Au cœur des villes du pays, chaque jour commence par les gestes ordinaires de ceux qui, dans l’ombre, construisent patiemment un avenir meilleur pour le Gabon. Qu’ils soient balayeurs, vendeurs de marché ou artisans, ces hommes et femmes incarnent, par leur travail, l’esprit du bâtisseur de cathédrale, où chaque action, si modeste soit-elle, contribue à l’édification d’un «Gabon nouveau». Adrien N’Koghe-Mba* tisse ici une réflexion sur la dignité du travail et l’importance de chaque contribution, aussi humble soit-elle, dans l’édification du Gabon rêvé. La grandeur d’une nation se mesure non seulement à ses grands projets, mais aussi et surtout à la fierté et à l’engagement de chacun de ses citoyens dans leur labeur quotidien.

Le ‘Gabon nouveau’ dont nous rêvons ne se construira pas seulement avec des grands projets ou des initiatives spectaculaires. Il se construira aussi, et surtout, par la somme de ces petits métiers, ces gestes humbles mais cruciaux, ces tâches du quotidien qui, ajoutées les unes aux autres, forment l’édifice de notre nation. © GabonReview

 

Un matin, au cœur de Libreville, alors que les premiers rayons du soleil effleurent la ville, un homme se lève pour débuter sa journée. Son métier ? Balayeur. Il prend son balai avec la même rigueur qu’un soldat prenant son arme avant de partir au front. Pour lui, ce geste quotidien n’est pas simplement une corvée. Non, c’est bien plus que cela. Dans chaque coup de balai, il voit un avenir radieux pour son pays. Car cet homme, vous voyez, il ne se contente pas de balayer les rues ; il participe, à sa manière, à la construction du « Gabon nouveau. »

Au marché, une femme arrange avec soin ses fruits et légumes sur un étal modeste. Elle sourit à chaque client, échange des mots chaleureux, et dans ce simple acte de vendre, elle voit plus qu’un moyen de subsistance. Elle voit un geste d’amour pour sa communauté, un pas de plus vers un Gabon prospère et solidaire. Elle n’est pas simplement une vendeuse ; elle est une bâtisseuse, une architecte de cette cathédrale qu’est notre pays en devenir.

Mais pourquoi alors, dans notre belle nation, ces métiers sont-ils souvent perçus avec dédain ? Pourquoi ceux qui exercent ces professions essentielles sont-ils regardés avec si peu de considération ? C’est là que se pose la véritable question : comment changer cette perception, comment insuffler à chacun de ces travailleurs l’esprit du bâtisseur de cathédrale ?

Souvenons-nous de l’histoire de ces trois hommes qui taillaient des pierres. Le premier se plaignait de son sort, voyant dans son travail une tâche pénible et sans fin. Le second, lui, avait conscience de contribuer à la construction d’un mur, mais c’était le troisième, celui qui comprenait qu’il construisait une cathédrale, qui portait en lui la vraie fierté du bâtisseur.

Le «Gabon nouveau» dont nous rêvons tous ne se construira pas seulement avec des grands projets ou des initiatives spectaculaires. Il se construira aussi, et surtout, par la somme de ces petits métiers, ces gestes humbles mais cruciaux, ces tâches du quotidien qui, ajoutées les unes aux autres, forment l’édifice de notre nation.

Imaginez un Gabon où chaque balayeur, chaque vendeur, chaque artisan, chaque pêcheur, travaille avec la même fierté que ce tailleur de pierre qui savait qu’il construisait une cathédrale. Imaginez un pays où chacun, du plus petit au plus grand, comprend la valeur inestimable de son travail et la place qu’il occupe dans le grand tableau de notre nation.

Pour arriver à ce « Gabon nouveau », nous devons tous changer notre regard. Nous devons apprendre à voir au-delà de l’apparence des choses, à reconnaître la dignité et l’importance de chaque métier, aussi modeste soit-il. Car ce sont ces petits métiers qui forment la fondation solide sur laquelle repose notre avenir commun.

Et pour ceux qui exercent ces métiers, il est temps d’adopter l’état d’esprit du bâtisseur de cathédrale. Il est temps de voir dans chaque tâche une contribution à quelque chose de plus grand, de plus beau, de plus durable. Car en fin de compte, construire le « Gabon nouveau », c’est une œuvre collective, où chaque pierre, chaque geste, chaque sourire compte.

Le jour où nous comprendrons tous cela, le jour où nous travaillerons tous avec cette vision, alors oui, le « Gabon nouveau » sera en marche, porté par la fierté et la détermination de ceux qui, dans l’ombre, bâtissent jour après jour la cathédrale de notre avenir.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

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