Dans une affaire où la justice semble avoir traîné le pied, un détenu, le nommé Barry A.M bénéficie, après 16 mois de détention préventive, enfin d’un non-lieu. Des questions persistent cependant sur les retards administratifs et les conséquences pour le prévenu.

Barry, libéré après 16 mois de détention, se retrouve face à un avenir incertain. Non seulement sa vie a été bouleversée par cette expérience, mais il n’a reçu aucun soutien ni suivi psychologique pour l’aider à se réinsérer dans la société. © freepik

 

Dans une affaire émaillée de rebondissements, un détenu, Barry A.M, a été libéré après avoir passé 16 mois en détention préventive à la Prison Centrale de Libreville. Son parcours judiciaire soulève des questions sur la qualité et l’efficacité du système judiciaire gabonais.

Tout débute le 19 août 2022, dans la ville de Kango, théâtre d’un braquage à main armée. Barry A.M et son collègue Kader A, conducteurs de camion pour la société ITG, étaient les protagonistes malheureux de cette histoire. Alors qu’ils s’apprêtaient à livrer du carburant à Ndjolé, ils furent pris au piège d’une fusillade meurtrière chez l’ami de Kader, nommé Ballo. Cette circonstance dramatique se soldera par deux morts et un blessé, qui va déboucher sur la détention préventive de Barry après avoir été inculpé d’homicide volontaire.

«Pendant qu’il était en train de suivre les soins dans une structure hospitalière à Libreville,  Barry sera interpellé puis conduit à la Direction générale des recherches (DGR). Trois jours après, il sera conduit à la gendarmerie de Kango. Déféré devant le Procureur de la République, le 31 août 2022, il sera placé sous mandat de dépôt pour homicide volontaire. De l’enquête préliminaire à l’instruction devant le juge instructeur, Barry ne reconnaît pas les faits. Tout au long de la procédure, il est resté constant», souligne le récit de l’Association SOS Prisonniers Gabon.

Malgré sa constance à clamer son innocence tout au long de la procédure, Barry a dû attendre plus d’un an pour que la justice se prononce en sa faveur. Le 14 juin 2023, le Juge d’instruction a rendu une ordonnance de non-lieu, mais le Parquet a immédiatement interjeté appel, prolongeant ainsi l’attente de Barry. Les mois ont passé sans que son dossier ne soit examiné, jusqu’à ce que l’association SOS Prisonniers Gabon intervienne en janvier 2024 pour accélérer le processus.

Après des démarches administratives laborieuses et des erreurs procédurales flagrantes, la Chambre d’accusation a finalement déclaré l’appel du Parquet irrecevable le 2 février 2024. Cependant, malgré cette décision, il a fallu encore un mois pour que Barry soit effectivement libéré, illustrant les pesanteurs de l’administration judiciaire.

«En effet, l’appel du Parquet de la République  avait été fait le 20 juin 2023 alors que  le cabinet d’instruction avait notifié au Procureur de la République l’ordonnance de non-lieu le 14 juin. Et, conformément aux dispositions des articles 168 et 171 du Code de procédure pénale, l’appel doit être formé dans les 48h de la notification», explique SOS Prisonniers Gabon.

Barry, libéré après 16 mois de détention, se retrouve face à un avenir incertain. Non seulement sa vie a été bouleversée par cette expérience, mais il n’a reçu aucun soutien ni suivi psychologique pour l’aider à se réinsérer dans la société. De plus, les questions sur les véritables responsables du drame de Kango restent sans réponse, laissant planer un doute sur la qualité des enquêtes menées dans cette affaire.

Au-delà du cas individuel de Barry, cette affaire met en lumière les failles du système judiciaire gabonais, où la lenteur des procédures et les erreurs administratives peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour les personnes accusées.

 
GR
 

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