Au lendemain de la descente du président de la République dans le Nord de Libreville, au terme d’une visite des sites de stockage et de transport de l’eau entre Ntoum et Libreville, la véracité de l’alimentation en eau de la zone dite d’Akanda avait suscité la polémique. Gabonreview est descendu sur le terrain interroger les populations. Certes toujours controversée, la SEEG y a nécessairement gagné des points.

Le président de la République aux abords du château d'eau de la commune d'Akanda, le 19 mai 2015. © DCP-Gabon

Le président de la République aux abords du château d’eau de la commune d’Akanda, le 19 mai 2015. © DCP-Gabon

 

«Y a-t-il un cimetière pour les bouteilles et les bidons ? Ils m’ont tellement aidé quand on n’avait pas l’eau à Angondjé que je ne vais pas me montrer ingrat envers eux. Que dois-je en faire maintenant ?», interroge sur son mur Facebook une jeune cadre, habitant de la cité Sherko, pour qui le souvenir de la recherche et du transport d’eau semble déjà si lointain. Si cette anecdote a de quoi faire sourire les septiques, elle ne traduit pas moins une réalité : avec les travaux débutés en juillet 2014, la controversée Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) a fourni des efforts pour alimenter en eau potable les zones ci-après du Nord de Libreville : Okala Carrières, Angondjé Cité N°1, Angondjé Cité N°3, Angondjé Cité N°4, Angondjé Cité N°5, Angondjé Château, Angondjé secteur Tchanguettes, Avorbam secteur carrefour Bodega et Avorbam secteur Eglise Nazareth.

Au terme d’une visite, des structures de stockage et de transport de l’eau de Libreville, le 19 mai 2015, le chef de l’Etat n’avait d’ailleurs pas manqué de confirmer ces efforts. Mais, la descente d’Ali Bongo dans le Nord de Libreville ce jour-là a ensuite donné lieu à une vive controverse, notamment de certains habitants d’Angondjé qui, dans le reportage d’une chaîne de télévision privée, ont souligné que leurs robinets n’avaient pas vu couler le précieux liquide. Pour tirer les choses au clair, Gabonreview, aidé par la chaîne Télésud, est descendu sur le terrain interroger les habitants des quartiers sus cités. Si les mécontents ne manquent pas, de l’avis général les choses ont changé ainsi que le notent les personnes ci-après interrogés dans la zone dite d’Akanda.

UN MAXIMUM D’AVIS POSITIFS

Yann KoumbaYann Koumba

«Il y a quelques jours encore, l’alimentation en eau était vraiment très mauvaise, car elle n’arrivait que tard, très tard dans la nuit. Mais depuis une semaine, nous avons désormais l’eau en continu. Ce qui nous évite désormais de veiller devant le robinet pour attendre le précieux liquide ou alors de délaisser ce que l’on fait à l’instant où l’eau arrive. Ou encore, de parcourir de longues distances avec des récipients pleins d’eau. C’est vraiment un grand soulagement car auparavant, nous utilisions parfois l’eau du puits pour faire la cuisine quand les réserves d’eau étaient épuisées. Ceux qui avaient les moyens se ravitaillaient auprès de commerçants qui sillonnaient le quartier, vendant le litre d’eau à des prix excessifs. Pour l’heure nous sommes satisfaits et nous souhaitons que les choses restent en l’état, sans coupures d’eau à déplorer dans les jours à venir.»

Fode  KeitaFodé Keita

«Nous sommes heureux car nous avons désormais l’eau 24/24h, comparativement à il y a quelques jours encore, avec plusieurs jours, voire semaines, à sec. Il n’est donc plus nécessaire d’attendre ou de parcourir plusieurs kilomètres pour avoir de l’eau. Nous remercions le chef de l’Etat et la SEEG pour ce soulagement, car l’eau c’est la vie.»

Diawo HamadouDiawo Hamadou

«Nous sommes vraiment très contents et remercions la SEEG pour cet apport. Car nous n’avions pas d’eau il y a quelques jours encore. Maintenant et tout moment de la journée, nous pouvons en jouir. Ce qui est une bonne chose pour les familles et les activités, avec notamment les lavages de voitures qui retrouvent un nouveau souffle. Nous avons énormément souffert avec l’achat de l’eau. Mais maintenant c’est du passé. Encore un grand merci à la SEEG.»

Jean KombilaJean Kombila

«C’est un soulagement car ici à Angondjé, les problèmes d’eau ont toujours été monnaie courante. Lorsque nous n’étions pas approvisionnés via nos robinets, nous chargions les voitures de bidons à la recherche de l’eau. Mais aujourd’hui, il y a de l’eau en permanence. Du moins à la Première Cité, car il y encore des zones qui sont sevrées. Et justement, nous demandons à la SEEG de continuer sur cette lancée, en approvisionnant effectivement toutes les zones urbaines du pays qui manquent d’eau. Aussi, l’Etat doit-il s’impliquer dans ce chantier car l’eau est cruciale pour les populations. Par ailleurs, à ceux qui n’ont pas encore de l’eau, je les conseillerai d’être patients et de prier que le bon Dieu touche le cœur de nos dirigeants.»

Footbaleur  AKANDA FCUn footballeur d’Akanda FC

«C’est une bonne chose pour nous, habitants de la commune d’Akanda. Nous avions effectivement de gros problèmes d’approvisionnement en eau mais maintenant ça va. Avant, nous faisions des provisions d’eau dans les fûts et c’était ainsi depuis toujours. A ceux qui ne sont pas encore raccordés au réseau hydraulique, je suis sûr que le président de la République est très impliqué pour que les choses s’arrangent dans les meilleurs délais.»

