Marchés du carbone : la CNUCED appelle à penser aux pays les moins avancés
Les marchés du carbone ont apporté un financement limité pour le développement durable dans les pays les moins avancés (PMA), avec des impacts positifs modestes jusqu’à présent, selon un nouveau rapport d’ONU Commerce et Développement (CNUCED) publié lundi 4 novembre 2024.
L’agence onusienne relève que des lois, des réglementations et des contrôles nationaux plus stricts pourraient aider ces pays à tirer davantage profit des marchés du carbone et à soutenir le développement durable.
Le Rapport 2024 sur les pays les moins avancés (PMA) souligne que les PMA peuvent utiliser des projets de marchés du carbone pour soutenir leur développement s’ils sont bien gérés. Cela permettrait également à ces pays de contribuer aux objectifs mondiaux de zéro émission nette et à l’action en faveur du climat.
Les PMA ont été parmi les premiers à participer aux marchés du carbone, mais leur influence est actuellement limitée en raison de la petite taille de leurs économies et des défis qu’ils affrontent en matière d’infrastructure, de technologie et de capacité institutionnelle.
Une valeur marchande d’environ 403 millions de dollars
Les marchés du carbone sont des plateformes où s’achètent et se vendent des crédits carbones, c’est-à-dire des permis permettant de compenser une quantité spécifique d’émissions de carbone. En participant à ces marchés, les pays vendeurs peuvent gagner des revenus et contribuer à l’action climatique en compensant les émissions des acheteurs.
Bien que les PMA participent aux marchés du carbone, leurs revenus financiers restent modestes par rapport à des sources de financement plus importantes telles que l’aide au développement, l’investissement direct étranger et les envois de fonds des travailleurs.
En 2023, la valeur marchande des crédits carbone des PMA était d’environ 403 millions de dollars, ce qui ne représente qu’environ 1 % du total de l’aide bilatérale au développement vers les PMA. Les PMA ayant besoin de 1.000 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, les marchés du carbone ne peuvent à eux seuls combler ce déficit de financement, mais peuvent apporter un soutien financier supplémentaire.
Une participation aux marchés très concentrée
Les PMA sont confrontés à des défis uniques pour accéder aux marchés mondiaux du carbone en raison de la taille réduite de leurs économies et de leurs difficultés à attirer les investissements étrangers.
La concentration géographique est un problème majeur, selon l’ONU Commerce et développement. En effet, six PMA seulement – le Bangladesh, le Cambodge, la République démocratique du Congo, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie – représentent plus de 75 % de tous les crédits carbones émis sur les marchés volontaires et 80 % des crédits dans le cadre du mécanisme de développement propre (MDP) du protocole de Kyoto.
Bien que les PMA ne représentent que 1,5 % des projets MDP mondiaux, cette concentration met en évidence une opportunité importante d’élargir la participation et de créer des marchés du carbone plus inclusifs qui profitent à tous les PMA.
Les études de cas montrent que les avantages de la participation aux marchés du carbone – tels que le transfert de technologie, l’éducation et le développement communautaire – sont incertains dans les PMA.
Sylviculture, agriculture et énergies renouvelables
D’autant que les PMA disposent d’un important potentiel inexploité d’action climatique dans des secteurs tels que la sylviculture et l’agriculture, qui offrent des possibilités prometteuses de générer des crédits carbones.
Ce potentiel pourrait correspondre à 70 % des émissions de CO2 de l’industrie aéronautique mondiale en 2019, soit environ 2 % du total des émissions mondiales. Toutefois, la réalisation de ce potentiel dépend de l’existence de prix du carbone viables et de projets accessibles.
Pour que les investissements dans les projets terrestres soient rentables, un prix du carbone de 100 dollars par tonne est nécessaire. Actuellement, les PMA n’utilisent qu’environ 2 % de ce potentiel. Sans une augmentation significative du prix du carbone, environ 97 % de leur potentiel d’atténuation pourrait rester inexploité d’ici 2050.
Par conséquent, l’agence onusienne estime qu’un prix du carbone plus élevé est essentiel pour débloquer les projets d’atténuation terrestres.
Les recommandations de la CNUCED
La CNUCED recommande aux PMA et à leurs partenaires de développement de se concentrer sur trois grandes priorités afin d’accroître les avantages des marchés du carbone pour les pays les moins avancés. Il s’agit ainsi de renforcer les cadres nationaux, tout en veillant à ce que les communautés locales bénéficient des projets carbones.
L’agence onusienne basée à Genève plaide en faveur de cadres de soutien dans les accords mondiaux sur le climat, mais aussi en développant des partenariats internationaux notamment de la coopération Sud-Sud. Il s’agit enfin de veiller à ce que les partenaires de développement fournissent des ressources pour aider les PMA à intégrer les politiques relatives au marché du carbone dans des objectifs de transformation économique plus larges.
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