Meeting interdit de Bilie-By-Nze à Oyem : Quand les partisans d’Oligui ressuscitent les méthodes Bongo
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À deux mois de l’élection présidentielle, le délégué spécial d’Oyem Jean Christophe Owono Nguema, fervent soutien du président de la transition, vient d’interdire un meeting de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Cette décision, qui s’appuie sur une loi héritée du régime Bongo, réveille les vieux démons de l’autoritarisme politique au Gabon et interroge la sincérité démocratique de la transition militaire.
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L’intransigeance administrative de Jean Christophe Owono Nguema à Oyem trahit soit son incompréhension, soit son mépris des promesses démocratiques de son ‘’mentor’’ Oligui Nguema qu’il a appelé, le 21 décembre dernier, à se porter candidat à la toute prochaine élection présidentielle. © Agence Gabonaise de Presse
Le délégué spécial d’Oyem, Jean Christophe Owono Nguema, a interdit une réunion publique de la plateforme ‘’Ensemble pour le Gabon’’ présidée par Alain-Claude Bilie-By-Nze. La raison invoquée est que la demande de réunion publique n’était pas signée par au moins trois organisateurs, conformément à la loi n°001/2017 sur les réunions publiques.
Le spectre des pratiques anti-démocratiques plane sur la transition
Dans sa lettre datée du 11 février 2025, le délégué spécial cite explicitement les articles 6 et 7 de ladite loi : «Toute réunion publique est précédée d’une déclaration […] Cette déclaration doit être signée par au moins 3 des organisateurs.» Il précise également que «les déclarants doivent jouir de leurs droits civils et politiques» et sont tenus d’indiquer «l’objet, le lieu, le jour et l’heure ainsi que les noms, qualités et domiciles.» Sur cette base, il conclut être «au regret de ne pouvoir donner satisfaction à votre demande, pour non-conformité de votre déclaration aux dispositions de la loi n°001/2017 du 3 août cité supra.»
Si cette décision administrative s’appuie sur la loi n°001/2017 relative aux réunions publiques, elle n’apparaît pas moins comme particulièrement rigide dans un contexte où le pays se prépare à une échéance électorale majeure, prévue pour le 12 avril 2025. L’inflexibilité administrative dont fait preuve le délégué spécial, pourtant fervent soutien du président de la transition Brice Oligui Nguema, contraste singulièrement avec les promesses de renouveau démocratique portées par le régime de transition.
Une transition démocratique à géométrie variable
L’interdiction du meeting d’Oyem s’inscrit dans une inquiétante continuité historique. Elle fait écho aux obstacles systématiquement dressés contre les opposants politiques dans certaines provinces du pays, notamment dans le Haut-Ogooué, où des figures comme André Mba Obame, Jean Ping et Barro Chambrier ont vu leurs activités politiques entravées par le passé.
Le cas de Bilie-By-Nze est d’autant plus révélateur qu’il illustre les défis auxquels font face les anciens dignitaires du régime Bongo dans leur reconversion politique. Depuis sa démission du PDG en novembre 2024, l’ancien Premier ministre tente de se positionner comme une alternative crédible, critiquant ouvertement la junte militaire au pouvoir. Sa tournée «ACBBN Gabon Tour» est un test important et décisif pour la tolérance politique du régime de transition.
Le recours à des arguties administratives pour entraver l’expression politique rappelle les pratiques les plus contestables de l’ère Bongo. Si le respect de la légalité est indispensable en démocratie, l’application rigide de dispositions techniques, particulièrement en période pré-électorale, peut être perçue comme une forme de musellement politique. Le délégué spécial d’Oyem aurait pu faire preuve de souplesse administrative, privilégiant ainsi l’esprit de la transition démocratique sur la lettre d’une loi héritée de l’ancien régime.
Cette situation révèle crûment la contradiction fondamentale qui traverse la transition gabonaise : comment concilier le maintien de l’ordre légal avec les aspirations démocratiques proclamées ? La réponse à cette question déterminera largement la crédibilité du processus électoral tout proche et, au-delà, la sincérité des promesses des autorités de la transition et même l’avenir démocratique du Gabon.
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8 Commentaires
« La raison invoquée est que la demande de réunion publique n’était pas signée par au moins trois organisateurs, conformément à la loi n°001/2017 sur les réunions publiques ».
Si l’oiseau oubli le piège, le piège n’oublie jamais l’oiseau…
Tel est prit dans ses propres turpitudes…
Les anciens PDGistes devenus opposants ont laissé des pièges qu’ils ont oublié de désactiver; les nouveaux maîtres des lieux vont se régaler.
