Lucie Milébou Mboussou en guerre contre les réseaux sociaux : Au nom de la dignité humaine ?
Si elle prétend militer pour la protection de la vie privée, l’on se demande si la restriction de l’accès à Internet ou à certains outils numériques n’est pas l’objectif réel de la présidente du Sénat.
© Gabonreview/Shutterstock
Le pouvoir est-il si mal à l’aise avec les droits civils et politiques ? Goûte-t-il si peu à leur respect ? Est-il si rétif à l’exercice de la liberté d’expression ? Est-il opposé au droit à l’information ? Initiateur d’une loi sur la communication jugée «liberticide» et «rétrograde» (lire «Taillée pour Echos du nord» et «Une honte pour le Gabon»), il pourrait s’attaquer à Internet dans les tout prochains jours. Récemment interpellé par la présidente du Sénat (lire «Le gouvernement appelé à mettre de l’ordre»), il ne devrait pas se faire prier légiférer sur les réseaux sociaux. Personne ne l’imagine ne pas se saisir d’un aussi beau prétexte pour aller en guerre contre toutes ces plates-formes d’expression échappant à son emprise. Tout le monde le voit déjà essayer de contrôler les contenus des différents médias en ligne.
Atteinte à la liberté d’expression et au droit à l’information
Après tout, entre fausses nouvelles et intox, les réseaux sociaux nuisent à la crédibilité de l’information. A la fois tribunaux populaires et journaux informels, ils permettent à des milliers d’usagers de produire du contenu (textes, images ou données) pas toujours vérifiable, encore moins véridique. En favorisant la dissociation des principes de liberté et de responsabilité, ils mettent en péril un pilier essentiel du vivre ensemble et de l’Etat de droit : le respect de la dignité humaine. Tout cela s’entend, se comprend et se défend. N’empêche, le mensonge et la diffamation préexistent à Internet. Mieux, de tout temps, la notion de vérité a fait débat. Au lieu de revenir sur ces questions rebattues, il faut réfléchir aux voies et moyens de gérer le nouvel environnement. Autrement dit, la vraie question est de savoir comment s’adapter à l’ère des masses, cette révolution anthropologique pilotée depuis les Etats-Unis d’Amérique par des géants informatiques connus sous l’acronyme Gafam (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft). Avec une capitalisation boursière supérieure au Produit intérieur brut (PIB) de la France et des services toujours plus innovants, ces cinq sociétés rythment la vie quotidienne.
C’est une évidence : le Gabon n’a pas le pouvoir d’influencer le fonctionnement des réseaux sociaux. Identifiés comme des «hébergeurs» et non comme des «éditeurs», les majors de la Silicon Valley ne sont tenus ni de vérifier ni d’assumer les contenus. La présidente du Sénat l’ignore-t-elle ? Où l’on se demande si la restriction de l’accès à Internet ou à certains outils numériques n’est pas l’objectif réel de sa requête. En clair, jamais une loi gabonaise ne permettra de contrôler la qualité des informations véhiculées sur la Toile. Tout au plus, elle définira les heures d’accès aux plates-formes comme Facebook ou Google. Ne serait-ce pas une atteinte à la liberté d’expression ? Ne serait-ce pas une négation du droit à l’information, consacré par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ? Œuvrer au respect de la vie privée est une chose. Légiférer sur l’accès à Internet en est une autre. Dans l’un ou l’autre de ces exercices, le risque de brider la liberté d’expression existe. Surtout, au regard de la complexité des technologies numériques.
Développement d’une presse quotidienne plurielle
Même si elle a exprimé une préoccupation partagée, Lucie Milébou Mboussou a ouvert la porte à une possible dérive autocratique voire au repli sur soi. Disant refuser de cautionner la «médisance», elle n’a nullement tenu compte de la réalité. Ni le défi technologique, ni les contraintes de l’économie mondialisée encore moins les principes constitutionnels n’ont été intégrés dans son analyse. Le Gabon peut-il se permettre de brider indéfiniment l’accès à Internet ? Peut-il faire plier les géants du Web ? Peut-il leur opposer une loi nationale ? Peut-il prétendre les amener à repenser leur modèle économique ? En a-t-il les moyens ? Peut-il, de façon régulière, procéder aux mises à jour d’un éventuel mécanisme de surveillance ? Peut-il contrôler la qualité et la crédibilité de l’information sans tomber dans la censure ? En Allemagne, la loi punit les hébergeurs, coupables de non-suppression de «fausses nouvelles», de fortes amendes pouvant culminer à 50 millions d’euros. A titre préventif, Twitter et Facebook ont déjà eu à supprimer des contenus jugés «litigieux». Est-ce envisageable au Gabon ? Au regard de la différence dans les poids politique, économique et diplomatique des deux pays, on peut en douter.
S’il veut donner une suite à l’interpellation de la présidente du Sénat, une seule option s’offre au gouvernement : la limitation de l’accès à Internet. Peut-on brider la liberté d’expression et le droit à l’information au nom de la dignité humaine ? C’est la suggestion de Lucie Milébou Mboussou. Le gouvernement ne saurait la suivre dans cette voie sans y laisser des plumes. Il gagnerait plutôt à œuvrer au développement d’une presse quotidienne plurielle, libre, indépendante et professionnelle. Pour lui, c’est la seule manière de s’assurer de la circulation d’une information de qualité et respectueuse des principes éthiques ou déontologiques. Surtout si les supports sont diversifiés. Or, sur cette thématique des études et pistes de solution existent.
