Nouveau phénomène télévisuel qui reconnecte les Gabonais à leurs racines. Initié dans la foulée des programmes de télévision relatives à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le Journal en langues locales de Gabon Première est très bien accueilli dans les foyers gabonais. Il s’agit, pour de nombreux téléspectateurs, d’une innovation mettant en valeur les langues du pays. Mieux, l’initiative envoie les informations jusque dans les tréfonds du pays, tout en encourageant les plus jeunes à renouer avec ces parlers.

Le Journal en langues de Gabon Première est un coup d’essai et de maître que réalise les dirigeants de cette chaine publique. © GabonReview (montage)

 

Pour un coup d’essai, c’est apparemment un coup de maître que réalise le top management de Gabon première, dirigé par Helmut Moutchinga Boulingui. Le Journal en langues locales lancé dans la période de l’organisation de l’élection présidentielle se poursuit désormais sur la première chaîne de télévision nationale. Une initiative de plus en plus appréciée dans la mesure où elle participe de la démonstration de la richesse linguistique du pays, ancre la fierté nationale et décomplexe ces langues. En outre, elle permet aux populations des villages ne s’exprimant pas forcément en langue officielle de suivre les informations.

Une œuvre culturelle inédite de retour aux sources et de réappropriation des langues locales

Bien différencié de la principale édition d’information de 20 heures, le Journal en langues débute juste après, avec un présentateur principal dédié. Autour decelui-ci, se succèdent  à l’antenne, les locuteurs et les reportages en Fang, en Tsogho, Obamba, Ghisir, Nzebi, Kota, Omyene, Téké et en Punu. Une réplique en langues nationales du journal télévisé présenté quelques minutes plus tôt. Ici, les langues les plus parlées et les plus écoutées dans le pays sont mises en exergue. «Au début, j’ai cru que ça n’irait pas loin. Surtout que ça a commencé pendant les élections. Maintenant, je suis en train de me dire que ça va durer pour le bonheur des locuteurs de ces langues», a commenté un locuteur d’une de ces langues.

«Le programme est une œuvre culturelle inédite de retour aux sources et de réappropriation des langues locales», note, pour sa part, un journaliste de l’hebdomadaire Le Temps.

Au fil des jours, ces éditions en langues locales sont devenues des démonstrations de maniement des parlers traditionnels du Gabon. Sur les plateaux, des journalistes professionnels, bien formés et connus du paysage médiatique national, se succèdent pour cet exercice que redoutait plus d’un. «Au départ, on craignait. On avait des appréhensions. On se demandait si on réussira notamment à cause de la traduction du français à nos langues», expliquait l’un des acteurs de cette nouvelle programmation de Gabon Première, ajoutant : «le danger était de se fourvoyer sur les mots et leur correspondance dans ces langues».

Multiplier les émissions dans ces langues nationales

Aujourd’hui, la mayonnaise semble avoir bien pris. Les journalistes chevronnés en langue française manient, à l’écran et avec dextérité, leur langue au grand bonheur de leurs concitoyens. «Ça fait plaisir de voir ce genre d’initiatives et les visages décomplexés de nos journalistes lorsqu’ils s’expriment en langue. C’est à féliciter», a indiqué un observateur.

Le programme permet aussi d’amener le plus grand nombre et particulièrement les jeunes à s’intéresser aux langues nationales. «C’est clair que la télévision sera davantage regardée dans les coins reculés du pays où tout le monde ne parle pas forcément français. Mais c’est aussi un excellent moyen pour encourager le plus grand nombre à se tourner vers nos langues», a salué une institutrice, ajoutant qu’«on doit avoir plus d’émissions en langues comme dans les pays de l’Afrique de l’Ouest».

Espérant que cette initiative s’affine et intègre définitivement les habitudes de consommation de l’information des téléspectateurs au Gabon, les téléspectateurs saluent «l’audace du directeur général de Gabon Première, Helmut Moutchinga Boulingui et des responsables du groupe Gabon Télévisions». «Il faut tirer le chapeau à ce directeur qui a su oser. Maintenant, il faut qu’il multiplie les émissions dans ces langues nationales afin de les valoriser davantage», a souhaité un téléspectateur.

 
GR
 

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