dérive et de cette dénaturation totale de notre combat», écrit Anges Kevin Nzigou.

Dans sa lettre adressée au secrétaire général, le secrétaire exécutif démissionnaire souligne son engagement sincère et désintéressé envers le parti depuis sa création, mentionnant que, lui, n’a jamais cherché de bénéfice personnel. A contrario, Nicolas Nguema, qui a toujours tenu à faire savoir qu’il a pris de ses fonds propres (15 millions de FCFA) pour la légalisation du PLC, semble ne pas l’avoir fait pour le bien commun. «Il est désormais évident que cette somme a été déboursée non pas pour l’intérêt du parti, mais pour des ambitions strictement personnelles. Nicolas Nguema n’a agi que dans le but de se mettre en avant aux yeux du président de la transition, espérant ainsi obtenir des faveurs», accuse-t-il.

Création d’un nouveau mouvement politique

L’ex-membre du groupe Appel à agir annonce par ailleurs son intention de créer «un nouveau mouvement politique fondé sur l’intégrité, la loyauté et le respect des principes, afin de montrer que la politique ne saurait être un marché d’intérêts personnels». Aussi, invite-t-il ceux qui partagent sa vision à l’y rejoindre. Une invite faite visiblement à d’autres cadres du parti, à l’instar d’Elza-Ritchuelle Boukandou, une proche de longue date. La députée de la transition dont on connaît le franc-parler et l’intransigeance sur certaines valeurs va-t-elle accepter de le suivre dans cette nouvelle aventure ? Tout reste à voir.

En attendant les réactions des uns et des autres, le secrétaire exécutif démissionnaire du PLC fait valoir : «Je ne suis pas un homme qui existe à travers une structure. Au contraire, c’est moi qui donne vie aux structures.»

Dans le cadre de la présidentielle d’avril prochain, Anges Kevin Nzigou, soutien du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema, a récemment été porté à la tête de la coordination du tout nouveau Mouvement des bâtisseurs (MDB), la plateforme créée par le président de la transition. Le mouvement dont il annonce la création devrait être lancé la semaine prochaine. L’avocat et homme politique ne devrait pas en être le principal responsable.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    C’est triste ! Pourquoi ne pas avoir attendu la fin des élections ? Quel est le véritable objectif d’une telle décision à quelques semaines du scrutin ? Avec la récente nomination d’Ange Kevin en tant que coordonnateur du mouvement d’Oligui, on peut légitimement se demander lequel des deux cherche réellement à tirer profit de sa proximité avec le président de la transition.

    Je vous percevais, Nicolas, Elza et toi, comme des jeunes plus réalistes qu’idéalistes, porteurs de valeurs profondes et sincères. J’avais foi en la solidité de votre groupe. Mais en même temps, quinze millions, ce n’est pas une somme que l’on trouve à chaque coin de rue. Il serait naïf de croire que la création d’un parti se fait uniquement pour défendre des valeurs, sans ambitions personnelles.

    Personnellement, je ne m’attends pas à des hommes politiques parfaits. Face à l’épreuve du combat, il arrive parfois de fléchir ou de tomber. Pierre Mamboundou lui-même n’a-t-il pas, à un moment, envisagé de gouverner avec Ali Bongo ? Mais pas à n’importe quel prix. Beaucoup ont perçu ces négociations comme une trahison, mais ce n’était pas mon cas, car la réalité politique peut parfois contraindre à des compromis. L’essentiel est de ne pas céder à des arrangements indignes qui trahiraient l’essence même de vos valeurs et de votre engagement, comme ce fut le cas avec Iwangu.

    Les discussions entre Mamboundou et Bongo n’ont jamais abouti parce qu’il n’était pas prêt à accepter n’importe quoi. On ne vous demande pas d’être parfaits ni de ne vous entourer que de personnes irréprochables, mais simplement de rester fidèles aux fondements de votre engagement. Cela implique aussi la capacité de prendre vos distances avec Oligui si, demain, ses choix et ses actes ne vous permettent plus de travailler avec lui tout en restant alignés avec vos idéaux.

    D’ailleurs, le PLC ne revendique pas être un parti politique fondé sur la démocratie. Alors pourquoi Ange et Nicolas devraient-ils être plus importants que les autres ? Il est tout à fait possible de trancher démocratiquement entre les deux orientations et de s’y conformer collectivement. Nous en avons assez de ce cirque où, à chaque fois, l’impression qui se dégage est que tous les politiciens de ce pays sont incapables de privilégier la cohésion plutôt que leur ego personnel.

  2. Gayo dit :

    La raison est hellène et l’émotion negre. Est-ce pourquoi les africains se séparent toujours sur un coup de tête émotionnel et l’ego au lieu de privilégier la compromis qui permet de rester ensemble et toujours forts. On cède facilement au diviser pour mieux régner avec des prétextes légers.

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