Nomination des sénateurs : Une impression de surplace
Entre militants zélés, alliés à la docilité légendaire et vieux chevaux de retour, les 15 sénateurs nommés ne sont réputés ni pour leur indépendance d’esprit ni pour leur abnégation. Face à ces doutes légitimes, il leur appartient de s’illustrer par leur talent.
Régénération et revitalisation : quand un parti au pouvoir brandit des principes, les institutions doivent le ressentir. Dans leur organisation, leur fonctionnement et leur composition, elles doivent s’en trouver bonifiées. Avec le Parti démocratique gabonais (PDG), il n’en est rien. Elections après élections, les résultats sont connus d’avance puis contestés. Nominations après nominations, les choix sont toujours aussi contestables. Au gouvernement, dans la haute administration et même au Parlement, des personnalités aux profils douteux, à la réputation sulfureuse ou aux états de service inconnus se succèdent. Si la volonté d’insuffler une nouvelle énergie s’est parfois ressentie, la pratique politique est restée la même. Cette impression de surplace s’est de nouveau ressentie au lendemain de la publication de la liste des 15 sénateurs nommés par le président de la République.
La rencontre des opportunismes
Entre zélateurs et vieux chevaux de retour, cette liste n’augure aucune respiration démocratique. Entre des militants historiques ou des Sabras du PDG (Pierre Sockat, Daniel Obame Ndoumou, Cyriaque Mvourandjiami, Steeve Ndzegho Dieko, Alain Bouka Maganda, Rosine Mawanga, Pauline Gnimi Mambo), et des alliés dociles (Jean-Claude Ivala), elle n’est pas une fenêtre ouverte sur la société. Elle reflète plutôt la convergence des conservatismes. Entre des adeptes de combinazione ou habitués des volte-face (Jean-Victor Ndouma Mbadinga, Berthe Mbené Mayer, Marie-France Lengoungou Moupassi) et des anciens ministres (Honorine Nzet Biteghé), elle n’est pas non plus un gage d’ouverture sur les préoccupations de l’époque. Elle formalise la rencontre des opportunismes. Pourtant, des militants associatifs œuvrant à la promotion de la bonne gouvernance, des universitaires réputés pour la qualité de leurs travaux ou des représentants de corps intermédiaires auraient permis d’envoyer un tout autre message.
Loin de tout argumentum ad personam, cette liste ne contribue nullement à la lisibilité de la dernière révision constitutionnelle. Y transparaît, une volonté de caser des affidés ou d’offrir des récompenses pour services rendus. Sur les 15 sénateurs nommés, aucun n’est réputé pour son indépendance d’esprit ou son abnégation. Berthe Mbéné Mayer, Honorine Nzet Biteghé et Steeve Ndzegho Dieko auraient pu être rangés dans cette case. Mais, la première s’est jadis hissée à la tête de la mairie de Lambaréné par un curieux arrangement avec le PDG. Pis, malgré quelques idées lancées à l’emporte-pièce, elle n’y a pas laissé un souvenir impérissable. Renonçant à son engagement associatif, la deuxième a adhéré au PDG à la veille de la présidentielle de 2016. Quant au troisième, il apparaît comme un intellectuel organique : à longueur de publications diverses, il met son statut d’universitaire au service de la légitimation du régime, quitte à faire entorse à la vérité ou à la rigueur scientifique.
Plus-value recherchée
À un moment ou à un autre de leurs carrières respectives, ces 15 personnalités ont bénéficié du goût prononcé du PDG pour les manœuvres d’arrière-cour. Certaines d’entre elles sont réputées pour leur proximité politique ou familiale avec des barons actuels ou déchus du régime. D’autres sont des déçus du suffrage universel, battues lors des élections couplées de 2018, puis repêchées grâce à ces nominations. En aucun cas, il ne s’agit d’hommes et de femmes reconnus pour leur seule expertise technique ou leur rigueur intellectuelle et morale. « Nommer certains sénateurs, c’est offrir au Sénat, et par extension au Parlement, la possibilité d’un surcroît de compétence et d’expérience dans des domaines sur lesquels le pouvoir législatif est appelé à se prononcer », argumentait pourtant Ali Bongo, le 05 janvier dernier. On peut aujourd’hui se demander si cette préoccupation a vraiment guidé le choix de ces sénateurs d’un type particulier.
