Relogées depuis février dernier dans, soi-disant, un meilleur cadre de vie dans la cité minière, les populations des quartiers Leyima et Lekolo estiment que les maisons offertes par la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) ne sont pas de bonne facture. Elles réclament de nouveaux logements dans la dignité humaine et se sont attaché les services d’un avocat.

Gaétan Ernest Ayami, président du Regroupement des autochtones de Leyima (à droite) et l’avocat du collectif, Me Thierry Nguia, le 27 septembre 2024. © GabonReview

 

À Moanda, la construction de 417 logements permettant de relocaliser les populations des quartiers Leyima et Lekolo, situés dans le périmètre minier de la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), a été livrée le 9 février dernier lors du passage de président de la Transition dans la ville minière. À la cité Lekolo 2, nouveau quartier destiné au relogement de plus 2500 personnes localisées dans le périmètre minier, on dénombre 417 maisons en matériaux durables, sur des parcelles de 400 m² chacune pour un coût global du lotissement de près de 19 milliards de francs CFA, entièrement financés par l’entreprise minière, avec l’appui de l’État gabonais.

Quelques mois après l’inauguration de cette aire de vie, le Regroupement des autochtones et futurs déguerpis de Leyima ont tenu à faire la lumière sur le différend qui leur oppose à la société Comilog, filiale du groupe Eramet. Il y a que, pour aboutir à la réalisation finale de ce projet dont les premières réflexions remontent à 2007, il a fallu 4 inventaires, de 2012 à 2019, concernant les biens sur les sites de Leyima et Lekolo, par des cabinets indépendants et un cahier de charge avait été établi. «À ce jour, ces promesses n’ont pas été réalisées par la société Comilog qui induit plutôt en erreur l’opinion nationale et internationale en laissant croire qu’elle mène des actions RSE alors qu’il n’en est rien en réalité», a déclaré Gaétan Ernest Ayami, président du Regroupement.

Au regard des manquement constatés, selon le président du regroupement des populations concernées, s’ajoute une kyrielle de griefs liés à l’expropriation et surtout des violations des droits de l’homme. «Il faut le dire clairement.  Ce que nous revendiquons ce n’est nullement de la RSE prétexté par la Comilog qui suppose l’amélioration du cadre de vie des populations locales. Mais, un droit reconnu par la loi, notamment le Code minier et ses textes d’application qui prévoient une indemnisation ou un logement compensatoire avant l’effectivité de l’expropriation, à la charge du titulaire du titre minier», a fait savoir le leader associatif, rappelant qu’il est question d’un droit légitime et non de l’aumône. Il s’agit, de son point de vue, de réclamer la dignité humaine de ceux qui sont affectés par le déguerpissement entrepris par Comilog.

Après plusieurs démarches administratives auprès des autorités, l’affaire est désormais en justice au tribunal de Première instance de Franceville, en contestation des travaux de relogement ayant été initiés de façon unie latérale. «Mon client a été malmené, humilié injustement sur fond de mensonge et la Comilog a gardé cette posture qui est une posture erronée sur la réalité juridique de ce qui se passe là-bas. Car, il ne s’agit pas d’une RSE. Il s’agit d’une expropriation pour cause d’utilité publique», a précisé Me Thierry Nguia, avocat du Regroupement. D’après lui, avec l’autorisation du tribunal il a été envisager une phase de tentative à l’amiable.

 
GR
 

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