[Paru sur le Gabon] Le général Oligui Nguema prépare son maintien au pouvoir
On ne saurait reprocher à GabonReview cette rubrique, les acteurs de la scène politique gabonaise étant prompts à recevoir les journalistes étrangers, snobant royalement les médias locaux. Bref ! Dans un article publié le 30 août 2024, le quotidien français ‘Le Monde’ dresse un bilan contrasté de la première année de transition au Gabon depuis le renversement d’Ali Bongo. Son envoyé spécial à Libreville, Christophe Châtelot, y décrit un pays en pleine mutation, où le général Brice Oligui Nguema et le CTRI tentent de redresser l’économie tout en préparant l’avenir politique du pays. Entre avancées concrètes et inquiétudes sur la nature réelle du changement en cours, cette synthèse explore les enjeux cruciaux auxquels fait face le Gabon, un an après la fin de la dynastie Bongo.
Un an après le coup d’État ayant mis fin à 56 ans de règne de la famille Bongo, le Gabon se trouve à un tournant décisif de son histoire. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), semble préparer son maintien au pouvoir, comme le rapporte Le Monde dans un article signé par Christophe Châtelot, envoyé spécial à Libreville.
Un bilan contrasté
Le CTRI, qualifié d’«État dans l’État placé au-dessus du gouvernement» par un ancien ministre, a entrepris des actions visibles pour redresser le pays. Parmi les réalisations notables, on compte la construction d’un nouveau bâtiment à l’université Omar-Bongo, financé par une enveloppe de 21,3 millions d’euros (près de 14 milliards de francs CFA) allouée aux universités.
Alexandre Barro Chambrier, ministre de la planification et de la prospective, souligne les efforts du CTRI pour sortir le pays de l’ornière creusée par «le lourd passif et l’endettement colossal laissé par les quatorze ans interminables» de présidence d’Ali Bongo. Geoffroy Foumboula, vice-président de l’Assemblée nationale de transition, reconnaît «les avancées en matière de développement», citant notamment la nationalisation d’Assala Energy et la création de 19 000 postes dans la Fonction publique.
Des voix critiques s’élèvent cependant. L’avocat Anges Kevin Nzigou, président du parti Pour le changement, déplore : «On a changé la tête mais pas le système ni les pratiques, alors qu’il faut changer la façon de faire de la politique.» L’écrivain Janis Otsiemi, pour sa part, va plus loin, affirmant : «Ils se sont attaqués à quelques personnes qui gênaient au sein du clan Bongo, mais la cible n’est pas le système népotique, corrompu.»
Vers une consolidation du pouvoir
Le flou qui entoure les intentions de la junte et de son chef suscite des inquiétudes. La nouvelle Constitution, dont le projet vient d’être remis au président de la transition, devrait marquer un renforcement du pouvoir présidentiel. Selon Le Monde, le mandat présidentiel passerait de cinq à sept ans, et le poste de premier ministre serait supprimé.
L’avenir politique du Gabon reste incertain, malgré l’omniprésence du général Oligui Nguema dans l’espace public, avec des rues débordant d’affiches géantes chantant les louanges du général Oligui Nguema, le «bâtisseur». Geoffroy Foumboula déplore la docilité de l’Assemblée de transition face aux projets de loi de l’exécutif, notamment concernant la nouvelle loi électorale. La future Constitution, dont le projet vient d’être remis au président, devrait renforcer le pouvoir présidentiel, avec un mandat allongé à sept ans et la suppression du poste de Premier ministre. Elle ouvrirait la voie à la candidature du général putschiste. «Et il ne se présentera pas pour perdre», prévient un ancien ministre d’Ali Bongo, laissant planer le spectre de futures manipulations électorales.
Georges Mpaga, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental, observe : «Il n’existe pas d’alternative. Tous les barons de l’opposition le soutiennent et il a recyclé ceux de l’ancien régime.» Cette situation laisse présager une candidature du général Oligui Nguema aux prochaines élections, prévues pour août 2025.
Les défis à venir
Malgré une certaine popularité du «président bidasse», comme le surnomme le dessinateur Pahé, des questions persistent sur l’avenir démocratique du Gabon. Le processus d’adoption de la nouvelle Constitution soulève des interrogations, notamment sur la possibilité pour les députés et sénateurs d’amender le texte.
Janis Otsiemi met en garde : «Traumatisés par les Bongo, nous sommes encore dans l’euphorie de la libération. Mais attention au réveil, il pourrait être brutal.» Cette mise en garde résonne comme un appel à la vigilance alors que le Gabon s’apprête à entrer dans une nouvelle phase de son histoire politique.
En bref, l’article du Monde dresse un portrait nuancé de la situation au Gabon un an après le coup d’État ayant renversé Ali Bongo. Si le général Brice Oligui Nguema et le CTRI ont initié des changements visibles et apporté un certain dynamisme, des interrogations persistent quant à la nature profonde de cette transition. Entre espoirs de renouveau et craintes d’une simple continuité sous une autre forme, le Gabon se trouve à la croisée des chemins. L’adoption de la nouvelle Constitution, ainsi que les élections prévues en 2025, seront des moments décisifs qui révéleront si le pays s’oriente véritablement vers un changement de gouvernance ou s’il s’agit simplement d’un remaniement superficiel du pouvoir.
Source : Cet article est une synthèse s’appuyant sur un reportage du journal ‘Le Monde’ intitulé «Au Gabon, un an après la chute d’Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema prépare son maintien au pouvoir»
1 Commentaire
Le mandat de 7 ans et la suppression du poste de PM afin que officiellement tout se décide par le cabinet du président comme sous Accrombessi et Alihanga, cette fois-ci de façon officielle planteront les premiers germe d’une lutte farouche contre le système Oligui qui brisera la cohésion et l’unité qui ont prévalu depuis le 30 août 2023. À-t-il besoin de celà maintenant. Ces propositions si sont celles des pedegistes visant à restaurer et renforcer le système de confiscation du pouvoir des Bongo.