Mouvement antivax covid : Guy-Patrick Obiang «se moque» de la grogne

Face à la levée de boucliers contre la vaccination obligatoire anti covid-19 au Gabon, le ministre de la Santé a semblé répondre par le mépris. Sourire narquois et sans pour autant se rendre compte de ses propres contradictions, Guy-Patrick Obiang a estimé que «la grogne dans la rue» n’est que virtuelle, tant son «téléphone est saturé par des gens qui veulent se faire vacciner». Il évoque une tendance mondiale à laquelle le Gabon compte s’aligner antivax ou pas.

Guy-Patrick Obiang lors de la conférence de presse du 9 novembre. © D.R.

Il n’aura sans doute pas échappé à l’opinion et certainement pas au gouvernement directement interpellé, que ces dernières semaines sont particulièrement animées par des antivax. En clair, depuis que le gouvernement a conditionné l’accès de certains espaces publics par la présentation d’une carte de vaccination ou d’un test PCR négatif à jour, dès le 15 décembre, des voix distinctes dénoncent une obligation vaccinale insidieuse et appellent le gouvernement à revoir sa copie. Va-t-il s’y atteler ? Le ministre de la Santé a semblé répondre par la négative lors d’une conférence de presse du Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre la pandémie à Coronavirus (Copil), le 9 novembre.

Alignement de mots…

«La grogne dans la rue, c’est plus une grogne virtuelle qu’une grogne réelle», a voulu minimiser Guy-Patrick Obiang. Simple alignement de mots ou véritable trouble de l’expression ? Ceux qui l’ont écouté ont eu du mal à saisir comment le ministre de la Santé conçoit un tel paradoxe, l’évocation de « grogne dans la rue » renvoyant elle seule, à une réalité tangible d’ailleurs vérifiable par les sorties de certaines organisations de la société civile. Ce, dans un contexte coercitif sous-tendu par un état d’urgence interdisant les regroupements de plus de 30 personnes voire les marches dans la rue. En alignant ses mots, le Mr Copil représentait vraisemblablement dans son imaginaire, un mouvement brouillon plus tranchant que les sorties tranquilles de ces derniers jours et son intellect aurait d’ailleurs pu lui donner raison s’il en était resté là.

«Moi mon téléphone est saturé par des gens qui veulent se faire vacciner. Par contre, dans les réseaux sociaux c’est plus la grogne. Donc, il y a quand même un gap important entre la réalité et tout ce qui est virtuel», a-t-il poursuivi. On aurait cru qu’il ferait la démonstration des manifestations qui s’inventent sur la toile mais non, il a préféré rendre compte de sa propre réalité virtuelle qu’il semble prendre pour la seule vérité. A moins que son téléphone soit révélateur de la réalité gabonaise, la réalité actuelle donne raison aux antivax.

8 mois après le début de la vaccination dans le pays qui compte vacciner au moins 50% de sa population d’ici fin décembre, on parle d’un taux de couverture vaccinale complète d’à peine 10,6%.

Le Gabon ne fait que suivre la tendance

Plusieurs de ceux qui ont pourtant eu leur 1^e dose de vaccin, se rétractent pour la suite. Le pays a initié des campagnes de vaccination mobiles dans le Grand- Libreville, rien n’y fait. Une campagne intensive est d’ailleurs prévue à partir du 15 novembre et là où certains lisent clairement le rejet de cette vaccination et le harcèlement du gouvernement, Guy-Patrick Obiang parle d’adhésion. «Nous avons moins de « vaccino septiques » et plus de « vaccino adhérents »», s’est-il réjoui. Réitérant tout de même que «la vaccination est fortement recommandée, la vaccination n’est pas obligatoire au Gabon», il assure qu’en recommandant « fortement » la vaccination, le Gabon ne fait que suivre la tendance mondiale. En clair, ce qui se fait dans le pays n’est qu’une pâle copie de ce qui se fait à l’extérieur. Nos réalités propres importent peu.

«C’est une tendance mondiale aujourd’hui. On n’invente pas la roue. Regardez même dans les plus grands pays, la présentation du pass sanitaire est vivement recommandée et devient obligatoire dans les établissements publics et privés», a-t-il argué. Guy-Patrick Obiang est convaincu que la vaccination de la population permettra de mieux atténuer dans le pays, l’impact sanitaire de cette pandémie. Grogne virtuelle ou dans la rue, le gouvernement est bien décidé à rester dans la tendance. Il se moque de l’opinion des antivax.