Les 7 péchés électoraux du CTRI selon Ali Akbar Onanga Y’Obegue
Le processus électoral en cours au Gabon est-il une véritable opportunité démocratique ou un habile camouflage pour consolider un pouvoir biaisé ? Dans une tribune au vitriol, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ancien ministre et intellectuel engagé, dénonce sept pratiques qu’on pourrait qualifier de «péchés capitaux» du CTRI. Entre favoritisme, exclusions arbitraires et manœuvres légales douteuses, il alerte sur les risques de dérives autoritaires et d’une transition vidée de sa substance démocratique. Retour sur une analyse qui secoue le cadre électoral actuel.
Alors que le Gabon se prépare à une élection présidentielle cruciale annoncée pour le 12 avril prochain, une tribune publiée sur Facebook par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ancien ministre et docteur en droit, suscite une intense réflexion sur la légitimité et l’intégrité du processus électoral en cours. Intitulée «L’incohérente et manipulatrice levée des incompatibilités électorales dans le nouveau code électoral adopté par les parlementaires de la transition», cette tribune dénonce avec vigueur les ‘’dérives autoritaires’’ qu’il attribue au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), mettant en évidence ce qu’on pourrait dénommer les sept péchés capitaux électoraux du processus en cours.
- La trahison de la mission fondamentale de la transition
Selon Ali Akbar Onanga Y’Obegue, «la mission fondamentale d’une transition démocratique est de rétablir la confiance du peuple dans les institutions, en respectant scrupuleusement les principes d’inclusion, d’équité et de transparence». Le CTRI, pourtant garant de cette refondation démocratique, aurait failli à cet objectif en adoptant un code électoral partial et incohérent. Cette déviation affaiblit la légitimité de tout le processus électoral, suscitant des interrogations sur les véritables intentions de la transition.
- Les incompatibilités habituelles sacrifiées
L’ancien ministre rappelle que l’article 196 de la Constitution interdit certaines professions (militaires, magistrats, comptables publics) de se porter candidates pour préserver l’intégrité et l’impartialité des institutions. «L’ordonnancement juridique gabonais, comme dans toute démocratie respectueuse de l’équité, prévoit des incompatibilités claires pour éviter les conflits d’intérêts, garantir l’impartialité des institutions et protéger l’intégrité du processus électoral», rappelle-t-il. Pourtant, le nouveau code électoral lève ces restrictions pour certaines catégories, notamment les militaires. En modifiant ces règles, le CTRI met en danger la neutralité des institutions et introduit des risques évidents de conflits d’intérêts.
- Les nouvelles incompatibilités discriminatoires
Onanga Y’Obegue dénonce, dans sa tribune, les critères d’éligibilité imposés en affirmant : «L’article 176 limite l’éligibilité à la présidence aux citoyens remplissant des conditions strictes, parmi lesquelles : Avoir entre 35 et 70 ans, excluant ainsi les jeunes de moins de 35 ans et les seniors de plus de 70 ans.»
L’universitaire qualifie ces restrictions de «discriminatoires» et affirme qu’elles sont «arbitraires et contraires aux principes d’équité». Selon lui, ces critères restreignent injustement la participation citoyenne et vont à l’encontre de l’idée d’une transition inclusive. En excluant des catégories importantes de la population, notamment les jeunes et les seniors, il estime que ces mesures fragilisent la crédibilité et l’équité du processus électoral.
- Une levée suspecte des incompatibilités pour certains
Celui qui a récemment rejoint le quatuor de leaders politiques s’opposant au CTRI, comprenant également Pierre-Claver Maganga Moussavou, Albert Ondo Ossa et Alain-Claude Bilie-By-Nze, pointe une incohérence laissant penser que les règles sont conçues pour servir des intérêts particuliers. L’article 382 autorise les militaires et fonctionnaires à se présenter aux élections sans perdre leur statut. Ce qui contraste avec l’exclusion des membres du gouvernement de transition et autres responsables. «Pourquoi ces modifications profitent-elles manifestement à des membres du CTRI, qui peuvent ainsi se présenter sans perdre leur statut militaire, tandis que les membres du gouvernement de transition sont exclus ?», questionne-t-il.
