Ces dernières semaines au Gabon, les attentions se sont cristallisées autour du projet de Constitution qui divise avec, à la clé, les 801 amendements de l’Assemblée constituante apparus comme le signe de la menace qui plane sur le Gabon. Lors d’une sortie, jeudi 26 septembre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui appelle à tout remettre à plat pour proposer un meilleur texte, l’a dit en toute responsabilité : le projet qui est proposé met la Nation gabonaise en grave danger ! Craignant un autre coup d’État, il en appelle à la communauté internationale.

Alain-Claude Bilie-By-Nze s’exprimant le 26 septembre 2024 à Libreville. © GabonReview

 

Prendre le temps de la réflexion afin de regarder à travers «l’âme de la Nation», la menace imminente que le projet de Constitution voulu par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), fait planer sur notre vivre-ensemble, en l’agressant, de par nombre de ses dispositions. C’est l’appel voulu lucide, du dernier Premier ministre d’Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze. Lors d’une sortie le 26 septembre, l’homme a démonté ce projet qui divise. «L’heure est grave, notre Nation est réellement en danger !» a-t-il alerté faisant remarquer qu’avant même l’adoption dudit projet, la République gabonaise «se renie implicitement comme entité unique et solidaire».

Bilie-By-Nze nostalgique des pères-fondateurs

Ce qui pour lui, brise le travail abattu par les «pères-fondateurs de la Nation» pour l’unité de toutes les ethnies du pays et les membres des communautés étrangères installées au Gabon. «Les pères-fondateurs avaient compris qu’une Nation que l’on voudrait en harmonie avec elle-même ne saurait se bâtir autrement que sur le mode de l’inclusion», a souligné Alain-Claude Bilie-By-Nze qui note qu’«avec le projet de Constitution du CTRI, il en va différemment». Avec ses frères d’armes réunis au sein de la plateforme Ensemble pour le Gabon, il pointe une vingtaine d’articles qui pour eux, mettent à mal aussi bien le vivre-ensemble que les acquis démocratiques.

Au nombre des articles rejetés, l’article sur l’amnistie accordée aux membres du CTRI, l’article 51 sur le président de la République, l’article 53 sur les conditions d’éligibilité à la présidence de la République. «Cette situation aberrante, qui défie l’entendement, est visiblement l’expression de la volonté d’un homme qui pense, par cette stratégie d’élimination des uns et des autres, s’ouvrir les portes du pouvoir suprême en n’ayant pas de sérieux et réels concurrents dont ceux venant de la diaspora par exemple», a-t-il commenté évoquant tout aussi certaines restrictions de la Charte de la Transition pour dénoncer une mise à l’écart «malsaine et inacceptable» tant elle ne touche pas le président de la Transition.

À bas l’hyper-présidentialisme !

«Aucune donnée juridique ne permet de valider cette triste option», a lâché Alain-Claude Bilie-By-Nze pour qui, le projet de Constitution ne changera rien d’essentiel au mal qui le mine depuis sa rédaction initiale tant estime-t-il, «le but recherché étant toujours le même». Pour le cas d’espèce, «faire du général-président du CTRI le futur président de la République». Il décrit un texte discriminatoire où la séparation des pouvoirs n’est nullement affirmée, favorisant la présence à la tête de l’État l’établissement «d’un président-roi, omniprésent et omnipuissant» : «une personne que même la loi ne pourra arrêter, mais qui sera capable de tout faire, sans rendre de comptes à personne».

Un projet qui conservant et revigorant l’hyper-présidentialisme qui a souvent fait défaut, ruine tous les acquis démocratiques de la Conférence nationale de 1990 et des Accords de Paris de 1994. Pour Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’occasion est donnée de sortir de ces ornières juridiques et politiques pour revenir aux véritables pratiques démocratiques. «Devons-nous accepter que l’ancien régime qu’on prétend combattre se perpétue, en pire, avec tous ses côtés les plus sombres qui ont pour nom : la patrimonialisation du pouvoir, donc une fois encore le règne des copains, des coquins et des consanguins ?» a-t-il interrogé. «Si on s’est trompé plusieurs fois, cela suffit ! On ne peut pas se tromper éternellement !» a-t-il renchéri.

Vers un autre coup d’État ?

«Le consensus ne s’étant pas fait sur le projet proposé, avec plus de 800 amendements pour un texte de 194 articles, il n’est pas trop tard pour mettre la balle à terre», a déclaré Alain-Claude Bilie-By-Nze. Craignant un embrasement il appelle à rectifier le tir et à retirer ce projet dit-il, «mortifère», tout en recherchant «les voies d’élaboration d’un projet plus inclusif et plus démocratique». Il interpelle a CEEAC, l’Union africaine (UA) et les Nations unies (ONU) afin, dit-il, «de nous aider à nous écarter des chemins de la discorde vers lesquels nous conduit le CTRI et de revenir sur le chemin de la concorde, de l’unité et de la fraternité voulu par les pères-fondateurs».

«Si cette chance n’est pas saisie, nous nous souviendrons seulement de cette vérité qui veut que l’armée ne quitte le pouvoir que par le même chemin qui l’y a amené, c’est-à- dire par un autre coup d’État», a prévenu Alain-Claude Bilie-By-Nze qui préfère au lieu de l’amnistie aux membres du CTRI, que soit envisagée une loi spéciale, «à la condition qu’on dise à la Nation les crimes et délits pour lesquels cette amnistie est sollicitée». Avec Ensemble pour le Gabon, il entend lancer une initiative pour permettre aux Gabonais d’avoir un vrai débat sur la nature et l’organisation des institutions qui devront guider le pays pour les prochaines décennies.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Il ne faut pas laisser ACCBN aspirer à l’echec et à la destabilisation de cette periode de transition et à communiquer son venin à davantage de gabonais. Il faut agir avant qu’il ne passe à l’acte ou qu’il inspire et pousse quelqu’un à le faire pour restaurer ce Gabon où la voix du peuple doit être étouffée et sa souveraineté violée.

    « Menace imminente », « Nation gabonaise en grave danger », « malsaine et inacceptable », « côtés les plus sombres », « vers un autre coup d’État ». Si les discours perfides et manipulateurs vont jusqu’à vouloir faire peur aux gabonais, je prie le CTRI de prendre ses responsabilité, Bilie Bi Nze n’est pas plus important que n’importe quel gabonais. Il ont forcé des gabonais qui se battaient pour la dignité de ce pays à le fuir, pourquoi lui qui a été nuisible pendant ce temps et veut continuer à l’etre ne pourrait aussi s’éloigner du Gabon? Il faut obliger ACCBN à choisir entre adopter un ton plus courtois et plus respectueux des gabonais ou se taire. C’est inacceptable ce que ce monsieur fait, guidé par la cupidité. Il donne davantage d’argument pour écarter les dignitaires de l’ancien régime. Personne ne va pleurer.

    Avec Ali Bongo, vous avez fait des modification de lois à huis clos entre pedegistes et quelques opposants triés sur le volet parce que ne représentant rien du tout et soumis au régime. Vous excluez le reste des gabonais parce que vous étiez conscient qu’il aurait été plus difficile de faire des lois taillées pour un seul homme en réunissant les gabonais de toute sensibilité politique, sociale, idéologique, politique, jusqu’aux défenseurs des droits humains.

    Alors vous reprochez quoi au CTRI Bilie Bi Nze, d’avoir réuni des gabonais de toute composante social, politique, culturelle et religieuse de notre pays pour qu’ils disent ce qu’ils veulent pour leur pays que cela plaise aux politiciens véreux ou pas? Dans vos contradictions alors que vous aussi critiquez la légion étrangère aujourd’hui, n’êtes-vous pas celui qui en tant que PM, est allé rencontré les Haussa pour défendre la nomination de Ousmane Cissé? Quel PM avant vous a essayé de manipuler une communauté ethnique de notre pays pour défendre une nomination avant vous?

    Avec tout ce qu’il font, une gouvernance aux résultats négative qui a fait progresser la pauvreté dans le pays, il n’a pas senti de risque de déstabilisation du pays avec l’arrogance et le mépris dont il faisait montre pour défendre l’indéfendable. C’est quand un homme essaie de rassembler des gabonais de tout bord, même ceux qui ne le méritent pas pour avoir trahit leur peuple, qu’il voit un danger. Alors les aspirations des gabonais sont un danger? Mais c’est vous qui les avez rendu dangereux Bilie Bi Nze, c’est vous qui avez voulu manipuler les Haussa de Makokou pour défendre la légion étrangère, c’est vous Bilié Bi Nze qu’on a vu accompagner Alihange faire sa tournée présidentielle qui exaspérait les gabonais. Vous êtes la racine de la fausse maladie de la xénophobie que vous voulez attribuer aux gabonais. Vous ne pouvez donc pas être le remède. Vous êtes un virus qui cherche à muter alors qu’on administre des médicaments pour reprendre son œuvre de destruction du corps qu’est le Gabon et son peuple.

    Vous n’êtes pas digne et vous ne le saurez jamais d’occuper ce rôle de défenseur du Gabon et des gabonais. S’il y avait un véritable danger comme vous semblez vouloir le faire croire, de vrais hommes dignes allait se lever.

    Habitué à l’arrogance et au mépris, apprenez la courtoisie de vous mêmes, l’apprendre du CTRI vous sera déplaisant.

    Et encore les miliataires au pouvoir, l’une des icones de la jeunesse Africaine est Sankara, l’autre Jerry Rawlings. Sauf pour les sorcier, ce sont des modèles de démocratie et de bonne gouvernance. Peut-être pas à votre sens qui veut que la démocratie soit la soumission du peuple dont on étouffe la voix par des gens qui se croient plus indispensables et plus compétents à orienter la vie de la nation parce que sont des carriéristes politique. Trouve toi enfin un métier ACCBN. Tu peux écrire un livre chaque an.

  2. Shaq Hilaire dit :

    Très bonne reponse! Il faudrait écarter ce mec, il est très dangereux pour le Gabon!!

  3. DesireNGUEMANZONG dit :

    Bonjour,

    Notre hymne national est la Concorde. Par définition, cette expression renvoie à un ensemble de personnes ayant une même disposition de cœur, d’esprit et vivant en harmonie. Il ne signifie pas que tout est mieux dans le meilleur des mondes possibles. Cette vision panglossienne dénature le sens même de la Concorde.

    Car, la Concorde c’est aussi (d’abord) la coexistence de désaccords en (par) principe transformés en œuvre commune. C’était le fondement du DNI. Ce qui est
    triste dans la démarche de Monsieur l’ex 1er Ministre 200 jours (*), c’est qu’ils n’a pas l’esprit de la Concorde. Il imagine un monde (un pays) dans lequel il serait Président de tous les « ganbanais.es » (**).
    Sans forcément demander leur avis. Si Monsieur l’ex 1er Ministre 200 jours est aussi brillant, alors il peut envisager une carrière internationale. Casimir Oyé Mba était Banquier avant d’être 1er Ministre. Jean Ping a été à l’OUA. D’autres ont fait carrière dans les programmes internationaux (Unesco, la Francophonie, etc.).

    Ces « jactances ejaculatoires » (ce n’est pas mon expression) ne sont pas à la hauteur du débat actuel et révèle au grand jour quelles étaient les intentions de ce loufoque.

    Le Général B.C Oligui Nguema est un « cheval de course » (au sens noble du terme). Quant à Monsieur l’ex 1er Ministre 200 jours, c’est un « âne ». D’un âne, tu ne feras jamais un cheval de course. Avec le premier, on peut discuter. Car il est à l’écoute des gabonais.es. Avec le second, il faut négocier. Parler avec des gestes. Peut-être est-il « sourd et aveugle ».

    Non Monsieur, la République gabonaise n’est pas en danger !!! C’est vous la menace. Le serpent à « sornettes ».

    En toute cordialité.

    (*) On m’a fait remarqué qu’il a été 1er Ministre. Et qu’il ne saurait être un politicien d’alcôve. (**) Fait référence au film gabonais « Demain un jour nouveau ».

Poster un commentaire