Dans la province du Moyen-Ogooué, un membre de la délégation spéciale en charge du Conseil départemental de l’Ogooué et des Lacs a été épinglé pour exploitation forestière illégale aux abords du lac Oguemoué. C’est dans le cadre d’une mission conjointe menée par l’administration des Eaux et Forêts, la Police judiciaire de Lambaréné, appuyée par l’ONG Conservation justice. L’affaire implique également son fils et sa fille.

Un aperçu du bois pris illégalement. © D.R.

 

Dans la province du Moyen-Ogooué où entre les mois de juin et juillet 2024 l’administration des Eaux et forêts, la Police judiciaire de Lambaréné, appuyée par l’ONG Conservation justice menaient une mission conjointe dans les zones de Mpoundou et Bingovion, un membre de la délégation spéciale en charge du Conseil départemental de l’Ogooué et des lacs a été impliqué dans une affaire d’exploitation forestière illégale. Dans le cadre de cette mission qui a permis de mettre en lumière des infractions sérieuses en matière d’exploitation forestière dans cette partie de la province du Moyen-Ogooué, ce membre du Conseil départemental a été accusé d’exploitation de bois sans titre, de coupe et enlèvement d’essence sans autorisation de l’administration et de manœuvre frauduleuse.

Il utilisait subtilement son fils et sa fille

Pour contourner la loi en vigueur et brouiller les pistes de son implication dans les demandes d’autorisation pour la coupe et le sciage de long, indiquent des sources autorisées, il utilisait subtilement des membres de sa famille, dont sa fille et son fils, comme bouclier administratif. Les quantités exploitées de manière plus industrielle qu’artisanale dépassaient largement celles prévues par la loi. À Mpoundou et Bingovin, des fûts contenant du réservoir, une barge, deux machines de type Caterpillar 528, une scie mobile de type Lucas Mill, des preuves de nombreux bois abattus (souches) et des planches, lattes et chevrons ont été trouvés en plus de la constatation d’un total cumulé de 268,444 m³ de bois sciés par l’équipe de la mission sur les différents sites contrôlés.

Selon ces sources, le fils du conseiller départemental a obtenu une autorisation de coupe de bois pour le sciage de long dans la zone d’usagère du village Aschouka, qui a par la suite été cédée à son père. La fille quant à elle n’avait aucune autorisation de coupe de bois délivrée par l’administration des Eaux et forêts, mais aurait poursuivi l’exploitation avec la permission de son père et en violation du Code forestier. Certaines indiscrétions notent d’ailleurs que cette exploitation illégale explique probablement aussi pourquoi les demandes de forêt communautaire par les communautés organisées n’ont pas abouti. N’eût été la diligence des communautés locales réunies au sein de l’Association des communautés du Lac Oguemoué (ACLO), cette exploitation illégale aurait perduré.

Le rôle de l’Association des communautés du Lac Oguemoué

En quête de justice, l’ACLO et l’ONG Conservation justice ont pour ainsi dire, dénoncé les auteurs de ce trafic. Alors que de précédentes enquêtes n’avaient pas été menées à terme, celle-ci les a conduites au tribunal. Les parties attendent d’ailleurs de la justice de Lambaréné «une décision forte pour servir d’exemple, renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance des ressources naturelles». «Ce que nous recherchons se situe dans une exploitation responsable des ressources naturelles de notre lac au bénéfice des communautés locales résidentes et aussi pour les générations futures», a déclaré le président de l’ACLO, Patrick Bengone. 

«Il est remarquable que l’association ACLO et les coopératives locales autour du Lac Oguemoué soient aussi bien organisées pour mener une gestion durable de leurs ressources naturelles et chercher à protéger ainsi leur environnement. Nous ne pouvons que les encourager et les aider dans leur lutte», a pour sa part commenté le directeur exécutif de Conservation justice, Luc Mathot. Si le conseiller départemental et sa famille ont cru trouver par leur démarche un sillon pour entreprendre, l’on note que l’entrepreneuriat ne pourrait se faire en violation des droits des communautés et des prescriptions réglementaires. Une affaire qui souligne la nécessité d’intensifier les contrôles par la mutualisation des efforts entre l’administration publique et les associations dans les zones d’exploitation forestière au Gabon. 

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire