Mays Mouissi dans l’œil du cyclone : entre règlement de comptes et défaillances institutionnelles
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L’affaire Karpowership et les convocations de ministres par la Commission nationale de lutte contre la corruption (CNLCEI) ont remis au goût du jour des pratiques bien désolantes : médiatisation sélective, opacité institutionnelle et acharnement apparent sur Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie. Alors que les accusations de pots-de-vin se sont révélées infondées, les zones d’ombre entourant cette affaire suscitent des questions sur l’indépendance de la CNLCEI et les motivations réelles derrière ces convocations. Retour sur une affaire qui interroge la crédibilité des institutions gabonaises.
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«Avec autant d’entrées d’argent légales, a-t-on besoin de voler ou de se laisser corrompre ?», interroge le journal La Loupe, résumant ainsi l’ironie et l’absurdité des accusations portées contre Mays Mouissi. [image fictive à titre purement illustratif] © GabonReview
Ayant défrayé la chronique gabonaise en ce début d’année 2025, l’affaire Karpowership continue de susciter des interrogations, notamment en raison de la médiatisation sélective et des zones d’ombre entourant les convocations des ministres Mays Mouissi et Charles M’ba par la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI). Alors que les deux ministres ont été convoqués pour justifier leurs avoirs, l’attention médiatique et institutionnelle semble s’être focalisée de manière disproportionnée sur Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie et désormais ministre de l’Environnement. Cette focalisation, couplée à l’absence de transparence de la CNLCEI, suscite des interrogations sur les motivations réelles derrière cette affaire.
Une médiatisation sélective et des soupçons de règlement de comptes
Le journal La Loupe, dans son édition de ce 7 février 2025, souligne à juste titre que l’affaire Karpowership a été marquée par une «obligation compulsive de dire du mal», une tendance qui semble s’être accentuée dans la vie publique gabonaise. La convocation des deux ministres, initialement confidentielle, a en effet été largement relayée sur les réseaux sociaux et par voie de conséquence dans la presse en ligne, alimentant des rumeurs de pots-de-vin liés au contrat avec la société turque Karpowership. Pourtant, comme le rappelle La Loupe, ces accusations se sont révélées infondées, au regard du silence de la CNLCEI après les auditions.
Le cas de Mays Mouissi est particulièrement éclairant. Alors que Charles M’ba a simplement été invité à récupérer sa fiche de déclaration de biens, Mays Mouissi a subi une audition de plus de six heures, au cours de laquelle il a dû justifier son train de vie. Cette différence de traitement interpelle, d’autant plus que Mays Mouissi, désormais ministre de l’Environnement, ne semble plus directement lié aux dossiers économiques ayant motivé sa convocation. La Loupe relève avec pertinence que cette situation pourrait s’apparenter à un «règlement de comptes», bien que le président de la CNLCEI, Nestor Mbou, soit difficilement suspectable de tels agissements, compte tenu de son parcours et de sa réputation.
Les revenus légitimes de Mays Mouissi : une explication partielle ?
L’analyse de La Loupe apporte également un éclairage intéressant sur les revenus de Mays Mouissi, qui semblent justifier son train de vie sans recourir à des pratiques illicites. Selon notre confrère, l’ancien ministre de l’Économie bénéficiait de revenus substantiels, provenant de diverses sources légales. En plus de son salaire de ministre, Mays Mouissi percevaient des indemnités en tant que président du Conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), ainsi que des primes liées à ses fonctions. Un ancien ministre de l’Économie, cité par La Loupe, rappelle d’ailleurs que «le grand public n’a aucune idée des avantages d’un ministre de l’Économie au Gabon», soulignant que ces revenus, bien que conséquents, sont parfaitement légaux.
Cette explication, bien que partielle, permet de relativiser les accusations portées contre Mays Mouissi. En effet, avec des revenus mensuels estimés à plusieurs millions de francs CFA, il est difficile d’imaginer que l’ancien ministre ait eu besoin de recourir à des pratiques corruptrices pour maintenir un certain train de vie, notamment marqué par une relative boulimie de la pierre, c’est-à-dire une passion pour la construction de maisons. La Loupe note d’ailleurs avec ironie : «Avec autant d’entrées d’argent, a-t-on besoin de voler ou de se laisser corrompre ?»
