Les «Joly» boulets françafricains contre Sarkozy

Et les dérives françafricaines de s’inviter dans la campagne électorale française. Eva Joly a ouvert le bal à Roubaix, le 11 février. Étripant au passage Denis Sassou Nguesso, citant Mike Jocktane et Omar Bongo au sujet de «La République des mallettes».

Donnant son premier grand meeting de campagne, le 11 février à Roubaix (France), Eva Joly, candidate d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle française de cette année, s’est attardée sur  le beau slogan de campagne, sans lendemain, que fut pour Sarkozy la «République exemplaire».

Estimant qu’il n’a nullement été question d’une «République exemplaire» sous le quinquennat Sarkozy, la candidate écologiste a dénoncé les agissements françafricains du président français. Joie de saison, elle a surfé sur la réception, le 8 février dernier, du président congolais, Denis Sassou Nguesso, par Nicolas Sarkozy.

Dans la charge destinée à Nicolas Sarkozy, le président congolais en prend au passage pour son grade. «Responsabilité et autorité supposent le respect. Je voudrais regarder avec vous, l’emploi du temps de notre président de la République la semaine dernière. Qui a-t-il reçu ? Il a reçu Sassou Nguesso (…) le président du Congo Brazzaville qui a (…) a laissé se perpétrer sur son territoire les pires exactions, le viol des femmes et les assassinats en masse. Et nous nous souvenons que dans une enquête menée en France, sur les morts du Beach, Chirac a fait libérer le directeur de la police, congolais, au milieu d’une nuit. Et Nguesso c’est aussi les biens mal acquis à Paris, Nguesso c’est des dizaines de comptes bancaires et c’est sans doute 20% du PIB du Congo, un des pays les plus malheureux de la terre, détourné par Nguesso», a clamé Eva Joly.

L’ancienne juge d’instruction en 1990 dans l’affaire Elf estime que la réception de Sassou Nguesso à l’Élysée est à mettre en rapport avec la «République des mallettes». Eva Joly indique en effet que «cet évènement est à mettre en corrélation avec ce qu’il avait fait quand il était candidat en 2007. Il est allé, au mois de mars, je crois que c’était le 16 ou le 17, rendre visite à Omar Bongo. Il y a un clip sur YouTube où il a enregistré, au Gabon, sa visite dit-il au grand homme d’État. Le 6 mai, après son élection, un de ses premier coups de téléphone était pour Omar Bongo.»

Remuant le couteau dans la plaie de l’affaire, gabonaise, de Mike Jocktane, Eva Joly explique : «Je vous raconte ceci parce que, au mois d’octobre, le directeur de cabinet de Omar Bongo a dit ceci : «Omar Bongo finançait la campagne électorale de Nicolas Sarkozy». 2007. Nous sommes devant de nouvelles élections. Il n’y a pas eu d’enquête sur les dires de quelqu’un d’aussi bien placé que le directeur adjoint de cabinet. C’est comme si il n’avait rien dit, parce que dans notre pays le pouvoir exécutif tient l’action publique».

Eva Joly revient après quoi vers Denis Sassou Nguessou, en passant par Bolloré : «Vous vous souvenez qu’il (le président Sarkozy – ndlr) est parti sur le yacht de Vincent Bolloré ? Est-ce vous vous souvenez qu’il est allé rendre visite à Nguesso en 2009 ? Et qu’après sa visite, Nguesso a eu 25 millions par l’Agence française de développement, dédiés au développement du port de Pointe-Noire, qui est exploité par qui, à votre avis ?» Et la foule de Répondre «Vincent Bolloré». Et la candidate écologiste de conclure : «Il est mal placé pour nous parler de valeurs. Et nous n’allons pas nous laisser faire».

Yannick Jadot, ex porte-parole d’Eva Joly est sous le coup d’une action en justice initiée par les avocats du président gabonais Ali Bongo. Dans une interview publiée le 16 juillet 2011 par le quotidien français Libération, l’ex porte-parole de la candidate d’EELV, a qualifié Ali Bongo de «dictateur africain» qui fait partie «des personnes qui massacrent leur peuple».