13 Commentaires
On aurait aimé que Lucie milebou défende la vie des gabonais 31 août 2016. Ils sont marrants les pdgistes ils se soucient plus de la réputation des gabonais que de leur vie.
Que pensez vous des gabonais qui sont morts le 31/08/2016?
Que pensez vous de la situation du Gabon actuellement?
Que pensez vous des crimes rituels dans notre cher pays?
Madame, est ce que vous aimez vraiment ce pays qu’on appelle Gabon?
A titre de rappel: Dieu ne nous a pas autorise de faire du Gabon ce nous sommes entrain de faire…Allez-y, continuez…
Qu’elle retourne au village au lieu de s’ennuyer à ne rien faire de ses journées! pfff!
c’est quoi toutes ces interrogations sans fin? Roxanne, on vous connait plus opiniatre et franche.
Gush, est ce aujourd’hui que vous découvrez l’usage surabondant des « ? » dans les articles de la Mère Roxane-c’est-la faute-à la France ? C’est son style et son talent l’Art de l’Enfumage. Ajoutez la précaution dans ce pays champion de la liberté d’expression : elle peut se défendre, « Je n’ai pas dit ça, je ne fais que poser des questions »
Sauf quand il faut tout mettre sur le dos des Gaulois, que Macron en est devenu bossu.
@L’illettré du Littré. Quand on ne sait rien, on la boucle… Ce que vous appelez art de l’enfumage, s’appelle question rhétorique. La question rhétorique est une question qui n’attend pas de réponse, puisque celle-ci est contenue dans la question et s’impose sans ambiguïté. Maintenant vos conneries sur la lâcheté du journaliste ne prouvent qu’une chose ; votre méconnaissance totale du droit et du monde de la presse. Sachez Monsieur le savant, que la seule personne responsable de tout ce qui s’écrit dans un journal est le directeur de la publication. Maintenant si vous ne connaissez pas l’identité de celui de ce journal en ligne, ça vous regarde… Quant à votre amour pour la France, vous pouvez toujours jouer les tirailleurs ou les légionnaires, ils en ont encore besoin…. Mouf… Luciole qui se prend pour un lampadaire… Cerveau de moineau…
@Philibert. N’importe quoi… Parce que vous pensez que quoi ? Que la journaliste aurait plus peur d’Aubusson que des gens face à qui vous l’avez trouvée plus « opiniatre » ? Si vous avez des comptes à régler avec elle, allez la trouver, au lieu d’attendre des journalistes, on ne sait quoi… On vous pose un sujet, vous êtes toujours cantonné à la critique du journaliste… Mouf…
C’est normal que ce soit un sujet de premier ordre pour le Sénat, un instrument de pacotille au service du maintien de la dictature au Gabon. Mme La Présidente du Sénat, vous êtes très mal placée pour venir défendre « la dignité humaine » que le régime en place bafoue tous les jours avec votre complicité. Au lieu de vous attaquer au phénomène des réseaux sociaux, si vous voulez contribuer pour la sauvegarde de ce qui reste de dignité humaine au peuple gabonais, les sujets ne manquent pas: retraités non payés, accouchements des femmes à même le sol, jeunesse au chômage et sans avenir, bourses d’étudiants coupées, syndicalistes torturés et emprisonnés injustement, poubelles non ramassées causant des maladies, quartiers sans eau ni courant, inondations dans les mapanes, etc.
Prière de supprimer celui-ci, une coquille s’est glissée. MERCI
Je pense que le débat se situe à deux niveaux. au niveau planétaire,une réglementation stricte se met en place dans les grandes démocraties à l’exemple tout récemment de l’Allemagne puis de la France.Au Gabon, ce n’est ni un problème de pouvoir ou Milebou mais de la manière dont on se sert aujourd’hui des réseaux sociaux pour insulter des pères et des mères de famille publiquement sans raison. Quant à moi, je ne souhaite à personne de se réveiller un matin avec des histoires personnelles ou infondées mises à la place publique.
C ‘est vrai que tout ceci est tellement plus urgent que le sort des Gabonais injustement abattus ou ceux qui croupissent en prison sans motif ni jugement,les routes défoncées en pleine capitale et mm sur la voie expresse désormais,les retraites impayées,l’astronomique chômage,les crimes rituels,les détournements massifs j’en passe et j’en oublie pour tout ca epsilon !!! Pfff !!
Lucie lehibou dubuisson ferait mieux d’aller en guerre contre la vie chère, les loyers exorbitants, leurs crimes rituels et tout le reste que nous connaissons tous.elle n’a qu’a nous foutre la paix avec nos whatsap,facebook,tinder et j’en passe.
Quand on est analphabète du web 2.0 on demande à être formée pour comprendre. On ne cherche pas à censurer comme cela semble être sciemment suggéré. Madame dubuisson, allez donc vous frotter à des écureuils dans la brousse de Fougamou et ne touchez surtout pas a nos réseaux sociaux. Cela ne vous suffit donc pas de nous gazer et nous mitrailler quand on veut occuper le moindre espace public physique? Vous voulez aussi nous retirer le dernier espace de liberté qu’il nous reste ? Essayez et je vous promets que je m’occuperai personnellement de contacter mes amis « anonymous » pour rendre publiques les conversations téléphoniques de vous et vos proches.
Abandonnez toute idée de proposition de loi allant vers toujours plus censure.
logique fasciste : moins de liberté = plus de liberté.
Comprends qui peut ou comprends qui veut…