Pêche à la senne autour de Port-Gentil : le blues des pêcheurs locaux
Interdite au Gabon par un décret, la pêche traditionnelle à la senne était au centre d’une rencontre entre les artisans pêcheurs de Port-Gentil et l’administration politique et maritime de l’Ogooué-Maritime. Alors que les bateaux de l’Union européenne usent de cette technique dans les eaux territoriales du Gabon, la loi bloque la débrouille des locaux, dans une ville fortement impactée par la crise économique. Compte-rendu de réunion.
Pratiquant la pêche à la senne, une frange de la communauté de pêcheurs de Port-Gentil a sollicité, du gouverneur de l’Ogooué-Maritime, la reprise de cette activité. Celle-ci consiste à capturer des bancs de poisson en les encerclant à l’aide d’un filet de pêche appelé senne. Pour donner suite à la demande, le directeur provincial des Pêches et le Conservateur ont organisé, le 26 janvier dernier, une rencontre au gouvernorat de la capitale économique.
Présidée par Madame Erelie Ropona Mbina, secrétaire générale de province en remplacement du gouverneur empêché, la réunion a enregistré la présence des représentants de la communauté des pêcheurs, et bien entendu le conservateur, Carl-Stecy Ditougou, ainsi que le directeur provincial des Pêches, Ange Marie Ngoubou Ngoubou. Il était notamment question du recensement des pêcheurs, de l’identification des propriétaires de pirogues et des personnels embarqués, mais surtout d’évaluer le nombre de pratiquants de la pêche à la senne ainsi que les lieux propices à cette pêche à la périphérie de Port-Gentil.
« Je vous interpelle sur la nécessité de vous organiser en coopérative, en association ou en mutuelle. Commencez par faire cette petite introspection. C’est vous qui nous donneriez la force de recadrer les autres. Au moins on pourra brandir les documents et dire que vous avez respectés ce que dit la loi. Tous les contrevenants seront sanctionnés », a prévenu secrétaire générale de province.
La séance de travail faisait suite à une plainte adressée à l’autorité provinciale par le représentant des pêcheurs, Samuel Raouto. Celui-ci dénonçait le fait que leurs collègues du Cap Lopez exerceraient la pêche à la senne alors qu’elle est interdite aux pêcheurs de Port-Gentil. Le plaignant espérait ainsi une action des autorités pouvant mener à l’assainissement de ce type de pêche artisanale autour de la ‘’ville du sable’’, déjà impactée par la crise économique. « Ce n’est un secret pour personne que nous rencontrons des difficultés. Ce sont des outils que nous utilisons depuis notre enfance. Le chômage frappant la ville, certains peuvent se reconvertir dans cette activité pour lutter et subsister. Tout le monde regarde maintenant vers la même direction, nous pensons qu’il y aura des résolutions. Et je ferai mon travail de mon côté », a indiqué, le représentant des pêcheurs.
L’autorisation de cette technique de pêche traditionnelle est entravée le décret nº 579. Ce texte de loi interdit strictement la pêche à la senne en République gabonaise. « C’est face à cette difficulté qu’il nous a été proposé de trouver des pistes de solutions afin qu’il y ait une paix sociale dans ce secteur qui connait beaucoup de maux et de changements », explique Ange Marie Ngobou Ngobou, le directeur provincial des Pêches. La balle est en tout cas dans le camp de l’administration maritime, le décret pouvant toujours être réaménagé ou abrogé même si la procédure idoine ne le permet pas en un claquement des doigts. Pourtant, la pêche thonière dans les eaux territoriales du Gabon, par les bateaux de l’Union européenne, se fait à la senne avec des filets beaucoup plus grands que ceux des pêcheurs artisanaux.
1 Commentaire
Ce sujet est d’une extrême gravité mais visiblement c’est pas assez glamour pour que chaque gabonais s’en préoccupe!
On nous dépossède de nos ressources avec notre propre complicité!
C’est scandaleux d’appartenir à un peuple si amorphe alors qu’il s’agit de la pérennité de notre qui est remise en question au nom de la protection environnementale que les blancs d’Europe remettent en question dans les mêmes eaux gabonaises avec leurs énormes bateaux!
Franchement les noirs m’énervent à un point…