Participation au référendum : Défiance au grand jour
Cette abstention doit être analysée à la lumière des circonstances, de la période et de l’identité des acteurs, les partis politiques étant mis dans le même sac, comme si Alternance 2023 et le Parti démocratique gabonais (PDG) faisaient cause commune avant le 30 août 2023, comme si les clivages idéologiques n’ont jamais existé.
La défiance est apparue au grand jour. À la faveur du référendum constitutionnel, les Gabonais l’ont exprimée. De façon solennelle. Selon les chiffres officiels, le taux de participation s’est élevé à 53,54 %, le «Oui» l’ayant emporté avec 91,80 % des suffrages exprimés. Formulé à l’initiative du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), la nouvelle constitution aura donc été validée par 49, 14 % des inscrits. Au-delà des querelles statistiques, une large frange du corps électoral a refusé de donner son imprimatur à ce texte, pourtant si essentiel. Loin des débats sur les méthodes de calcul, de nombreux compatriotes ont succombé au fatalisme, faisant le choix de rester chez eux, quitte à laisser d’autres décider pour eux et de leur avenir. Faut-il entendre leur message ? Faut-il leur apporter une réponse ? Certainement.
Un casting contre-productif
Cette abstention ne doit pas seulement être rattachée au texte et à son contenu. Elle doit être analysée à la lumière des circonstances, de la période et de l’identité des acteurs. Comme partout dans le monde, la participation électorale tient à deux éléments : une bonne compréhension des enjeux et, une confiance dans le système politique. Or, depuis la fin du Dialogue national inclusif (DNI), les partis politiques sont continuellement brocardés, marginalisés au bénéfice d’organisations associatives, souvent créées de fraîche date ou en opportunité. Comme si la plate-forme Alternance 2023 et le Parti démocratique gabonais (PDG) faisaient cause commune avant le 30 août 2023, d’aucuns s’efforcent de les mettre dans le même sac. Comme si les clivages idéologiques n’ont jamais existé, ils cherchent à brouiller le message des uns pour mieux banaliser les fautes des autres. Tout ceci a entretenu la confusion, nourri l’antienne du «Tous pourris», terreau du populisme, ce discours fondé sur la critique des élites et la propension à les opposer au peuple.
Dans ce contexte, la composition de la «Coordination nationale pour le vote du oui à la Constitution» n’a pas arrangé les choses. Bien au contraire. Présidé par le Premier ministre, elle comprenait les présidents des deux chambres du Parlement, les deux principaux dirigeants autoproclamés du PDG, des membres du gouvernement, des cadres du régime déchu et même des figures emblématiques du parti unique, l’une d’entre elles ayant servi sous Léon Mba, c’est-à-dire à l’aube de l’indépendance. À l’épreuve des faits, ce casting s’est révélé contre-productif. Des personnalités rendues inéligibles par un texte, pouvaient-elles être persuasives au moment de le défendre ? Des bénéficiaires ou complices d’abus divers pouvaient-ils convaincre en parlant de séparation des pouvoirs ou de droits fondamentaux ? Des adversaires de toujours pouvaient-ils soutenir la même cause sans ouvrir la voie à la suspicion ? Comment les jeunes générations devaient-elles interpréter ce recours préférentiel aux séniors, souvent d’âge canonique ?
De nombreuses leçons
Durant cette campagne référendaire, beaucoup ont eu du mal à comprendre comment les défenseurs de la révision constitutionnelle du 13 avril 2023 pouvaient soutenir l’abandon d’un texte porté par leurs soins. Ils ont également eu du mal à admettre que les chantres du scrutin à un tour ou du fameux «bulletin unique» plaident pour des élections à deux tours, aux côtés des promoteurs du «Mémorandum pour une réforme du système électoral national». De même, ils n’ont pas compris pourquoi les rêves d’un Gabon nouveau devaient être portés par de vieux baroudeurs de la scène politique, au passé chargé voire controversé. À leur grand étonnement et malgré leurs réserves, ils se sont retrouvés face à un attelage hétéroclite et baroque, digne de l’ère Omar Bongo. Était-ce le meilleur moyen de les inviter à se mobiliser ? Était-ce annonciateur d’un progrès ou d’une régression ? Voire…
Aux organes de la Transition, au CTRI, aux partis politiques et même aux associations, cette campagne délivre de nombreuses leçons. Surtout quand on sait combien la suite s’annonce délicate et complexe du fait notamment de l’imminence des deux élections majeures : la présidentielle et les législatives. Si rien n’est fait, si aucune leçon n’est tirée, notre démocratie pourrait en sortir abîmée voire perdante. Pour ainsi dire, ce scrutin a aussi valeur d’avertissement. Et pour cause : dans une démocratie en construction, l’abstention résonne toujours comme une incitation implicite au recours aux modes alternatifs de prise du pouvoir.
1 Commentaire
Il n’y a qu’au Gabon où les Putchistes concoctent une Constitutions sur mesure. La constitution doit être issu d’un Gouvernement élu libremente pour le peuple et par le peuple, le reste sous les Tropiques n’est que de la poutre aux yeux. Qui ont voté Oui? Ceux-là qui ne l’ont même pas lu,dans leur majorité.
Et que dire de cette bande de femmelles dénigrant Monsieur Ondo Ossa, comme quoi dans le Woleu- Ntem, les mentalités restent rétrogrades mais pourvu qu’on vous file 10.000 francs et on chante des louanges à la Oligui Mbè Mbè, et c’est sûrement ça aller en avant, Pardi!