Selon lui, cet article illustre une manipulation manifeste destinée à favoriser certains membres du CTRI tout en écartant d’autres acteurs du processus électoral, compromettant ainsi les principes d’équité et de transparence.
- Une manipulation flagrante pour protéger des candidatures
Ali Akbar accuse le CTRI de favoriser la candidature du Président de la transition en excluant d’autres acteurs. «Laisser le Président de la transition éligible tout en excluant les autres responsables démontre une intention manifeste de protéger sa candidature», dénonce-t-il. Selon lui, cette disparité dans les critères d’éligibilité n’est pas une simple négligence, mais un acte délibéré visant à donner un avantage décisif au Président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Il pointe du doigt une stratégie clairement orientée vers la consolidation du pouvoir entre les mains d’un cercle restreint, ce qui trahit les promesses initiales de neutralité et d’équité faites par le CTRI. En excluant d’autres potentiels candidats issus de la transition, le processus électoral se transforme en un terrain faussé, minant la confiance populaire.
- L’exemple ignoré d’Amadou Toumani Touré (ATT)
Onanga Y’Obegue rappelle le précédent malien, où le général ATT avait supervisé une transition sans se présenter aux élections. En se retirant volontairement de la scène politique, ATT avait garanti une neutralité complète du processus, permettant au peuple malien de choisir librement son dirigeant. «Un militaire qui souhaite se présenter aux élections peut parfaitement le faire, mais en respectant les procédures légales», souligne-t-il. En ignorant cet exemple vertueux, le CTRI envoie un signal contraire, préférant manipuler le cadre légal pour satisfaire des ambitions individuelles. Cette absence de détachement des dirigeants militaires compromet non seulement l’intégrité de la transition, mais crée également un précédent dangereux pour les générations futures.
- L’avertissement historique de Machiavel et l’inévitable retour de bâton
Onanga Y’Obegue conclut sa tribune avec un avertissement tiré des leçons de l’Histoire. En citant Machiavel, il affirme : «Ceux qui aident à construire une tyrannie creusent leur propre tombe politique». En cautionnant des manipulations électorales flagrantes, les parlementaires et soutiens du CTRI risquent de devenir les premières victimes de ce système qu’ils auront aidé à mettre en place. Il rappelle que dans de nombreux régimes autoritaires, les alliés initiaux finissent par être marginalisés, voire éliminés, une fois le pouvoir consolidé. Ce rappel met en lumière le caractère autodestructeur d’un soutien aveugle à des pratiques contraires aux principes démocratiques.
En dressant cet inventaire accablant des ‘’péchés électoraux’’ du CTRI, Ali Akbar Onanga Y’Obegue met en garde contre les dangers d’une transition biaisée et manipulée. Loin de rétablir la confiance du peuple dans les institutions, ces dérives risquent de plonger le pays dans une instabilité prolongée et de ternir durablement l’image de la transition. Son plaidoyer en faveur d’une élection équitable, respectueuse des normes démocratiques et des principes d’inclusivité, résonne comme un appel urgent à la responsabilité nationale. Il exhorte le CTRI et les parlementaires à tirer des leçons des transitions réussies en Afrique et à privilégier l’intérêt général au détriment des ambitions personnelles. Le Gabon, selon lui, mérite mieux qu’une répétition des erreurs du passé.
1 Commentaire
Akoma Mba persiste et signe. Dans aucun pays au monde des Putchistes organisent des élections. Un coup d’Etat n’est pas la bonne manière d’arriver au pouvoir.
Chez les autres, après coup d’Etat, les militaires, tous confondus, retournent dans leurs casernes après avoir remis le pouvoir aux civils.
Voyez-vous en Grande-Bretagne les militaires ne votent pas car censés être fidèles à tout Pouvoir civil élu démocratiquement. On devrait demander au Premier Ministre O’ ligui Nguéma Vé. Pauvre Ndong Sima, lui qui aspirait à devenir Président de la République, aujourd’hui mis hors d’état de toute présentation.
Allez-y voter pour un scrutin dont le résultat est connu d’avance et on verra après si la Gabégie cesse ou pas. On va encore faire comment!Pourquoi autant de hate!?