Parlement de transition : Gare au mariage de la carpe et du lapin
Au-delà de leurs identités, les personnes retenues seront un indicateur de la détermination du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à remplir ses objectifs.
C’est l’un des moments les plus attendus par l’opinion. À plus ou moins brève échéance, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) doit livrer la composition du Parlement. Au-delà de leurs identités, les personnes retenues seront un indicateur de sa détermination à remplir ses objectifs : «la refondation de l’Etat afin de bâtir des institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un Etat de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable», la mise en œuvre de «réformes majeures sur les plans politique, économique, culturel, administratif et électoral», «le renforcement de l’indépendance de la justice et la lutte contre l’impunité», «la protection des droits de l’homme et des libertés publiques», «l’instauration d’une culture de bonne gouvernance et de citoyenneté responsable», «l’élaboration d’une nouvelle Constitution» et, «l’organisation des élections locales et nationales libres, démocratiques et transparentes».
Responsabilité dans les outrances du passé
Sans indexer quiconque ou gratter les plaies, il faut revenir sur le contexte. Le mandat échu a été marqué par des temps forts : révisions constitutionnelles en janvier 2018, janvier 2021 et avril 2023 ; accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo en octobre 2018 ; montée en puissance puis déchéance de l’Association des jeunes émergements volontaires (Ajev) ; prise en otage de l’appareil d’Etat par une «Young team» cornaquée par Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin et ; organisation d’une concertation politique dans un climat surchauffé. À chacune de ces étapes, des personnalités se sont distinguées, parfois au péril de leurs carrières ou de leurs droits. Pêle-mêle, on peut citer Jean-Christophe Owono-Nguéma, Jean-Robert Goulongana, Albertine Maganga Moussavou, les membres du collectif Appel à agir, Paulette Ayo Akolly, Marcel Djabioh, Marc-Louis Ropivia… Dans le même temps, d’autres ont brillé par leur couardise. Parmi eux, on peut compter les parlementaires de la majorité, les membres des différents gouvernements, les juges constitutionnels et même les magistrats de la Cour de cassation.
S’il s’est soldé par le putsch du 30 août dernier, le processus électoral a, malgré tout, offert à certaines personnalités l’opportunité de se singulariser, dans un sens comme dans un autre. Ainsi Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Mike Jocktane, Thérence Gnembou Moutsona, François Ndong Obiang, Pierre-Claver Manganga-Moussavou n’avaient pas hésité à claquer la porte de ce raout. À l’inverse, Séraphin Akouré-Davain, Louis-Gaston Mayila, Laurent Angué Mezui, Richard Moulomba Mombo, Serge Maurice Mabiala et Henri Mbia Nzé avaient fait le choix d’y rester, avalisant le retour au scrutin à tour unique, à moins de six mois de la présidentielle. Même s’ils s’en défendront toujours, ils ont une part de responsabilité dans les outrances du passé, celles-ci ayant conduit l’armée à sortir des casernes.
Au service de l’intérêt général
Il faut une bonne dose de mauvaise foi pour ne pas voir dans la concertation de février 2023 une manifestation de cette «gouvernance imprévisible, irresponsable» dénoncée par le CTRI. Il faut se refuser à toute analyse froide pour ne pas établir un lien de causalité entre cette rencontre et ces «élections générales (aux) résultats tronqués». Et pour cause : ni les «conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif» ni la paix ne peuvent être garantis quand certains rusent avec les principes. Encore moins quand les organisateurs d’un forum le détournent délibérément de son objectif initial. Quand une telle éventualité advient, il est conseillé de se retirer. Ne pas le faire revient à cautionner les résultats, quitte à devoir en assumer les conséquences, un jour ou l’autre. Vu sous cet angle, artisans et opposants aux révisions constitutionnelles, tentants et adversaires de la thèse d’un Ali Bongo en «phase de recouvrement de la plénitude de ses capacités physiques et cognitives», bénéficiaires et détracteurs de l’usurpation de pouvoir, participants et contempteurs de la Concertation politique ne peuvent être logés à la même enseigne. Encore moins nourrir les mêmes rêves pour le Gabon.
Organe législatif, le Parlement de la Transition devra se pencher sur de nombreux textes. Il devra travailler avec célérité et rigueur, dans le respect des standards internationaux. D’où la nécessité d’y envoyer des personnalités ayant fait montre de leur attachement aux normes et principes universellement reconnus. D’où aussi l’obligation de tenir compte de la disponibilité des impétrants, de leurs compétences techniques, de leur sens du devoir et de leur engagement au service de l’intérêt général. Pour ces raisons, le CTRI doit revisiter l’histoire avant de procéder à la sélection des membres. Il doit aussi évaluer les rôles des uns et des autres, soupeser leurs apports, en identifier les conséquences et en mesurer la portée. Autrement, il pourrait ouvrir la voie au mariage de la carpe et du lapin, avec le risque d’accoucher d’une assemblée nationale et d’un sénat impotents.