L’affaire Karpowership : un «pétard mouillé» ?
L’affaire Karpowership, qui a initialement servi de prétexte aux convocations, semble finalement s’être révélée être un «pétard mouillé», selon l’expression utilisée par La Loupe. La société turque a fermement démenti toute implication dans des rétrocommissions, comme le rapporte le journal Échos du Nord Confidentiel : «Les deux ministres présents le jour de la signature n’ont jamais vu, ni avant ni après, aucune personne de KPS ni d’ailleurs aucune personne liée à ce dossier. Aucun montant n’a jamais été rétribué par KPS à aucun Gabonais, ni avant ni pendant ni après la signature de ce contrat.»
La déclaration de Karpowership, relayée par Échos du Nord Confidentiel, indique une absence de preuves tangibles pour étayer les accusations de corruption. Pourtant, la médiatisation excessive de l’affaire a durablement entaché la réputation des ministres concernés, en particulier celle de Mays Mouissi. Une situation qui amène à des interrogations sur l’indépendance et la crédibilité de la CNLCEI, dont les actions semblent davantage motivées par des considérations politiques que par une réelle volonté de lutter contre la corruption.
Une institution en quête de crédibilité
L’affaire Karpowership et les convocations des ministres gabonais ont en tout cas mis en évidence les lacunes de la CNLCEI, dont l’opacité et la partialité ont été largement critiquées. De plus et surtout, l’absence du président de la Commission, Nestor Mbou, lors des auditions, ainsi que le silence de l’institution après les convocations, alimentent les suspicions d’une instrumentalisation politique de l’affaire. Comme le souligne La Loupe, cette situation est d’autant plus préoccupante que la CNLCEI est censée incarner l’intégrité et la transparence dans la lutte contre la corruption.
On pourrait donc déduire que l’affaire Karpowership et les convocations des ministres gabonais remettent au goût du jour une tendance inquiétante à la médiatisation sélective et à l’instrumentalisation politique des institutions anticorruption. Si Mays Mouissi semble avoir été la cible d’un acharnement injustifié, cette affaire souligne également la nécessité de renforcer la crédibilité et l’indépendance de la CNLCEI. Les Gabonais, en quête de transparence et de justice, attendent des réponses claires et factuelles pour rétablir la confiance envers cette institution capitale pour l’avenir du pays.
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3 Commentaires
Quand un gabonais va à la chasse, tout le village se partage le gros gibier. Laissez-nous tranquile. Continuez à bouffer mais apportez-nous eau, Électricité et autoroutes pour qu’enfin il y ait une Classe Moyenne au Gabon et non pas ces richards qui n’ont jamais créé une entreprise mais se partagent l’argent de lÉtat et de tous que l’on déguise sous forme de Fonds Communs, Commissions et salaires ministériels qui défient toute logique. Et pendant ce temps, on est incapable de liquider la dette intérieure et extérieure sans parler des pensions misérables allouées aux pauvres retraités et des rappels de pension au compte goutte pour continuer à s’en mettre plein les poches grâce aux faux calculs du super Ministre des Comptes Publics. L’argent y’en a, n’est-ce pas? Alors arrêtez de nous foutre la poudre aux yeux!
N’est ce pas les manœuvres des extrémistes altogoveens qui résistent au changement visant la transparence, la compétence et la bonne gouvernance et croient que les directions des régies financières sont leurs chasses gardées? Ils ont fait le coup à Mays Mouissi pour faire revenir Emile Doumba (népotisme) du Haut Ogooué et du PDG à travers son fils.
Mon cher Gayo. Ce que vous dîtes se fait parce que nous le permettons, peuple gabonais. Un psycologue disait « Ne dîtes pas pourquoi on me fait ça mais plutôt pourquoi je permets qu’on me fasse ça »