Face à ce doute légitime, il appartient aux heureux nommés de confondre l’opinion. Il leur revient de s’illustrer par leur talent, leur engagement et la pertinence de leur action. Sur l’analyse technique des lois, comme sur le contrôle de l’action gouvernementale ou le consentement de l’impôt, leur apport sera soupesé. En clair, leur plus-value sera recherchée. A la légitimité populaire de leurs nouveaux collègues, ils devront opposer un savoir, un savoir-faire et un savoir-être remarquables. Autrement, leur présence apparaitra toujours comme une entorse aux fondamentaux de la démocratie. Pour eux, le plus dur commence…
5 Commentaires
Les nominations d’Ali Bongo réfleteront toujours l’inculture, la médiocrité et l’amateurisme de l’homme. Aussi longtemps qu’il sera là, oubliez les compétences, surtout techniques et le slogan l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. À la place de la légitimité populaire, le pouvoir de ce loser né reposera à jamais sur le clientélisme et le nombrilisme. Si les acteurs indépendants se résignent souvent à adhérer au pdg pour exister c’est à cause de la culture de parti unique, qui perdure au PDG qui confisque le pays et met la majorité de nos élites les plus brillantes au banc de touche à cause de l’incapacité des Bongo a permettre et supporter des débats éclairés salutaires pour notre pays.
Ah! si vous saviez à quel point je brûle d’envie de voir tous ces vieux être punis par la vie…
Pas de méchanceté envers qui que ce soit. Mais que justice soit rendue simplement. Ce n’est pas parce que ces gens sont d’une cruauté inssuportable qu’il faut agir comme eux. Oeil pour oeil, dent pour dent (la loi du talion) est obsolète. Vivons avec not re temps. Et montrons à ces « sauvages » que nous ne sommes pas comme eux.
Si Ali Bongo vivait encore, il mériterait bien d’être poursuivi en justice pour crimes – vols – usurpations – etc. Et au terme de ses procès, je ne serai toujours pas pour une sentence de mise à mort. Qu’il soit même bien traité en prison (et dans une prison même moderne). Nous devons montrer à ces gens que nous avons une culture de la VIE différente dans la leur.
Mais quelque chose me dit que ces pantins n’ont fait qu’obéir aux ordres de leur maître (la France). Et j’en suis convaincu pour avoir passé plus de trente ans dans la contre ingérence. La politique de la France vis à vis Dr nos États d’Afrique zone CFA, c’est de nous laisser dans cet éternel état de dépendance vis à vis d’elle. C’est de nous faire croire qu’on ne peut se passer d’elle. Elle s’accapare de nos richesses et nous les redistribue comme si nous étions des éternels mendiants.
Je suis pour le départ de tous les pantins présents encore en Afrique. Mais il est bon aussi de savoir que certains d’entre eux détiennent énormément de secrets d’hommes politiques français qui pourraient leur être préjudiciable.
Si le pauvre Kabore Roch Marc devient désormais un pantin du Quai d’Orsay, il ne le devient pas par envie. Il n’a pas tout simplement de choix. En acceptant le jeu de ces hypocrites français, vous verrez que le terrorisme disparaîtra bientôt au Burkina Faso. Car ce terrorisme est nourri par ces mêmes français pour continuer à avoir la main mise sur nos économies.
Je suis totalement convaincu qu’une fois débarrassé du clan Bongo-Valentin, voir Sassou au Congo voisin aussi, nous n’aurons gagné qu’une bataille, mais malheureusement pas encore la guerre.
Le véritable cancer du Gabon et du reste de l’Afrique zone CFA, s’appelle France. Les Bongo et autres pantins ne sont que des métastases.
Relisons « En attendant le vote des bêtes sauvages » d’Ahmadou Kourouma
Bjr. Du déjà vu. Amen.