7 Commentaires
Séraphin Akouré-Davain, Louis-Gaston Mayila, Laurent Angué Mezui, Richard Moulomba Mombo, Serge Maurice Mabiala et Henri Mbia Nzé sont restés dans cette concertation qui annonçait de mauvaise couleurs pour les dizaines de millions qu’ils ont recu par la suite sur le dos du contribuable et non pour le Gabon et son peuple. Richard Moulomba Mombo devrait se repentir sur le jugement qu’il avait fait sur pierre Mamboundou en claquant la porte de l’UPG. Lui qui se révèle aujourd’hui plus pourri. On ne dénie pas toutefois à ce Moulomba qui croit que politicien est un métier qui lui donne plus droits a siéger aux parlement de la transition que les membres de la société civile les sacrifices qu’il a enduré pour une Gabon nouveau. Il y a des hommes qui malgré leurs chutes ont beaucoup sacrifié pour le Gabon. Moulomba et Iwangou et bien d’autres en font partis. Il faut faire la différence entre l’homme faillible et ceux qui très tôt ont consacré leur carrière à accompagner les Bongo dans la destruction du Gabon. Maganga Moussavou également malgré son opportunisme peut bien travailler au service du Gabon. Il y a des opportunistes pour qui remplir convenablement sa mission avec des résultats est une fierté. Des opportunistes qui ont malgré tout une vision.
Bonjour Monsieur Gayo,
La famille Maganga Moussavou concentre un paradoxe en politique. Le fils est du PDG et ses parents de l’opposition. Moi, ça me dérange. Comme je le disais dans un commentaire antérieur, ils ont « le cul entre deux chaises ». Ce sont des opportunistes qui doivent « clarifier » leur positionnement idéologique.
Cordialement.
Attention que la panthère n’accouche pas d’une tortue
Comme l’article parle justement de l’organe législatif de la transition au Gabon, or qui dit parlement, dit le peuple dans sa représentation officielle, alors pour cela une plongée dans notre histoire qui parle de la gouvernance dans nos royaumes millénaires, serait une bonne chose pour voir comment avant l’arrivée des européens, nous Bantous Africains gouvernions pour le peuple et par le peuple avec d’autres formes d’organisations politiques qui représentaient bien le peuple, comme le cas au Royaume Loango, et dont le parlement n’était pas toujours la donne dans certaines de ces sociétés africaines pré coloniales pour représenter le peuple.
Cela étant dit, à coté de la politique actuelle de nos sociétés africaines, je vous propose de lire l’histoire africaine du Royaume Loango, qui fut un royaume puissant, et qui fut et qui est jusqu’à présent un Royaume Bantou, puisqu’il existe encore, afin de découvrir de comment était fait et est faite la Politique dans ce royaume. Je vous propose cette histoire à côté de la politique actuelle, car l’actualité et la politique d’aujourd’hui, c’est l’Histoire de demain, et la politique d’hier c’est l’histoire d’aujourd’hui. Donc politique et Histoire ne sont pas aussi éloignés. D’où en relations internationales, on étudie beaucoup l’Histoire.
Cette histoire du Royaume Loango, parle justement de cette civilisation grandiose côtière, avec une organisation socio politique hiérarchisée bien avancée, en avant garde du temps déjà à cette époque, comme l’organisation socio politique des États modernes actuels. Cette histoire (que vous trouverez certainement intéressant en le lisant), est aussi une partie de l’histoire du Gabon, du Cabinda, et des origines de certains d’entre vous à savoir les Vilis ou les autres ethnies du Loango (Yombe, Lumbu, Punu, Kugnis) qui existent au Congo Brazzaville et au Gabon et dans une certaine mesure une variante en RDC (Bayombe). Un même peuple (les Loango) dont la colonisation a divisé en deux pays différents (mais qui au delà ont toujours eu une conscience d’une origine commune comme le cas des Vilis, dont le royaume Loango existe encore, j’en parle même dans l’article que je vous partage), comme d’ailleurs d’autres pays d’Afrique comme les Kongo, les Tekés, les Fangs, etc… Donc voici le lien: https://www.academia.edu/104648700/Le_Royaume_Loango_Afrique_Centrale_et_son_Organisation_Politique_Sa_Province_de_Mâ_Mpili_et_sa_Capitale_Politique_Bwali_XIVè_XIXè_Siècles_
Les autres intéressés aussi, Vilis ou étant des autres composantes ethniques du royaume Loango, ou n’étant pas même, mais qui veulent lire ou partager, sont aussi libres de le faire, car après tout l’histoire du Royaume Loango est d’abord une histoire africaine avant qu’elle soit Bantou et du Loango, puisque le Royaume Loango a été l’une des grandes civilisations africaines au XVIIè jusqu’aux XIXè siècles. Merci!
Bonjour Roxanne B.,
Connaissez-vous l’histoire du colibri?
Merci de me répondre.
Ma petite fille Roxanne, il faut que tu saches aussi que si le Quai d’Orsay ne nous avait jamais imposé la famille Bongo (Omar et Ali), peut-être qu’on aurait jamais connu de coup d’Etat. Le malheur du Gabon (et de bien d’autres pays d’Afrique) a été d’avoir flirté avec dame France. Avec les Anglais, peut-être que ça aurait été autrement. Voilà pourquoi Maliens, Burkinabé, Centrafricain, etc, ne veulent plus entendre parler de cette France. ELLE NOUS A FAIT BEAUCOUP DE MAL. ET J’IRAI MÊME JUSQU’À AFFIRMER QU’ELLE NE VOULAIT PAS NOTRE ESSOR AINSI QUE CELUI DES AUTRES PAYS D’AFRIQUE. Regardons seulement les Iles Françaises : il n’y a pas trop de développement dans ces Iles. La France voulait maintenir ces anciennes colonies à l’état de mendicité permanente. Si Ali Bongo pouvait parler (lui ou n’importe quel Bongo : Pascaline ou Frédéric), ils sortiraient des choses qui vont nous scandaliser. mais ils sont voués au SECRET. C’est ça aussi le côté OBSCUR de cette françafrique (une pourriture). A Ntare Nzame !!!
Un Parlement sans Pdgistes serait bienvenue. On a mal commencé en nommant le tripatouilleur Ndoungou!