Bataille de procédures et soupçons de manœuvres frauduleuses agitent le Parti démocratique gabonais, vieille formation historique du Gabon déchue du pouvoir fin-août 2023. Alors que, suite à une saisine, la Cour constitutionnelle doit déterminer la légitimité des nouvelles instances dirigeantes, de graves accusations de falsification de documents officiels apparaissent. Une affaire explosive qui ébranle les fondations de l’ex-formation politique au pouvoir.

Luc Oyoubi livrant la composition du nouvel organigramme du PDG, le 7 mars 2024. © D.R.

 

La crise au sein du Parti démocratique gabonais (PDG) prend un tournant inattendu avec de lourdes accusations de falsification de documents officiels. En effet, alors que la Cour constitutionnelle doit trancher sur la légitimité des nouvelles instances dirigeantes, un soupçon de faux pèse désormais sur la procédure.

Pour rappel, le 7 mars dernier, un groupe de cadres influents annonçait la mise en place d’un bureau exécutif provisoire présidé par Paul Biyoghe Mba. Alors que l’opinion et surtout les militants de ce parti se demandaient qui les avait désignés et sur quelle base, dans la foulée, certains autres cadres comme Francis Nkéa requéraient l’annulation pure et simple des conclusions de cette réunion. Ce dernier saisissant la Cour constitutionnelle par la suite.

Article 32 des statuts

Se positionnant comme le principal rédacteur des statuts du PDG depuis 20 ans, Francis Nkéa, par ailleurs avocat au barreau du Gabon, évoquait une décision contraire aux textes de ce parti. Particulièrement l’article 32 des statuts qui impose que «seul le Congrès peut procéder à la modification par élection des membres du Secrétariat exécutif». En clair, secrétaire général par intérim conformément auxdits statuts, Luc Oyoumi devait donc organiser le congrès qui aurait pu aboutir à la réorganisation voire la refondation de l’ex-parti au pouvoir.

Les deux parties ont été auditionnées. Notamment, Francis Nkéa et Angélique Ngoma, nommée secrétaire générale par la décision querellée. Pendant que le rendu de la haute juridiction est attendu, un élément clé manque au dossier : le procès-verbal (PV) de la réunion du 7 mars, censé entériner les nouvelles instances.

Signature pour un procès-verbal a posteriori

Selon des indiscrétions d’un milieu proche du dossier, Mme Ngoma aurait alors tenté d’obtenir la signature de M. Oyoubi, pourtant évincé, sur un procès-verbal rédigé a posteriori. Une démarche pour le moins surprenante qui laisse soupçonner la fabrication d’un faux document officiel.

«M. Oyoubi ne se reconnaît aucunement dans les décisions du 7 mars, a confié une source proche du dossier. «On lui demande donc d’avaliser un procès-verbal qu’il juge mensonger.» Cette tentative de faire certifier un PV controversé pourrait bien fragiliser la position de Mme Ngoma devant la haute juridiction. La Cour constitutionnelle doit en effet apprécier la crédibilité et la sincérité des pièces demandées.

La signature de Luc Oyoubi serait-elle le gage de la crédibilité des décisions prises ce jour-là ? Pourquoi Angélique Ngoma sollicite-t-elle la signature d’un destitué ? Réputée juger irrecevables la plupart des requêtes contre le PDG, comment la Cour constitutionnelle de la Transition tranchera-t-elle cette affaire qui cristallise les attentions ? Son jugement sera déterminant pour l’avenir du vieux parti, pilier du paysage politique gabonais.

Il est cependant à rappeler que c’est Luc Oyoubi qui avait procédé à la lecture de la décision officialisant le nouvel organigramme du PDG. Mais au-delà, cette affaire inédite soulève d’épineuses questions sur l’éthique et les intrigues dans la sphère politique nationale.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    1. Ce parti a été bâti sur de mauvaises valeurs comme piliers 2. Cela a favorisé la normalisation des pratiques frauduleux et la promotion des personnes de mauvaise moralité qui n’étaient pas dignes des postes occupés au sein de ce parti au pouvoir et au seing de l’appareil d’état. Une chose qui pourrait faire reculer la place qu’occupe les mauvaises pratiques politiciennes et les hommes politiques à la moralité criminelle dans notre pays est de dissoudre le PDG et de prononcer l’inéligibilité et la non accès aux hautes responsabilité d’un nombre suffisant des hiérarques du PDG. Le Gabon a tant souffert des pratiques de ces gens qu’il faut frapper pour servir d’exemple et qu’on s’en souvienne.

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