Lors de la rencontre avec les représentants des retraités, le gouvernement a proposé à ces derniers un voyage en Côte-d’Ivoire. L’idée, leur permettre de s’enquérir pendant 5 jours du modèle ivoirien afin qu’à leur retour, des décisions soient prises. Les retraités crient à la diversion.

Quelques retraités lors de l’AG de la MSTGV© Capture d’écran/Gabonreview

 

Alors que les résultats du cabinet Finactu sont attendus par les retraités, le gouvernement a proposé à certains de leurs représentants d’effectuer un voyage de 5 jours en Côte-d’Ivoire. L’idée, s’enquérir du modèle de paiement des retraites dans ce pays qui serait un modèle en la matière. Au retour de ce voyage, les résultats de l’étude actuarielle du cabinet Finactu leur seront présentés afin qu’ils fassent des comparaisons entre le modèle ivoirien et le modèle envisagé par Finactu. De facto, ils participeront à la prise de décisions pour le nouveau modèle qui sera proposé pour le paiement des pensions retraites au Gabon.

Toutefois, les retraités ont du mal à saisir l’opportunité de ce voyage. «Le voyage de la Côte d’Ivoire, quelle diversion !», a lâché Donatien Lhyé Dioumy Moubassango, l’un des retraités lors de l’Assemblée générale (AG) de la Machette syndicale des travailleurs gabonais vaillants (MSTGV), le 18 janvier. «Vous allez faire du tourisme pendant 5 jours, c’est bien pour ceux qui n’ont pas encore été en Côte d’Ivoire. Mais à votre retour, puisque Mme le Premier ministre a déjà reçu les travaux finaux de l’étude actuarielle, on va vous demander de les retoucher en tenant compte des résultats ramenés de la Côte-d’Ivoire», a-t-il ajouté. «Si vous vous laissez prendre, alors vous allez nous faire prendre nous tous dans ce guet-apens et ça va être infernal. Ce voyage aurait dû être fait avant» a-t-il indiqué, estimant comme les autres que ce voyage n’a pas lieu d’être.

Une «insulte aux intellectuels gabonais»

L’un des retraités exprimant ses doutes. © Capture d’écran/Gabonreview

«On sait lire les études actuarielles, on a fait la modélisation. Prenez votre copie on va voir les hypothèses relevées et on va les retenir ensemble» a renchéri un autre retraité, s’adressant aux syndicalistes retenus pour le voyage. «La réunion que vous avez eue n’a pas été pour parler de nos problèmes mais du voyage. En 5 jours vous croyez que le travail que les gens ont abattu des années durant vous allez le faire et revenir avec un résultat ?», a appuyé un autre.

Secrétaire général de la Confédération générale des forces syndicales libres, Joseph Patrick Souchalty Poaty, lui aussi retraité, crie à une insulte des intellectuels gabonais. «C’est faire insulte aux intellectuels gabonais», a-t-il estimé. Pour lui, le gouvernement devrait plutôt s’atteler à mettre à la disposition des experts gabonais les conclusions de l’étude de Finactu  afin de décider du modèle à retenir pour le paiement des pensions retraites. «Nous avons des éminents économistes au Gabon. On n’a pas besoin de faire un voyage en Côte d’Ivoire. C’est juste pour perdre de l’argent», a-t-il déclaré.

L’argent des retraités détourné ?

Pierre Mintsa entouré de quelques retraités dont Joseph Patrick Souchalty Poaty le 18 janvier. © Capture d’écran/Gabonreview

S’ils ont dit comprendre les inquiétudes exprimées, les partenaires sociaux censés participer à ce voyage ont estimé qu’il doit se faire. «J’ai l’impression que vous ne connaissez même pas vos gouvernants», a répondu le président de la Machette syndicale plutôt d’accord pour ce voyage. «Pour avoir commencé cette lutte avec vous, nous devons être au terminus de cette lutte aussi. Si vous les laissez aller en Côte-d’Ivoire, ils ne ramèneront rien. On ne recule pas, on avance», a avancé Pierre Mintsa.

Pour lui, si les syndicalistes ne voyage pas, l’étude actuarielle se «gaspillera dans les mains des politiques».

Participer à ce voyage sera un moyen de mettre le gouvernement face à ses responsabilités et sur le fait accompli, d’autant plus que la CPPF n’est pas autonome. «Il n’y a même pas un seul franc de disponible à la CPPF aujourd’hui pour payer les retraites», a-t-il dit. «L’argent collecté sur nous chaque fin du mois, va dans les comptes du Trésor public. Quand le chef de l’Etat veut voyager, on prend. Quand le Premier ministre veut donner des cadeaux partout, on prend. Quand le ministre du Budget veut organiser les primes, on prend. Et quand arrive la fin du mois, on dit la CPPF doit envoyer la liste des retraités 20 jours avant pour que vos pensions soient calculées», a-t-il argumenté. «Si on ne le fait pas, vous pouvez arriver au 5 sans pension. On ne veut plus que votre argent soit utilisé en dehors du paiement des pensions», a-t-il ajouté. «On nous a dit, la Côte-d’Ivoire c’est pour la décision. Donc après la Côte-d’Ivoire, la CPPF sera autonome», a-t-il soupiré.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Peter NZAMBA dit :

    On ne fait pas confiance à un expert de l’entourloupe. Au gouvernement, ils sont champions du genre. La proposition de voyage en CI n’est qu’une occasion pour détourner les esprits et injecter l’esprit de la division……..

  2. ENDUNDU dit :

    Pourquoi avoir créé la CPPF ? Alors que l’argent des agents qu’on retient pour la retraite continue d’être viré au Trêsor et utilisé à d’autres fins autres que pour lequel il est destiné. Quel pays ?🤔

  3. LE NOUVEAU dit :

    Les dossiers retraites nouveaux sont bloqués depuis plusieurs mois par manque de moyens
    les nouveaux retraités ne sont pas payés

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