Érigé spontanément et dans la douleur par les parents des victimes en attente de réponses, servant ensuite de lieu de ralliement au peuple gabonais désirant rendre hommage aux victimes du naufrage du navire Esther Miracle et  réconforter les familles endeuillées, le  «lieu du deuil» et de recueillement devenu pendant quelques jours le centre névralgique de Libreville a été entièrement démantelé le week-end dernier. À l’entrée du quai d’où était parti le bateau, seuls les restes des bougies brûlées, les fleurs flétries et les tableaux portant les photos et les noms des morts et des disparus rappellent une récente activité sociale et spirituelle intense. 

Quelques restes de la sorte de chapelle ardente spontanément fait pour rendre hommage aux victimes du naufrage de l’Esther Miracle. © Gabonreview

 

Avant le week-end dernier, les tentes et tous le dispositif érigés sur l’esplanade, à l’entrée du quai du Port-Môle, commençaient à être démantelés. Du samedi 18 et au dimanche 19 mars, le reste de ces installations amenées par de bonnes volontés et même par le gouvernement, s’inscrivant dans le cadre de l’élan de solidarité face à ce drame national, a été définitivement démoli. Ce, au grand dam des familles des victimes et des rescapés exigeant un lieu où poursuivre leur recueillement, en attendant la fin des recherches et même d’hypothétiques survivants parmi les leurs. 

De passage, ce mardi 21 mars, à cet endroit fréquenté durant la dernière semaine par la quasi-totalité de la population de Libreville, le brouhaha, les prières, les accolades, la chaleur humaine… ont fait place à un vide indescriptible. Si quelques fleurs altérées, la cire des bougies brûlées, les photos placardées sur les contreplaqués et les noms des disparus de l’Esther Miracle sont encore au même endroit, devenu «lieu de deuil», de prières et de recueillement, tout a été enlevé pour permettre une reprise des activités économiques habituelles des lieux.

© Gabonreview

Lors du passage des membres du gouvernement, le 18 mars dernier, les rescapés et les membres des familles des disparus laissaient déjà entendre qu’ils ne voulaient pas quitter les lieux. «Nous ne voulons pas quitter le Port-Môle. Laissez-nous cette place pour nous recueillir jusqu’à nouvel ordre», imploraient les naufragés survivants. Selon certains d’entre eux, l’affréteur de l’Esther Miracle, prétextant que ses comptes étaient gelés et, partant, son incapacité de continuer à payer les 490 000 francs journaliers pour une tente, avait décidé de l’enlever. De même que le gouvernement suggérait à tous de se déporter vers le siège de la Croix Rouge au centre-ville pour se faire enregistrer, entre autres. Les choses se sont accélérées le week-end dernier.

À ce jour, seules les forces de l’ordre et de sécurité aux effectifs réduits, les membres des familles des disparus et quelques rescapés se retrouvent encore au Port-Môle. «Le gouvernement a demandé de tout enlever. On ne pouvait pas faire autrement», regrette un visiteur surpris du nouveau décor. Reconnaissant qu’il est bien question d’un «drame national», il convient qu’«il faut continuer à vivre». «Il y a des gens qui ont des boutiques qui étaient fermées pendant tout ce temps au Port-Môle. Il faut bien qu’ils vivent. La vie est devant et non derrière», conclu le visiteur, compatissant davantage pour les victimes et leurs familles.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire