SVT, Physique, Chimie… au Gabon, plusieurs enseignants actuellement en recyclage à Owendo reconnaissent n’avoir jamais dispensé de cours pratiques, car contraints de se limiter à la théorie en raison de l’absence de laboratoires équipés dans la plupart des établissements. Certains sont en fonction depuis plus de 10 ans.

Au Gabon, plusieurs professeurs des matières scientifiques se limitent aux cours théoriques (illustration). © iStock

 

«Ça fait pratiquement 10 ans que j’enseigne, et j’ai fait trois établissements. Sur ces trois établissements que j’ai parcourus, je n’ai jamais pratiqué. Tous les enseignements sont théoriques.» Dans son cas, Anicet Ondo n’est pas le seul. Plusieurs professeurs des lycées et collèges du Gabon dispensant des cours dans les matières scientifiques sont contraints à ne se limiter qu’à la théorie. En cela, la situation dans les établissements de l’intérieur du pays est bien plus préoccupante. La raison évoquée : l’absence de laboratoires équipés en matériel adéquat.

Pour résorber le problème, le ministère de l’Éducation nationale a lancé récemment un séminaire de formation visant à recycler les enseignants. 50 sont inscrits dans le cadre de cette première édition qui a lieu au complexe scolaire d’Igoumié, dans la commune d’Owendo. Il s’agit, une semaine durant, de soumettre les participants aux travaux pratiques et aux méthodes d’investigation et expérimentales pour leur permettre de transmettre ces savoirs aux élèves dans les nouveaux laboratoires mis à disposition, a expliqué Clarisse Anguezome Nguema, inspectrice pédagogique et formatrice.

Pour la ministre de l’Éducation nationale, Camelia Ntoutoume Leclercq, c’est «un retour à la normale» des choses, pour le bien des apprenants. Ces séances de recyclage devraient bénéficier à tous les enseignants du pays, par zones pédagogiques, a-t-elle annoncé.

 

 
GR
 

3 Commentaires

  1. cc dit :

    Incroyable, et ils exercent dans le plus grand des calmes

  2. Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

    Je me souviens avoir eu des cours dispensés en laboratoire au Lycée Quaben de Libreville. En revanche, au lycée Horizon de Tchibanga la réalité était autre. Il y a un gros travail à faire dans nos établissements scolaires en matière d’équipement en laboratoires… et bibliothèques, surtout dans ceux de l’hinterland.

  3. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour,

    Le sujet dont traite Monsieur G.O. Nzuey est le manque criard de moyens pour valoriser l’enseignement des sciences au Gabon. On peut citer, parmi quelques enseignements scientifiques, les mathématiques (science du raisonnement), la physique, la chimie, l’écologie, la géologie, etc. Le lycée technique national Omar Bongo (LTNOB par la suite) était, dans les années 1980, un parfait exemple d’établissement doté de moyens pour expérimenter le savoir théorique dans le domaine scientifique et technique.
    Si la question de la valorisation des matières scientifiques se pose aujourd’hui comme une « équation devenue insolvable », c’est bien parce qu’il y a un problème d’architecture dans la conception de nos établissements. C’est la thèse que je défend à l’appui de ce qui était le modèle du LTNOB. Quand on conçoit un établissement d’enseignement, il ne faut pas se limiter qu’aux salles de classes. Beaucoup d’établissements dans notre pays sont de simples bâtiments les uns à côtes des autres dans un espace défini qui font la fortune de leurs actionnaires (quand ils sont privés). Il faudrait imaginer également une bibliothèque avec des outils informatiques, des installations sportives, un laboratoire d’expérimentation et un laboratoire de langue. C’est une vision très large (pas utopique) qui peut s’avérer utile par ailleurs. Le fait d’envoyer les professeurs en recyclage « permanent » (ou intermittent) est une réponse incomplète au problème de l’enseignement des matières scientifiques dans notre pays. C’est une solution de fait. Une hypothèse. Soit les enseignants ne savent pas valoriser leur matière. Soit ils ne disposent pas de moyens pour le faire. Un exemple dans le domaine technique. Vous enseignez la comptabilité générale (CG ci-après). Il faudrait aussi enseigner les logiciels de CG (enregistrement des opérations comptables, bilan et comptes de résultat) pour être en adéquation avec le monde professionnel. Comme quoi, in fine, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »
    Il y a une crise de l’enseignement et de la formation au Gabon: structure obsolète, manque d’enseignants, problèmes de bourses d’études, etc. La forte privatisation de l’enseignement pourrait créer à terme des inégalités sociales. La migration des profs du domaine public vers le privé peut s’avérer aussi inquiétante. Mais c’est un autre sujet.

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