Perspectives économiques : L’Afrique subsaharienne face à la «pénurie de financement»
130 millions d’Africains ne sont pas sûrs de pouvoir faire face à leurs besoins alimentaires dans les mois à venir. Dans le même temps, la croissance en Afrique subsaharienne va baisser pour s’établir à 3,6 % cette année, tout comme le Gabon n’aura pas une situation différente par rapport à ces autres pays. Le Représentant résident du Fonds monétaire internationale (FMI) au Gabon, Gomez Agou, l’a fait savoir, le 11 juillet dernier, lors de la présentation du rapport portant sur les perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne, intitulé «pénurie de financement».
Livré en avril dernier, le rapport du Fonds monétaire internationale (FMI) portant sur les perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne, intitulé «pénurie de financement», a été présenté le 11 juillet dernier à Libreville. Le Représentant résident de cette institution financière au Gabon, Gomez Agou, a fait un focus sur les grands axes de ce texte, faisant noter à l’endroit des pays concernés que «le temps où les prêts étaient abondants et à bon marché est passé». Pour lui, pour financer leurs besoins de développement, faire face aux besoins des populations, lutter contre le changement climatique, ces pays doivent recommencer à s’appuyer sur leurs propres capacités à mobiliser l’impôt au niveau interne.
L’activité dans la région devrait ralentir pour la deuxième année consécutive, dans un contexte d’essoufflement de l’activité économique au niveau mondial. Selon ce rapport, la persistance de l’inflation mondiale et le resserrement des politiques monétaires ont entraîné une hausse des coûts d’emprunt pour les pays d’Afrique subsaharienne et exercé une pression accrue sur les taux de change. De fait, aucun pays n’a été en mesure d’émettre une euro-obligation depuis le printemps 2022.
Le FMI fait encore savoir que «la charge des intérêts de la dette publique augmente, parce que les pays de la région se tournent de plus en plus vers les marchés financiers, où les coûts d’emprunt sont élevés, et parce que les budgets d’aide au développement ne cessent de baisser». Dès lors, cela entraîne manque de financement affectant une région déjà aux prises avec de profonds déséquilibres macroéconomiques.
«Renforcer les capacités à mobiliser l’impôt, dépenser sur des besoins essentiels»
On note que la dette publique et l’inflation sont à des niveaux plus atteints depuis des décennies ; la moitié des pays de la région sont en proie à une inflation supérieure à 10 %, qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et frappe de plein fouet les plus fragiles. À ce niveau, la reprise économique se poursuit, mais au ralenti.
Dans ce contexte, Gomez Agou souligne qu’«aujourd’hui, il y a une rareté de possibilité d’emprunter pour les pays africains». «Non seulement ces prêts sont devenus rares, mais ils coûtent aussi très cher», a-t-il précisé, faisant noter qu’«à partir de cela, cette situation aura un certain nombre de conséquences à court et à moyen terme». Sur le court terme, c’est la question de la sécurité alimentaire pour nos populations. «130 millions d’Africains vivent dans des situations où elles ne sont pas sûres de pouvoir faire face à leurs besoins alimentaires et sur le moyen terme, ce sont les questions de croissance, d’endettement et de lutte contre le changement climatique qui se feront ressentir», a expliqué le Représentant du FMI.
Aux pays subsahariens, il rappelle que le temps où les prêts étaient abondants et à bon marché est passé. «Il faut aujourd’hui que les pays africains, pour pouvoir financer leurs besoins de développement, faire face aux besoins des populations, lutter contre le changement climatique, recommencent à s’appuyer sur leurs propres capacités à mobiliser l’impôt au niveau interne et puissent faire attention aux types de dépenses», a-t-il suggéré.
De même, le représentant de cette institution financière invite les pays africains à orienter leurs ressources vers des dépenses utiles et productives.
Pour le Gabon, la situation n’est pas très différente de celle de la plupart des pays africains en Afrique subsaharienne. «C’est-à-dire que le Gabon comme la plupart des pays aura à faire face à cette crise des financements au niveau mondial et aura besoin de renforcer ses capacités à mobiliser l’impôt en interne, dépenser sur des besoins essentiels et à investir davantage sur les populations et l’investissement public», a prévenu Gomez Agou.
1 Commentaire
Bonjour,
L’inflation galopante réduit inexorablement le pouvoir d’achat des ménages gabonais. Près de 35% des gabonais vit sous le seuil de pauvreté (moins de 3300Fcfa par jour). Le coût élevé de la vie ces derniers mois a fait son lot de nouveaux pauvres.
Financer l’économie par l’impôt sur le revenu est possible. Mais illusoire. La contribution des plus riches est donc à inciter. C’est-à-dire 5% de la population gabonaise.
La question est de savoir si ces riches vont souscrire à ces réformes fiscales? Je ne pense pas que le PDG inscrira dans son programme électoral la création d’un impôt pour des revenus d’une certaine tranche. Encore faut-il une déclaration complète de ces revenus pour que les mécanismes de prélèvement fonctionnent.
Dans les pays du nord, c’est l’impôt (politique fiscale) qui finance les politiques publiques. Or dans les pays d’Afrique, la part de l’impôt sur les recettes de l’Etat est faible (moins de 10%). Il n’y a véritablement aucune volonté politique d’asseoir un impôt pour financer les besoins des populations.
L’impôt est une question de justice sociale. Il s’agit de « prendre aux riches pour donner aux plus démunis ». Dans notre culture gabonaise, on prendre de sa poche pour donner aux personnes vulnérables comme si elles étaient des mendiants. L’Etat doit jouer son rôle protecteur. L’individu ne doit pas remplacer l’Etat.
Sachez bien que deux choses sont sures et certaines : les impôts et la mort!
Cordialement.