Oubli de ‘’l’écrin’’ diplomatique national : l’angle mort des ambitions gabonaises ?

Alors que le régime de transition gabonais se lance dans de coûteux chantiers d’apparat, l’emblématique ‘’Hôtel des Affaires étrangères’’ de Libreville, vitrine de la diplomatie nationale, reste à l’abandon. Un oubli qui interroge sur les réelles priorités et ambitions internationales des nouvelles autorités.

Chantier de réhabilitation de la centrale diplomatique du Gabon… renvoyé aux calendes grecques par le régime de transition ? © GabonReview

Le CTRI multiplie les chantiers à Libreville et dans le pays, avec parfois des projets pharaoniques, à l’instar de la construction d’une tour de 40 étages sur la Baie des Rois ou du projet Libreville 2. On peut, dans ce contexte, s’interroger sur les raisons du délaissement de la réhabilitation de l’ancien «Hôtel des Affaires étrangères». Cette infrastructure, située à l’angle du boulevard Triomphal Omar Bongo et du front de mer, vitrine de la capitale, devrait pourtant être une priorité, selon de nombreux avis.

Une adresse de prestige, reflet du rayonnement national

Construit en 1977, le bâtiment incarnait l’adresse même du Gabon sur la scène internationale. Comme le soulignait Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien chef de la diplomatie gabonaise : «l’infrastructure et sa localisation constituent l’adresse même du ministère à travers le monde».

Dans les relations internationales, l’image véhiculée par les infrastructures d’un État revêt une importance particulière. L’Hôtel des Affaires étrangères d’un pays est le reflet de son rayonnement, de sa crédibilité et de ses ambitions à l’international.

Haro sur le ‘’campement’’ de Batterie IV

Situés dans une arrière-rue du quartier Batterie IV, les locaux actuels de la centrale diplomatique gabonaise dans l’un de ces immeubles bâclés ayant mystérieusement poussé à Libreville, comme des champignons durant le premier septennat d’Ali Bongo, ne sont pas représentatifs du pays. Un écrin digne de ce nom est donc essentiel pour asseoir le leadership régional et la stature diplomatique du Gabon.

Evacué en 2018 pour cause de vétusté, le bâtiment avait fait l’objet en 2021, sous la supervision de Pacôme Moubelet Boubéya alors ministre des Affaires étrangères, d’un vaste projet de rénovation visant à lui redonner ses lettres de noblesse. Il était prévu d’entièrement reconfigurer les espaces intérieurs, mariant fonctionnalité et représentativité, afin d’accueillir diplomates et délégations étrangères dans un cadre digne des plus hautes réceptions protocolaires.

Au-delà des aspects pratiques, le projet prévoyait une dimension symbolique forte, en accord avec les usages de l’étiquette diplomatique mondiale. La décoration intérieure devait mettre en valeur les essences de bois gabonaises, affirmant l’identité architecturale nationale et l’engagement écologique du pays.

Une relance pour réaffirmer les ambitions internationales

Ce chantier à l’arrêt donne une bien triste image du pays. Les travaux qui devaient durer 12 mois et dont le coût n’a jamais été communiqué, s’étaient estompés dans le contexte ayant suivi l’Accident vasculaire cérébral (AVC) d’Ali Bongo, avec un pays pris en otage et mis en coupes réglées par les imberbes de l’AJEV, mais aussi avec le déferlement de la pandémie du Covid-19.

En relançant les travaux dans les meilleurs délais, le CTRI enverrait un signal fort à la communauté internationale et réaffirmerait la détermination du Gabon à renouer avec son rayonnement, son ouverture sur le monde et sa volonté de défendre résolument une image moderne et ambitieuse sur l’échiquier planétaire.