Lancée le 17 janvier dernier, l’opération «Restauration de l’ordre urbain» se poursuit au sein du marché Mont-Bouët, le plus grand espace commercial du pays. Face aux agents municipaux, aux engins de démolition des étals mal structurés, c’est le désarroi total chez les commerçants. Certains ont voulu faire les «Saint-Thomas. Mal leur en a pris. Descente dans ce chaudron où le samedi 3 février, la déléguée spéciale en charge du 3e arrondissement, Jocelyne Makita, supervisait des mains de maître cette opération de salubrité publique.

La déléguée spéciale du 3e arrondissement, les agents municipaux et les forces de l’ordre noyés dans le chaudron de Mont-Bouët. © Gabonreview

 

Débutée par le 3e arrondissement de Libreville, centre névralgique de la capitale gabonaise, l’opération «Restauration de l’ordre urbain» récemment lancée par le délégué spécial en charge de la commune de Libreville, Jude Ibrahim Rapontchombo, se poursuit malgré les résistances. Le 3 février, à la tête des agents des forces de l’ordre et des agents municipaux commis à la tâche, la déléguée spéciale en charge du 3e arrondissement, Jocelyne Makita, a organisé elle-même les opérations, sensibilisant au passage, les réfractaires.

«Redonner à Libreville son lustre d’antan»

Face aux alertes répétitives sur l’insalubrité dans laquelle croule la capitale gabonaise, les autorités municipales ont ainsi organisé cette vaste opération dans le but de ramener de l’ordre et de redorer l’image de la cité-capitale. Les occupations anarchiques de l’espace communal par des commerçants non-autorisés, les extensions des propriétés des riverains et les orientations des eaux usées sur la voie publique, les dépôts anarchiques des déchets ménagers et industriels ou encore l’abandon des véhicules, des épaves et autres objets encombrants sur l’espace public, restant le nœud gordien de l’affaire.

Au 3e arrondissement où l’opération a débuté, si la route reliant le carrefour Rio au feu tricolore de la Peyrie, en passant par Venez-voir, a été déguerpie, il reste que restaurer l’ordre et la salubrité tant recherchés sur ces endroits relève encore d’une gageure. A peine déguerpis, les commerçants reviennent toujours sur les trottoirs. Ils opposent vraisemblablement de la résistance. Or, avant le lancement de cette action, le délégué spécial a fait savoir que la situation commande une action appropriée pour «redonner à Libreville son lustre d’antan».

Du feu tricolore de la Peyrie à la Tour, le spectacle est le même. Alors que la déléguée spéciale en charge du 3e arrondissement marche, explique, sensibilise et ordonne, si besoin, la démolition des étals et autres constructions archaïques et anarchiques empiétant sur le domaine public, derrière, les commerçants s’organisent pour revenir et installer, de nouveau, leurs produits sur les trottoirs, voire sur la chaussée. «On veut bien qu’on organise le marché. Mais, on a aussi les enfants à nourrir et à envoyer à l’école», a déclaré un commerçant.

«La plupart prend de l’argent»

La déléguée spéciale du 3e arrondissement, les agents municipaux et les forces de l’ordre noyés dans le chaudron de Mont-Bouët. © Gabonreview

Au passage des agents en charge de cette action, les commerçants ont vite fait de cacher les marchandises, de retirer les brouettes achalandées de la route, etc. Quelques minutes après, ils sont revenus sur la chaussée comme si de rien n’était. «On ne peut rien. On est habitué. Ils nous dérangent seulement. D’ici quelques semaines, on va oublier tout ceci», a ironiquement lâché un autre vendeur du marché Mont-Bouët.

Certains indiquent que «ce désordre urbain est entretenu par les agents de la mairie qui en ont fait un fonds de commerce». «Vous avez-vu le monsieur avec le chasuble, c’est un agent de la brigade mobile ! Lui-même vient de dire qu’on n’a qu’à garder notre mal en patience. Que d’ici à là, on ne sera plus embêté», a ajouté une autre commerçante, non sans ajouter que «certains prennent même l’argent de «l’arrangement» et nous laissent revenir sur la route. Sinon on ne va pas s’en sortir».

Toujours est-il que malgré la résistance, la délégation spéciale et les forces de l’ordre poursuivent la destruction des bâtisses, étales et tout ce qui encombre le domaine public. Le tout dans un climat de respect et surtout de sensibilisation. Ce, d’autant que le temps est donné aux réfractaires pour enlever leurs marchandises avant démolition.

Pendant ce temps, les brigades mobiles mises en place par la municipalité de Libreville pour dissuader ces vendeurs tentent, tant bien que mal, de jouer leur partition. «La plupart prennent de l’argent. C’est pour cela que vous revoyez toujours les gens sur la route», a dénoncé une autre vendeuse. Et comme on pouvait s’y attendre, au mépris de l’interdiction donnée par les autorités de la ville, les commerçants continuent d’écouler à même le sol leurs marchandises à Mont-Bouët, se refusant d’aller occuper les milliers de places annoncées dans les marchés municipaux.

© Gabonreview

 
GR
 

1 Commentaire

  1. CYR Moundounga dit :

    Bjr. La volonté des autorités y est c’est vraiment patent, mais la culture du civisme fait défaut: la preuve. Amen.

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