Maintien de l’état d’urgence sanitaire : Légitimation de la défiance
Convaincue de n’avoir de comptes à rendre à personne, l’équipe de Rose Christiane Ossouka Raponda a reconduit son dispositif sans soumettre un «rapport circonstancié» à l’appréciation du Parlement. Cette gouvernance hérétique l’éloigne des gouvernés.
L’état d’urgence sanitaire peut-il être prorogé sans l’aval du Parlement ? Les restrictions aux libertés publiques peuvent-elles être maintenues sans base légale ? En ces temps d’angoisse, la confiance doit présider aux relations gouvernants/gouvernés. En ces moments de colère, les décisions officielles doivent traduire la volonté de défendre l’intérêt général. En refusant de se prononcer sur le terme des 45 jours arrêtés le 02 octobre dernier, le gouvernement envoie le message inverse. En entretenant le flou, il donne l’impression de se complaire dans l’autoritarisme. Or, pour aborder la période actuelle, il aurait gagné à se souvenir de deux principes : pour garantir la liberté, les restrictions doivent être peu nombreuses, édictées conformément à la Constitution et gravées dans le marbre de la loi ; pour s’assurer de leur acceptabilité sociale, elles doivent être mise en œuvre sous le contrôle de tribunaux et d’institutions indépendantes.
Délégitimation de ses propres décisions
Pourtant, l’exécutif semble faire fi de ces fondamentaux. Affichant un art consommé de la dissimulation, il se mure dans le silence. Usant de malice, il tente de susciter une polémique entre les dates d’adoption et de promulgation d’une loi. Tirant bénéfice de la pusillanimité du Parlement, il campe dans une logique du fait accompli. Malgré la sourde colère des populations, en dépit de l’angoisse exprimée par les opérateurs économiques, il refuse de faire la lumière sur la légalité du couvre-feu et de la limitation des rassemblements à 30 personnes. A travers cette obsession à maintenir un climat d’exception, il rappelle les deux piliers de sa pratique politique : l’usage de la force à des fins de régulation des relations sociales et, le refus de tout contrôle.
Certain de disposer de la force publique, le gouvernement cherche à réguler tous les aspects de la vie sociale. Il en va ainsi des déplacements nocturnes, limités par le couvre-feu. Se traduisant par une interdiction de circuler entre 22h et 05 h du matin, cette mesure a ruiné l’économie de la nuit, plongeant de milliers de compatriotes dans l’indigence. Aux taximen, restaurateurs, tenanciers de bars, de snack-bars ou de night-clubs, l’équipe de Rose Christiane Ossouka Raponda exige malgré tout le respect de ses préconisations. Dans le même temps, elle refuse de se soumettre à la procédure consignée dans la loi n°003/2020 sur les catastrophes sanitaires. Convaincue de n’avoir de comptes à rendre à personne, elle a passé outre l’obligation de soumettre un «rapport circonstancié» à l’appréciation du Parlement. Ayant décidé de reconduire son dispositif, elle a choisi d’agir dans l’illégalité, quitte à créer les conditions d’une délégitimation de ses propres décisions.
Respecter les principes de la démocratie et de l’Etat de droit
Même si tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, il faudra remonter aux sources de cette désinvolture, un jour ou l’autre. Quels desseins, le gouvernement poursuit-il en agissant de la sorte ? Son action s’inscrit-elle dans la défense de l’intérêt général ou vise-t-elle plutôt à protéger des intérêts partisans et privés ? Pourquoi cette surdité aux cris de détresse des acteurs de l’économie populaire ? Jusqu’à quand entend-il brider les libertés individuelles ? Quelle explication donne-t-il de son aversion pour les procédures ? Comment justifie-t-il son manque d’égard pour le Parlement ? Quel Etat, quelle République, quelle démocratie, quelle nation espère-t-il construire en s’exonérant de tout contrôle ? Tient-il les Gabonais pour des citoyens jouissant de droits ou pour des serfs assujettis à des devoirs ?
Pour donner de la lisibilité à son action, le gouvernement devrait agir dans la transparence et la responsabilité. Pour susciter l’adhésion des masses populaires, il doit respecter les principes de la démocratie et de l’Etat de droit. Pour l’heure, il en fait peu de cas. Non seulement, il entretient la confusion mais en plus il prend toutes les libertés avec les procédures. Pis, il relègue le Parlement au rang de chambre d’enregistrement. Quand il communique, c’est rarement pour rassurer. Dans la plupart des cas, ses prises de parole ont un seul objectif : menacer et intimider. De nature à l’éloigner des gouvernés, cette gouvernance hérétique contribue à la légitimation de la défiance vis-à-vis de son action.
3 Commentaires
Le palais du bord de mer habité par dès démons n’attend rien d’un Parlement. Ce palais est autosuffisant.
C’est TRISTE que d’être manipulés par dès gens qui ne valent absolument rien. Ke Gabon est géré non seulement par des voleurs-usurpateurs, mais aussi et surtout par de véritables incompétents. N’attendez rien dès voleurs d’élections présidentielles. Un voleur reste un voleur.
Njr; Morceau choisit: « L’état d’urgence sanitaire peut-il être prorogé sans l’aval du Parlement ? Retournons la question: Pourquoi le Gouvernement a t-il prorogé l’état d’urgence sans l’aval du Parlement ? comme disent ceux qui parlent le gros français poser la question c’est déjà y répondre. Amen.
Quelqu’un qui n’a pas de légitimité peut il se délégitimer ?
Son action s’inscrit-elle dans la défense de l’intérêt général ou vise-t-elle plutôt à protéger des intérêts partisans et privés ?
Les intérêts partisans et privé voire familiaux !
Pourquoi cette surdité aux cris de détresse des acteurs de l’économie populaire ?
Parce qu’ils ne représentent rien à leurs yeux !
Jusqu’à quand entend-il brider les libertés individuelles ?
Jusqu’à 2023 et plus si affinité !
Quelle explication donne-t-il de son aversion pour les procédures ?
Les procédures c’est pour les pauvres !
Comment justifie-t-il son manque d’égard pour le Parlement ?
La chambre d’enregistrement doit rester tranquille et palper les sous sans broncher !
Quel Etat, quelle République, quelle démocratie, quelle nation espère-t-il construire en s’exonérant de tout contrôle ?
Un état autoritaire et totalitaire sans république, sans démocratie !
Tient-il les Gabonais pour des citoyens jouissant de droits ou pour des serfs assujettis à des devoirs ?
Des esclaves bien sur !