Publiées ce 4 octobre 2024 par Jeune Afrique quelques indiscrétions laissent entrevoir le drame politique qui se joue en coulisses au Gabon depuis plus d’un an. Le magazine panafricain révèle en effet les dessous d’une lutte acharnée opposant le général Oligui Nguema à la famille Bongo aujourd’hui en disgrâce. Entre négociations financières tendues, conditions de détention controversées et manœuvres diplomatiques subtiles, l’article dévoile les enjeux d’un conflit qui redéfinit non seulement l’avenir d’une dynastie, mais aussi les contours du Gabon post-Bongo. Petit aperçu d’une saga politico-financière aux ramifications internationales.

Dans l’ombre du palais présidentiel, Oligui Nguema et les Bongo se livrent à une partie d’échecs impitoyable, où chaque coup pourrait davantage aggraver le sort de la dynastie déchue. © GabonReview (Montage)

 

Dans les couloirs feutrés du pouvoir gabonais, une partie d’échecs se joue depuis plus d’un an. L’enjeu étant le sort de la famille Bongo, aujourd’hui acculée. Dans son édition de ce 4 octobre 2024, le journal panafricain Jeune Afrique, habitué des couloirs des palais présidentiels du continent, révèle des tractations aussi âpres que discrètes entre le régime du général Oligui Nguema et les héritiers déchus de l’ancien système.

Un démantèlement financier sous haute tension

Dans ce bras de fer entre anciens alliés littéralement devenus ennemis avec inversions de préséance, les exigences du nouveau pouvoir ressemblent à un démantèlement méthodique de l’empire Bongo. «L’État gabonais réclamait notamment, selon nos informations, un jet privé utilisé en leasing par la famille Bongo : il s’agit d’un Boeing 737 P4-BBJ, stationné à Bâle en Suisse. Si le protocole établi n’a finalement jamais été signé par les deux parties, les actes de transfert de cet avion ont été paraphés au mois d’août», indique Jeune Afrique. Cette concession, arrachée en août dernier, ne serait que la partie émergée de l’iceberg. Le nouveau pouvoir, dans sa quête de «restitution», lorgne également sur les parts familiales dans Forafric Energy, une entité pétrolière aux contours opaques, née dans le paradis fiscal des Bahamas.

Mais au-delà de ces tractations financières, un drame humain se joue. Alors que l’opinion publique gabonaise les croit dans la prison centrale de Libreville, la tristement célèbre ‘’Sans-Famille’’, dans les entrailles du Palais du bord de mer, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin sont reclus, coupés du monde. «Dans le sous-sol du Palais du bord de mer, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin, sont enfermés dans le même espace depuis plusieurs mois. Privés de moyens de communication et de visites, l’ancienne première dame et son aîné n’ont, d’après leurs conseils, pas accès à leurs avocats», écrit Jeune Afrique. Digne d’un roman d’espionnage de John le Carré, cette situation cristallise les tensions entre l’ancien et le nouveau Gabon.

Face à cette pression, la riposte s’organise sur le terrain juridique international. Une plainte déposée à Paris pour «arrestation» et «séquestration» arbitraires tente de faire levier sur le régime Oligui Nguema. Ces jours-ci, les avocats de la famille ont franchi un pas supplémentaire : «Tandis que Brice Clotaire Oligui Nguema est arrivé le 2 octobre à Paris, où il est convié au sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le cabinet Zimeray et Finelle a adressé à la secrétaire générale de l’organisation, Louise Mushikiwabo, une lettre affirmant que ‘’une ou plusieurs des personnes visées par cette plainte […] fait partie de la délégation de la République gabonaise présente’’», rappelle le célèbre hebdomadaire. Une stratégie visant sans doute à internationaliser le conflit et à mettre le nouveau pouvoir face à ses responsabilités sur la scène mondiale.

Entre diplomatie et bras de fer : l’avenir du Gabon en jeu

Dans ce contexte sulfureux, Ali Bongo Ondimba joue les équilibristes. Autorisé à quitter le pays depuis septembre 2023, l’ancien président fait preuve d’une loyauté familiale qui complique la donne. Son refus de partir sans sa femme et son fils aîné témoigne d’une solidarité qui, paradoxalement, pourrait prolonger leur calvaire collectif.

La lettre publiée par Ali Bongo le 18 septembre dernier apparaît alors comme une tentative de désamorçage. Son objectif étant de réaffirmer son retrait de la vie politique et le «renoncement définitif à toute ambition nationale». Ce devrait être valable également pour Sylvia et Noureddin, qu’il estime être des «boucs émissaires». Cette main tendue suffira-t-elle à infléchir la position du général Oligui Nguema ?

En filigrane de ces négociations se dessine l’avenir du Gabon post-Bongo. Le nouveau régime, en quête de légitimité, marche sur une ligne de crête. D’un côté, la nécessité de satisfaire une soif populaire de justice et de restitution. De l’autre, l’impératif de ne pas apparaître comme un pouvoir vengeur aux yeux de la communauté internationale.

La présence du général Oligui Nguema au sommet de l’OIF à Paris illustre parfaitement ce dilemme. Et l’action, à ce moment, du cabinet Zimeray et Finelle, notamment la lettre adressé à la secrétaire générale de l’organisation, Louise Mushikiwabo, ramène brutalement le général aux réalités de la politique intérieure gabonaise, alors même qu’il cherche à normaliser l’image du pays sur la scène internationale.

En définitive, ce feuilleton politico-judiciaire dépasse le simple cadre d’un règlement de comptes familial. Il pose la question cruciale de la transition démocratique dans un pays longtemps habitué à la gouvernance clanique. L’issue de ces négociations dessinera non seulement le futur de la famille Bongo, mais aussi les contours du nouveau Gabon. Une chose est sûre : quelle que soit l’issue de ce bras de fer, le Gabon de demain ne ressemblera plus à celui d’hier.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Shaq Hilaire dit :

    J’ordonne au Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA de ne pas céder d’un pouce!!!
    Ils doivent d’abord restituer ce qui appartient à la Republique Gabonaise et gardent ceux qui leur appartiennent!!!
    S’il n’ya pas d’issue favorable à la Republique; je suggère que le pouvoir en place les liquide physiquement et tout simplement.

  2. Rembourakinda dit :

    Mais Shaq hilaire, vous êtes sérieux ? Votre Oligui est un pur produit des Bongo. Il fait du « ote-toi de là que je m’y mette », c’est du pareil au même. Si vous ne voyez pas ça, alors pardon, passez votre route au lieu de nous soûler avec vos conneries. Ok ?

  3. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Le 5eme paragraphe… Amen.

  4. Jean Jacques dit :

    Si la justice francaise peut émettre des mandats d’arrêt pour toutes impliquées dans ses crimes à savoir:Attestation arbitraire, séquestre et torture contre les Bongos, sera une très bonne chose, pas seulement les Bongos aux les forces défenses, passent leur temps à kidnappé, séquestré et torturé les citoyens sans mandat judiciaire.

  5. Akoma Mba dit :

    De quelle Communauté Internationale avons-nous peur pour juger les Bongo Ali et Valentin? Celle-là incapable et qui se fout du massacre des femmes hommes et enfants au Liban et à Gaza? Jeune Afrique, pardon, arrêtez ce bordel. Ali Bongo devrait être enfermé avec sa douce et son voyou de fils!

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