Sans être un partisan de ACBBN ou du CTRI, je constate avec amertume un recule démocratique dans notre pays. J’aurais aimé voir l’attitude du Grand Nord face à M. Alain Claude BILIE-By-NZE.
Bien que contestable, ACBBN est victimes des lois qu’ils ont eux même validée pendant qu’ils étaient au pouvoir.
Transition ou pas, il faut respecter les dispositions légales en matière de réunion publique.Ce n’est pas M.OWONO Nguéma qui a écrit la loi. Nous avons un problème dans ce pays avec la loi et l’ordre, chacun veut s’y soumettre quand cela convient aux intérêts du moment. La loi doit ëtre respectée en tout lieu et en toute circonstances, c’est tout.
Il faut respecter la loi, c’est certain. Mais en l’espèce il aurait peut-être été mieux de demander à l’organisateur de régulariser sa déclaration au lieu de la rejeter. On aurait ainsi concilier l’exigence de légalité avec la protection des libertés publiques. Le rejet de cette déclaration laisse vraiment planer un doute sur la neutralité et les intentions du Délégué spécial. Surtout que ce monsieur a appelé publiquement à la candidature du Président de la transition.
Il y a aussi le journalisme qui pose problème dans ce pays. La loi est dure mais c’est la loi. L’incohérence et la rigidité de cette loi doit être reproché à l’ancien régime dont Bilié Bi Nzé était l’un des pivot. On ne peut pas parler d’injustice lorsque que celui qui le submit fait partie de ceux qui l’ont mis en place. Pour rester cohérent lorsqu’on s’attend au respect des lois il s’agit ici de demander au CTRI de faire sauter cette disposition et non de l’appliquer contre ceux qui l’ont mis en place et méritent de la subir. Aussi longtemps qu’elle existe elle doit être appliquée contre les barons l’ancien régime. Sinon militer pour faire sauter.
Gayo,
Je pense qu’il faut parfois sortir du tout « dura lex sed lex » et apprécier les vices au cas par cas. Certains, comme celui exposé dans l’article, ne me paraissent pas substantiels au point de fonder un rejet. C’est quand même dommage que l’exercice d’une liberté publique soit compromise pour ces personnes à cause d’un vice de forme aussi peu grave, surtout que la déclaration, si j’ai bien compris, identifie au moins un organisateur. S’il n’y avait pas eu renseignement d’au moins un organisateur, j’aurais pu comprendre le rejet. Et même là je me dis qu’il suffit d’adresser une demande de régularisation à faire dans un délai indiqué. S’il n’ y avait pas eu renseignement des lieux et dates, j’aurais pu comprendre le rejet. Car ces informations doivent permettre la mise en place d’un dispositif de sécurité censé garantir l’ordre public. Mais je me dis, là aussi,qu’une demande de régularisation à effectuer dans un délai indiqué pourrait être adressée au lieu de rejeter la déclaration et d’empêcher ainsi la tenue de la réunion publique. Bref. Ce que je veux dire c’est qu’on aurait pu tout mettre en œuvre pour sauver l’exercice de la liberté publique et restreindre celle-ci seulement si en face on ne fait rien pour se conformer à la loi. Car dans une démocratie (c’est ce que le Gabon aspire à être), la liberté reste la règle et l’interdiction est l’exception.
Quant au fait que la loi doive être appliquée aux barons de l’ancien régime, je dis qu’elle doit l’être à tout le monde. Parce que la loi doit être la même soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse (classique). Cependant, elle ne peut être un instrument pour défendre des chapelles politiques. Et on attend d’une autorité de police administrative, à l’instar de toute autre autorité administrative, qu’elle applique la loin sans colère ni passion. Or, le Délégué spécial, du fait de ses déclarations précédentes et la sévérité avec laquelle il applique cette loi ne donne pas l’impression d’avoir agi « sine ira et studio ».
Cet article somme toute prend position en faveur de ACBBN, mais il faut à un moment donnée dans ce pays resepecter la loi, ACBBN et ses amis d’hier ont laissé eux memes ces lois, alors elles vont s’appliquer à eux, c’est tout. il n’y a pas d’exigence à concilier la loi c’est la loi. ACBBN aurait repondu à 100% de la sorte s’il était encore au pouvoir.
Qui peut plaindre ACBBN ?
QU’il sente maintenant ce que lui et le PDG ont fait aux autres pendant 56 ans’
L’interdiction est légale . Que ACBBN suive la procedure comme tout le monde!!!