Marche du pardon à Ali Bongo : Jeff Clio Moulengui n’en voit plus l’intérêt

S’il avait défrayé la chronique en décembre 2019 en annonçant son intention d’organiser à Libreville et à l’intérieur du pays «une marche anticorruption» visant, entre autres, à demander pardon à Ali Bongo pour les mauvais agissements de certains jeunes compatriotes, Jeff Clio Moulengui n’en voit plus l’intérêt, parce que déçu par le président de la République qui semble préférer composer avec les «caciques» qu’avec les jeunes qui seraient sa véritable force. Le jeune activiste pourrait rejoindre le camp de Jean Ping.

Jeff Clio Moulengui. © D.R./image personnelle

Annoncée il y a plus d’un an, la marche dite du pardon à Ali Bongo n’aura finalement plus lieu. En décembre 2019, son initiateur avait défrayé la chronique estimant que la jeunesse gabonaise doit des excuses au président de la République, y compris pour les détournements dont certains anciens proches du chef de l’État sont jusqu’à lors soupçonnés parmi lesquels Brice Laccruche Alihanga et d’autres. Aujourd’hui, Jeff Clio Moulengui n’y voit plus d’intérêt. Le jeune activiste ne voit pas d’un bon œil le jeu politique actuel rythmé notamment par le retour de plusieurs anciens hiérarques du Parti démocratique gabonais (PDG) dans le camp du pouvoir. Un retour qu’il impute au chef de l’État dont il pense que la main tendue aurait dû s’adresser en premier aux jeunes qui, selon lui, font sa principale force.

«Depuis 2009, nous avons tout donné pour le président Ali Bongo Ondimba, tout. Nous avons avancé quand des membres de son clan reculaient à grands pas. Quand le monde entier doutait de lui, nous l’avons rassuré. Aujourd’hui c’est ainsi qu’il nous remercie. […] Nous pouvons partir en paix», a-t-il réagi sur Twitter ce samedi 14 août.

Une trahison et un aveu d’échec

Joint par Gabonreview, Jeff Clio Moulengui ne cache pas son amertume et ajoute qu’il considère le recrutement actuel comme «un acte de trahison de la part du président de la République vis-à-vis de la jeunesse qui l’a accompagné sans rien dire, sans jamais se plaindre, sans rien demander, et qui se retrouve dépourvue aujourd’hui».

Le jeune activiste y voit aussi «un aveu  d’échec, mais surtout d’incapacité à comprendre le Nouveau Monde». «Ces faits démontrent le manque de génie chez nos autorités à s’adapter et à faire face aux défis du Nouveau Monde», regrette-t-il annonçant qu’il pourrait lui aussi changer de bord.

Un ralliement à Jean Ping ?   

Estimant que sa vision n’a pas été comprise par le pouvoir, sinon trop tard, Jeff Clio Moulengui pourrait lui aussi aller voir ailleurs qu’au sein de la majorité. Il pourrait en effet annoncer dans quelque temps son adhésion à la Coalition pour la nouvelle République (CNR). «Le mercato se fait des deux côtés. Moi aussi je tendrai ma main à Jean Ping pour le bien du pays», confie-t-il à Gabonreview avant d’ajouter : «De toutes les manières, nous sommes tout aussi Gabonais que lui (Ali Bongo), et nous saurons autant que lui tendre la main à d’autres compatriotes, puisqu’il a préféré celles des caciques à la nôtre. La jeunesse est pleine d’énergie, de ressources, d’idées neuves, elle saura surmonter sa déception et aller de l’avant.»