La Cour internationale de Justice (CIJ) a ouvert, le lundi 30 septembre 2024, les audiences publiques sur la délimitation des frontières et la souveraineté des îles entre le Gabon et la Guinée équatoriale. La République de Guinée équatoriale, représentée par 51 membres, dont son procureur général Anatolio Nzang Nguema Mangue, a présenté ses arguments basés sur des titres juridiques remontant à l’époque coloniale.

L’enjeu principal réside dans la délimitation des frontières et non dans la question directe de la souveraineté sur les îles. © GabonReview

 

 

Le lundi 30 septembre 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a entamé des audiences publiques à La Haye concernant le différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale. Cette affaire, qui concerne la délimitation terrestre et maritime ainsi que la souveraineté sur les îles Mbanié, Cocotiers et Conga, a été portée devant la CIJ à la suite d’un compromis signé en 2016 entre les deux nations.

Lors de cette première journée, le procureur général de la République de Guinée équatoriale, Anatolio Nzang Nguema Mangue, a fait valoir que son pays avait exercé une souveraineté continue et pacifique sur les territoires disputés depuis son indépendance en 1968, en se référant notamment à la convention de 1 900 entre la France et l’Espagne. Cette convention, qui délimite les frontières coloniales, aurait été modifiée au fil du temps par des accords bilatéraux entre les deux nations.

Nzang Nguema a souligné que « l’administration continue et exclusive des régions de l’Outamboni et de la rivière Kyé » par la Guinée équatoriale justifiait la reconnaissance de sa souveraineté par la CIJ. Il a également insisté sur la stabilité régionale, affirmant qu’une remise en cause de cette administration pourrait entraîner des tensions inutiles.

Un traité contesté par Malabo

Par ailleurs, la Guinée équatoriale a mis en doute la légitimité d’un traité brandi par le Gabon en 2003 lors d’une réunion bilatérale. Domingo Mba Esono, vice-ministre équato-guinéen des Mines et des Hydrocarbures, a affirmé que la délégation équato-guinéenne n’avait jamais vu ce document auparavant et qu’il s’agissait seulement d’une photocopie non authentifiée. «Depuis plus de 20 ans, le Gabon n’a présenté aucun document original», a-t-il déclaré.

L’avocat de la Guinée équatoriale, Philippe Sands, a fustigé la fiabilité de ce document en qualifiant de « ridicule » la possibilité pour la Cour de s’appuyer sur une simple photocopie non vérifiée. Il a mis en garde contre les dangers de se baser sur des preuves aussi fragiles dans une affaire de cette envergure.

Vers une résolution judiciaire

La Guinée équatoriale n’a pas uniquement demandé à la CIJ de statuer sur la validité de ces documents, mais aussi de prendre en compte les décennies de paix et de coexistence dans la région. L’enjeu principal réside dans la délimitation des frontières, mais pas dans la question directe de la souveraineté sur les îles, comme l’a rappelé Domingo Mba Esono : «Nous sommes convaincus que le jugement de la Cour aidera nos pays à résoudre leurs différends en suspens».

Le Gabon aura l’occasion de répondre à ces accusations lors de la prochaine session prévue pour le mercredi 2 octobre 2024.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire