PISE : Direct Services et Tech ingénierie ouvrent la voie à l’expertise nationale

À Port-Gentil, le groupement Direct Services-Tech ingénierie démontre qu’un consortium gabonais peut relever les défis des grands projets d’infrastructure. Sur le site de l’ancienne Halte-garderie du quartier Masuku, ces entreprises locales construisent un complexe scolaire moderne de 119 employés, dont 102 Gabonais. Une première dans le Programme d’investissements dans le secteur de l’éducation, jusqu’ici dominé par les entreprises étrangères.

Quand l’expertise gabonaise défie les standards internationaux terrain sur le terrain sablonneux de l’île Mandji. © D.R.

Dans le cadre du Programme d’investissements dans le secteur de l’éducation (PISE), un ambitieux projet de construction scolaire prend forme dans le quartier Masuku de Port-Gentil. Le groupement Direct Services et Tech ingénierie, unique consortium gabonais parmi les cinq attributaires du programme dans la ville, démontre la capacité des entreprises locales à gérer des projets d’envergure.

Un projet structurant une vision globale pour l’éducation

L’AFD sur le chantier du groupement Direct Services et Tech ingénierie : des défis techniques et logistiques considérables. © D.R.

Le 3 février 2025, lors d’une visite de supervision de l’Agence française de développement (AFD), le site de l’ancienne Halte-garderie bourdonnait d’activité. Initié sous le précédent régime et repris avec dynamisme, ce chantier d’envergure vise à créer un complexe éducatif moderne intégrant écoles primaire et secondaire, logements pour enseignants, laboratoire scientifique en R+1, salles de classe en R+2, installations sanitaires modernes, équipements sportifs et restauration scolaire.

Lucien Stevy Mavioga, directeur général de Direct Services, et Christian Nadjimbaye, directeur général de Tech Ingénierie, portent la responsabilité de ce projet emblématique. «Cette opportunité nous permet de démontrer que l’expertise gabonaise peut mener à bien des projets majeurs», ont-ils affirmé d’une même voix à nos confères du journal La Loupe.

Le chantier fait face à des contraintes particulières qui témoignent de la complexité du projet. Le terrain sablonneux de l’île Mandji nécessite des solutions techniques innovantes, notamment l’utilisation d’un système de rabat-nappe pour assécher le sol avant les travaux de fondation. Paradoxalement, dans cette ville construite sur le sable, les normes strictes de l’AFD imposent l’importation de matériaux spécifiques depuis la province de l’Estuaire. Sable de Makora, gravier, ferraille et contreplaqués doivent être acheminés par barge, générant des surcoûts logistiques significatifs non prévus initialement dans la convention de financement.

Une dynamique de collaboration nationale 

«Seul on ne peut pas, mais en groupe, on peut atteindre les objectifs», a souligné le directeur général de Direct Services, appelant à une plus grande solidarité entre entrepreneurs gabonais. Cette collaboration exemplaire contraste avec la tendance des entreprises locales à concourir individuellement pour des marchés de PME, laissant souvent les projets majeurs aux sociétés étrangères.

Le chantier mobilise 119 employés, dont 102 Gabonais, majoritairement recrutés localement conformément aux directives des autorités. Une attention particulière est portée aux normes QHSE, avec des mesures de sécurité strictes incluant le port obligatoire d’équipements de protection sur le site.

Malgré les défis météorologiques de la saison des pluies, le consortium maintient son objectif de livraison dans un délai de 12 à 18 mois, visant une ouverture pour la rentrée scolaire 2025-2026. Louis Jault, chargé de projet infrastructure à l’AFD, a d’ailleurs salué les progrès réalisés : «Le travail accompli dans ces conditions difficiles est remarquable».

Ce projet représente plus qu’une simple construction scolaire ; il incarne la capacité des entreprises gabonaises à se hisser au niveau des standards internationaux tout en contribuant au développement de leur pays.