Oligui Nguema interpellé sur la situation précaire des 7 000 employés de la Holding HPO & Associés

Quatre mois après le début des ennuis judiciaires, le départ contraint de leur patron et l’arrêt brutal de leurs activités, les 7 000 employés de la Holding HPO & Associés vivent dans des conditions difficiles. L’UDIS, qui s’en fait le porte-voix, appelle ce jeudi l’attention du président de la transition sur la précarité à laquelle sont livrés ces compatriotes et leurs familles respectives.

Hervé Patrick Opiangah et certains de ses collaborateurs, lors de l’inauguration du siège de la Holding HPO & Associés, en janvier 2024. © D.R.
Désormais baptisés «Opiangah Gate» par ses soutiens, les déboires judiciaires d’Hervé Patrick Opiangah ne concernent plus uniquement l’homme d’affaires originaire de Mounana, dans la province du Haut-Ogooué. Ceux-ci impactent également ses collaborateurs et employés de la Holding HPO & Associés dont les activités ont brutalement été interrompues depuis le départ en exil forcé de son principal promoteur. 7 000 compatriotes seraient directement touchés par cette «saga juridico-politique hideuse et immorale», selon l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS) qui, à travers une énième sortie ce jeudi 20 mars, a à nouveau appelé l’attention du président de la transition sur «les aspects sociaux, économiques et, globalement, humains» de cette affaire plongeant des pères et mères de famille dans une situation pour le moins préoccupante : «Monsieur le président de la transition, chef de l’État, depuis quatre mois déjà, des milliers de familles gabonaises, vos compatriotes, hommes, femmes, enfants, jeunes et personnes âgées, personnes vivant avec un handicap ne perçoivent plus un salaire leur permettant de vivre dignement dans leur propre pays, du fait de la fermeture arbitraire des entreprises de la Holding HPO & Associés.»
«Monsieur le président de la transition […] dès vos premières apparitions publiques, au lendemain de ce que vous avez qualifié d’opération «Sauver la Nation», vous vous êtes présenté comme un fervent catholique confirmé et assumé. Pour la première fois, dans l’histoire politique du Gabon, vous avez doté la présidence de la République d’une aumônerie catholique. L’UDIS attend que la dignité de la personne humaine, premier principe constant de la doctrine sociale de l’Église catholique, soit effectivement respectée, protégée et traduite dans les faits au Gabon. Voici le moment favorable. «Opiangah Gate» vous donne l’opportunité providentielle de pouvoir authentiquement restaurer et sanctuariser de manière définitive la dignité des Gabonais. Vous passerez ainsi de la parole aux actes», exhorte le parti qui s’inquiète du silence du général Brice Clotaire Oligui Nguema depuis le début de cette affaire, y compris en sachant les conséquences de la fermeture de la holding.
Restaurer la dignité des uns et non celle des autres ?
«À l’aube du 30 août 2023, vous avez promis, la main sur le cœur, de restaurer la dignité du peuple gabonais. Qu’en est-il de la dignité de ces milliers de Gabonaises et Gabonais, employés de la Holding HPO & Associés ? Ces compatriotes sont-ils des exclus, des laissés pour compte, des parias de votre auguste volonté de restaurer la dignité de vos compatriotes ? Ces milliers d’emplois directs et indirects ne méritent-ils pas d’être sauvegardés au nom de la restauration de la dignité des Gabonais ? Existe-il une restauration de la dignité pour les uns et non pour les autres ? Monsieur Hervé Patrick Opiangah et les milliers d’employés de la Holding HPO & Associés appartiennent-ils à un peuple autre que le peuple gabonais ? Leur cas n’est-il finalement qu’un non-événement, sans aucune espèce d’importance pour notre société et pour notre économie ?» questionne l’UDIS qui se dit inquiète face au silence qui lui est opposé par le chef de file du CTRI en dépit de ses nombreuses interpellations.
«Quel père de la Nation souhaitez vous être en vous montrant froid, flegme, insensible et indifférent à la détresse des vos compatriotes, hommes, femmes, enfants et vieillards ?» adresse-t-elle à Oligui Nguema.
Au Gabon, la Holding HPO & Associés comprend, entre autres, la Sogada active dans le secteur de l’agro-alimentaire, TRYAM, dans le transport des hydrocarbures, SGPT-Transport, SGTP BTP, SGPT-Mines, dans le secteur des mines et des carrières, SCI Moukouti, dans le domaine de l’immobilier et Médical Pro, dans le secteur de la santé.

1 Commentaire
Dans un pays fonctionnel, une holding ou une entreprise de cette envergure ne devrait pas être fragilisée par les ennuis judiciaires ou la fuite de son promoteur. Opiangah adopte une posture irresponsable et contraire à l’éthique en prenant ses employés en otage pour exercer un chantage sur le pouvoir.
Doit-on comprendre que, si un accident survenait et qu’Opiangah venait à disparaître, ses entreprises et leurs employés seraient condamnés au naufrage ? Cela n’a aucun sens. Il n’a aucune expertise irremplaçable qui justifierait qu’une telle structure repose entièrement sur lui.
Si le blocage vient de l’État, qui tarde à activer les mécanismes juridiques appropriés dans ce type de situation, il doit assumer ses responsabilités. Si, en revanche, c’est Opiangah lui-même qui entrave la situation, il démontre un opportunisme indigne d’un homme de son rang, révélant ainsi un profond mépris pour son pays et son peuple.
Opiangah doit cesser d’instrumentaliser ses employés et ses entreprises dans ce conflit et adopter une attitude digne et patriotique.