Objet de plusieurs critiques de la part de certains chefs d’entreprises, la gestion des marchés publics au Gabon reste à parfaire. À l’Assemblée nationale, pour plus d’efficacité et de transparence en la matière, la Commission en charge des Affaires économiques fait plusieurs recommandations au gouvernement de la transition à mettre en place dès l’année prochaine.

L’Assemblée nationale a fait plusieurs recommandations au gouvernement pour plus d’efficacité et de transparence dans la gestion des marchés publics en 2025. © D.R.

 

Au Gabon, l’Assemblée nationale de la transition a adopté, le 11 décembre dernier, le Projet de loi de finances 2025. Pour l’an prochain, le budget de l’État s’établit à 4 204,9 milliards de francs CFA, en équilibre entre ressources et dépenses, soit une hausse de 42,9 milliards de FCFA par rapport à 2024. Ce vote des députés de la transition ne s’est toutefois pas fait sans qu’ils fassent des recommandations précises au gouvernement, particulièrement en matière de gestion des marchés publics. L’objectif étant de permettre aux administrations concernées par la question, notamment la Direction générale des marchés publics (DGMP), d’être plus efficaces et de faire preuve de plus de transparence.

Pour ce faire, la Commission des finances, du budget, de la comptabilité publique, des affaires économiques et de la production recommande au gouvernement de «mettre en place un guichet unique mensuel où toutes les parties prenantes des Marchés publics sont présentes en vue d’accélérer les procédures de validation des conventions, de simplifier les démarches administratives tout en garantissant la transparence et la compétitivité des offres, renforcer la formation et l’accompagnement des agents publics dans la gestion des marchés».

Les députés de la transition exhortent également les autorités à «moderniser les procédures d’appel d’offres en adoptant des technologies et des outils numériques adaptés», alors que seule la publication dans le quotidien L’Union est adoptée à ce jour, ceci depuis de nombreuses années, suscitant des critiques fondées de la part de plusieurs chefs d’entreprises, particulièrement ceux vivant ou en déplacement hors du pays. Autre objet de critiques : le recours abusif à l’entente directe dans le cadre de l’octroi des marchés de l’État. Au palais Léon-Mba, on appelle au respect des dispositions de l’article 71 alinéa 1er du Code des marchés publics qui limite à 15% les crédits alloués au cours d’un exercice budgétaire le recours à l’entente directe.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. C’est déjà un pas important vers l’avant.

    Je suis convaincu que si l’octroi des marchés publics est mieux encadré et se fait en toute transparence, nous aurons résolu une grande partie des défis liés à l’entrepreneuriat dans notre pays.

    Cependant, il est essentiel d’aller plus loin, car les marchés publics ne devraient pas être la seule voie de réussite pour un entrepreneur.

    Sinon, cela entraînera inévitablement certaines dérives :

    1️⃣ Clientélisme et favoritisme

    L’attribution des marchés risque de se baser sur des relations personnelles ou politiques, plutôt que sur la compétence et la qualité des offres.

    2️⃣ Manque d’innovation

    Lorsque les marchés de l’État sont garantis, les entrepreneurs peuvent se contenter de l’existant sans chercher à innover ni à améliorer leurs produits et services.

    C’est pourquoi, par exemple, certains acteurs du BTP en sont arrivés à ignorer le marché sous-régional ou africain, préférant rester dans leur zone de confort.

    3️⃣ Dépendance économique

    Une économie trop dépendante des marchés publics rend les entreprises fragiles face aux fluctuations budgétaires de l’État ou aux retards de paiement.

    4️⃣ Absence de compétitivité

    Sans concurrence réelle ni exigences de qualité, les prix peuvent être artificiellement gonflés et les entreprises locales risquent de ne jamais être capables de rivaliser sur les marchés régionaux ou internationaux.

    5️⃣ Corruption

    Malgré les efforts pour améliorer la transparence, les processus d’attribution des marchés restent parfois entachés de pratiques opaques telles que les pots-de-vin ou les surfacturations.

    6️⃣ Érosion du secteur privé

    À force de ne viser que les marchés publics, les entreprises délaissent le secteur privé, pourtant plus dynamique, plus diversifié et plus durable sur le long terme.

    7️⃣ Concentration des richesses

    Lorsque quelques entrepreneurs accaparent régulièrement les marchés publics, cela prive les autres d’opportunités et creuse davantage les inégalités économiques.

    👉En somme, les marchés publics doivent être un levier, pas une finalité.

    Steeven BEKALE

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