Mariages et commerce des pagnes: le bon ménage
La tendance, ces vacances dans les rues de la capitale gabonaise, est à ce phénomène qui prend de l’ampleur au fil des années : l’utilisation du pagne dit pour identifier les deux familles qui s’unissent. Une mode importée des cultures d’Afrique de l’Ouest.
Le port du pagne par les Africains, notamment au sud du Sahara, est profondément ancré dans les mœurs. Et cette mode importé de l’Afrique de l’Ouest et des deux Congo a lentement été adoptée par la femme gabonaise qui sait désormais en «faire en faire bon usage». Si la Gabonaise n’arbore que très rarement le pagne en ville, hormis les tenues de couturiers de quartier à base cette étoffe, force de constater que la majorité des cérémonies (mariage, retrait de deuil, célébration d’une naissance etc.) organisées dans le pays ont chacune, son pagne.
Un passage devant une boutique qui vend ces tissus importés, impressionne par le nombre d’étiquettes accolées à certains lots pour rappeler que tel ou tel modèle a déjà été choisi par telle ou par telle autre famille ou personne. On peut en effet y lire «mariage coutumier» d’un tel avec une telle, suivi de la date à laquelle est fixée l’événement. Pour les retraits de deuil également, il est précisé «retrait de deuil» d’un tel, de la famille de tel, suivi également de la date et parfois du lieu. Il en est de même pour les autres cérémonies. Des précisions destinées à éviter les coïncidences déplorables et à orienter les protagonistes à la recherche absolue d’originalité.
Toute chose qui implique inéluctablement un coût. Une fois que le pagne est identifié par les organisateurs, la nouvelle est annoncée, des mois auparavant aux amis, à la famille et à toutes les personnes qui devraient assister à l’événement. Il faut donc que chacun se rendent sur ces lieux où les prix sont parfois négociés à l’avance, afin que le jour- J tout le monde soit paré.
«Lorsque les mariés par exemple ont choisi le pagne pour leur mariage coutumier, je n’ai plus le droit de le vendre. On négocie de sorte que tout le monde sorte gagnant dans l’affaire », explique un ressortissant Malien qui tient une boutique au marché Mont-Bouët à Libreville. Sous cape, il reconnaît néanmoins qu’il ne peut aucunement respecter une telle clause, du fait que rien ne certifie qu’il pourra vendre son stock à ces personnes. Dans la même logique, il joue sur le fait qu’il y a certainement de nombreux autres commerçants qui ont le même produit. Il dispose donc ainsi d’un motif quasi-irréfutable pour nier les faits, au cas où…
«La mode des pagnes est juste une façon de se différencier des autres. Il s’agit de se démarquer et de montrer qu’il s’agit de la famille de… et d’immortaliser le moment», explique une jeune femme qui s’est mariée en 2010, autant à la coutume qu’à l’État civil. «C’est une tendance actuellement et ne pas le faire vous laisse un arrière gout d’inachevé », a-t-elle confié.
Pour cette période vacances où la demande est forte au regard de l’abondance des mariages, la pièce de 6 yards qui se négociait entre 3 000 et 7 000 Francs CFA, selon la qualité du tissu, est passée à 6 000 francs au minimum, pour les pagnes simples. Une bonne affaire pour les vendeurs qui se frottent les mains. «On vend en tout cas beaucoup plus maintenant qu’avant les grandes vacances», soutient un commerçant Malien qui se refuse à indiquer un chiffre.
Au-delà, les partis politiques en période électorale, n’hésitent à dépenser des fortunes pour produire des pagnes à l’effigie des candidats ou des leaders ou même de la formation afin de se différencier des autres.
Comme on peut le constater, le pagne africain, beaucoup plus prisé par les Ouest-africain, a désormais sa place particulièrement au Gabon où il fait partie du quotidien. Des couturiers installés dans la ville expliquent qu’au courant de l’année, pour des deuils particulièrement, des commandes fusent. Ce qui leur apporte régulièrement du travail.
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