Les masques sont définitivement tombés

Face aux critiques concernant sa capacité à diriger le Gabon, Ali Bongo et ses partisans mettent en avant ses facultés cognitives préservées. Pourtant, derrière les apparences soigneusement orchestrées de ses sorties publiques se cache une réalité troublante : le refus du président de se prêter aux exercices démocratiques essentiels, comme le débat public. Est-ce là la preuve de son inaptitude à diriger, ou un signe plus inquiétant sur les réelles forces à l’œuvre derrière la gouvernance du Gabon, interroge Abslow notre chroniqueur.

Alors que tous les autres candidats à la présidentielle ont participé aux débats télévisés, le président sortant Ali Bongo les a esquivés. © GabonReview
Les partisans d’Ali Bongo répondent à ceux qui leur opposent que ce dernier n’est plus en capacité de diriger notre pays, qu’il est certes physiquement atteint de séquelles handicapantes, mais que ses facultés cognitives sont demeurées intactes.
C’est ainsi que pour en attester, ils se fondent sur la débauche d’énergie qu’il déploie durant ses sorties publiques qui ne durent jamais plus de deux heures d’horloge. Deux heures de représentation, puis on baisse le rideau. C’est exactement ce que font les comédiens. Ils interprètent un rôle sur une scène durant un temps bien calibré.
Ils n’en font jamais trop ou plus. Surtout quand ils passent de scène en scène pour jouer le même spectacle. La tournée de représentation artistique d’Ali Bongo ces derniers mois a été bien orchestrée par ses producteurs. Elle a commencé par une tournée républicaine. Elle s’est poursuivie par une campagne électorale durant lesquelles, l’artiste a été mis en vedette.
Sur le plan organisationnel, c’était un travail de pros. Les intermittents du spectacle associés à cette prodada ont fait leur job et su mettre en vedette leur artiste. Mais la promotion artistique a hélas ses obligations dont on ne peut se départir, sous peine d’en pâtir. L’une de ces obligations consiste pour l’artiste à prendre le relais de ses promoteurs pour se vendre lui-même.
Il doit donc honorer, comme tous les autres artistes avec qui il est en compétition, les plateaux de télévision pour expliquer et promouvoir sa vision artistique. Et soudain, alors que tous ses concurrents se sont prêtés volontiers au jeu, voilà que celui qui a suscité de fortes attentes chez ses fans, se débine pour leur expliquer sa vision !
Quel mépris ! Quelle arrogance ! Quel manque d’élégance ! Et quelle contradiction et quel écart entre les discours prononcés et les actes posés ! Le plébiscite d’un artiste par ses fans doit-il se faire sur la seule base de shows grandeur nature où la profusion d’argent est plus parlante que le talent artistique ? A fortiori celui du président d’un pays ?
Les fans d’Ali Bongo, pour continuer à le soutenir avec de bonnes raisons, avaient besoin de savoir qu’il peut, à défaut d’être physiquement apte, au moins défendre son bilan et son projet pour le Gabon. Mais Ali Bongo vient de doucher leurs attentes de la façon la plus méprisante qui soit en fuyant, c’est le mot, le débat auquel se sont soumis sans rechigner tous ses adversaires.
En refusant catégoriquement d’honorer cet exercice démocratique, il vient d’administrer à ses derniers supporters et fans la preuve ultime de son inaptitude au débat et de son incapacité à continuer à diriger notre pays. Les Gabonais, et ses soutiens en premier, viennent de réaliser qu’Ali Bongo a perdu ses capacités cognitives.
Parce qu’esquiver le débat avec des journalistes pourtant aux ordres et acquis à votre cause, démontre que les idées ont du mal à être structurées. La supercherie et l’imposture nous apparaissent alors plus grandes et d’autant plus dangereuses qu’elles ramènent à une question têtue : qui dirige le Gabon ?
Chaque gabonais, même ceux qui luttent contre leur propre bon sens comme nos amis PDGistes, ont eu la réponse. Ali Bongo est à l’Ouest de tout ce qui se déroule ces dernières années au Gabon. Il n’est plus qu’un spectre exhibé par les mains noires qui ont pris possession de notre pays. Ce sera demain ou jamais !

1 Commentaire
Très bonne analyse