Les migrations fangs revisitées par l’association Ngam’Ayong

Les membres de la Convention Ngam’Ayong, présidé par Léon Ababe, ont remonté à rebours le cours de l’Ogooué samedi dernier à Port-Gentil à la recherche des routes migratoires du peuple fang, arrivé au Gabon au 19 siècle. Un retour sur l’histoire des origines conduit par le Pr Jean Emile Mbot, enseignant en Anthropologie à l’Université Omar Bongo (UOB), à travers une conférence-débat intitulée «les migrations du peuple fang ».

Portée sur les fonts baptismaux il y a à peine un mois, la Convention Ngam’Ayong (Solidarité, en français), a organisé ses premières activités culturelles le week-end écoulé à Port-Gentil, à travers une conférence-débat animée par l’enseignant en Anthropologie Jean Emile Mbot, sur le thème «Les migrations du peuple fang», suivie d’une dégustation des mets du terroir, agrémentée de danses traditionnelles.

Le conférencier, ancien ministre de la Culture et ancien recteur de l’Université Omar Bongo (UOB), s’est attelé à déconstruire les mythes populaires nés des récits mythiques et légendaires, rapportés dans la plupart des cas par des missionnaires et autres explorateurs au profit du fait colonial. Il a ainsi battu en brèche, entre autres, le mythe de «fang mangeurs d’hommes» et de «populations se déplaçant en hordes». Pour Jean Emile Mbot, deux hypothèses situent les origines des peuples fangs dans l’ancienne Egypte et dans l’actuel Burundi, non sans rappeler le mythe fondateur d’Ozamboga qui serait selon cette dernière hypothèse, une déformation de Budjumbura présenté par certains comme le foyer originel du peuple fang.

Signifiant sa volonté de prendre part à la polémique sur les origines des fangs, en se situant au plus prêt de la vérité historique, l’Anthropologue s’est fondé sur des travaux scientifiques, notamment de l’égyptologue Cheick Anta Diop et de l’épopée du Mvet, qui met en avant la notion de l’«uni-fang» à l’origine du congrès de Mitzic de 1947. Un congrès qui avait regroupé une partie de l’intelligentsia fang et duquel était né le concept «Elat-Meyong» ou l’entente, qui favorisa l’idée de regroupements des villages.

Usant des instruments des sciences sociales, notamment la linguistique, l’orateur a placé le peuple fang dans la grande famille des peuples bantu, ruinant ainsi l’hypothèse d’un peuple de race nilotique. Selon lui rien ne prouve que ce peuple soit venu de l’Egypte ancienne ou du Burundi. Jean Emile Mbot lie «les vraies raisons» des migrations fangs à l’«Obane» ou la guerre des territoires, la quête des nouvelles ressources, la pression démographique, les épidémies et le commerce, tout en émettant l’hypothèse d’un itinéraire similaire à celui des autres peuples bantu du Gabon.

Après un débat fort enrichissant, les membres Ngam’Ayong ont visité, au rythmes des danses traditionnelles, les stands où était déployé l’essentiel de l’art culinaire fang.

La convention «Ngam’Ayong» née officiellement le 22 novembre dernier, de la volonté de Léon Ababé et de nombreux notables fangs de Port-Gentil, est selon ses promoteurs, une « association apolitique » qui entend intervenir dans l’appui et le développement de micro-projets dans les domaines culturels, économiques et agricoles autour du concept de solidarité.