Thomas NziznguiThomas Nziengui

«Ce n’est pas un événement en tant que tel car il y avait déjà de l’eau, mais pas de façon discontinue. N’empêche que c’est bien que l’eau coule désormais de manière régulière. Car, en qui me concerne, il m’arrivait de me rendre à la Cité des Ailes avec mon véhicule pour m’approvisionner en eau. Ce qui représentait une véritable corvée. Je conseillerais à la SEEG de veiller au renouvellement de ses installations qui sont pour la plupart vétustes. Car certes il y a de l’eau, mais il y a également beaucoup de fuites, sans pour autant que les agents de la SEEG n’interviennent. Ce qui constitue bien évidemment une perte pour les populations. Avec de l’eau en permanence et des installations performantes, je crois la société s’assurerait, une bonne fois pour toute, la sympathie des populations.»

Hypolithe AdjoviHypolithe Adjovi

«C’est un sentiment de joie, car l’eau ne manque plus dans notre cité. Car auparavant, de 9h à 18h, nous étions privés d’eau. Avant, il fallait être sur le qui vive pour faire le plein de récipients. Ce qui n’est plus cas présentement. Merci beaucoup à la SEEG et qu’elle continue dans ce sens.»

M. Lekouma de CFAO Technologies

Monsieur Lekouma«Nous avons accueilli l’arrivée de l’eau avec joie et je remercie particulièrement le président de la République. C’est un véritable ouf de soulagement pour les populations que nous sommes car, pour ma part, j’ai fait cinq ans sans voir la moindre goutte d’eau couler de mon robinet. Et le jour où j’ai enfin eu de l’eau, Dieu seul sait à quel point j’étais heureux. Car c’était vraiment pénible avant. Il fallait se réveiller très tôt le matin pour aller puiser de l’eau dans les pompes publiques, ou alors des voisins, ou encore chez des parents qui en avaient. Il y a également nos frère Ouest-Africains qui nous vendaient de l’eau avec, par exemple, la touque de 100 litres à 15 000 francs CFA pour une durée d’environ une semaine. Par mois, nous dépensions donc pas moins 60 000 francs CFA pour l’eau. Je réitère donc mon soutien au chef de l’Etat pour cette initiative et espère qu’il fera davantage pour les populations que nous sommes. Aussi je félicite la SEEG qui, tant bien que mal, fait de son mieux, en dépit de la qualité pas toujours optimale de son matériel. Je les encourage à aller de l’avant.»

Serge AdiwaSerge Adiwa

«Depuis mon arrivée, il y a deux à trois ans, j’ai constaté qu’il y en a qui ont de l’eau et d’autres pas du tout. Ce qui contraint donc certains à faire des allers et retours, bidons en main ou dans des brouettes, à la recherche de l’eau. C’est vrai que la situation s’est un peu améliorée mais nous espérons que ce n’est pas un feu de paille que l’eau coulera toujours, en toute heure. Car c’était invivable avant. Ceux qui en avaient les moyens louaient même des clandos pour allez se ravitailler aux Charbonnages. Mon souhait est que la SEEG étende la fourniture d’eau à tous, conformément aux instructions du chef de l’Etat

L’IMPOSSIBLE UNANIMITÉ

Mais les avis ne sont donc pas toujours positifs. Ce qui n’est pas sans rappeler la sortie sur un «Plateau Spécial» de Gabon Télévision, le lendemain de la visite du chef de l’Etat su les chantier de l’eau à Angondjé, du directeur général des Ressources Hydrauliques, Olivier Mouckocko Mouckocko, qui avait reconnu quelques lacunes annonçant un gap de 60.000 m3 restants pour lequel il va falloir attendre la fin de la deuxième phase des travaux «dans vingt mois», c’est-à-dire au début de l’année 2017 si tout va bien. Ainsi, au titre de ceux qui nuancent leur satisfaction ou des mécontents, ont aura noté les déclarations ci-après :

Mboumba parfaitParfait Mboumba

«C’est vraiment très difficile de s’approvisionner en eau ici au Ciciba. Il y en a qui parcourent plusieurs kilomètres chaque jour à la recherche de l’eau. Certes nous disposons d’une pompe c’est vraiment insuffisant vu le nombre d’habitants et les besoins en eau de chacun. Certes cette pompe nous dépanne et c’est mieux que rien mais vraiment, nous prions que la SEEG installe une nouvelle pompe pour un tant soit peu soulager les populations.»

Therese AsingoneThérese Asingone

«Nous avons ici à Angondjé Village un château d’eau qui est fonctionnel. Mais il se trouve que les habitants vivant à la périphérie de cet édifice n’ont pas d’eau. Car cette dernière bénéficie plutôt aux populations de la Cité Amissa, qui eux disposent également d’un château. C’est inacceptable car il nous faut encore parcourir de longues distances pour aller puiser de l’eau alors que nous disposons d’une telle infrastructure. Nous souhaitons à cet effet que la SEEG installe effectivement des tuyaux d’eau pour les populations de cette zone, car nous souffrons. Nous nous lavons avec de l’eau des puits. La situation est encore plus grave en saison sèche. Nous sommes obligés de payer de l’eau, 300 francs le bidon de 20 litres. C’est anormal dans un pays où l’eau coule pourtant à flot : nous ne sommes pas dans un désert.»

Maman CathyMaman Cathy

«C’est un véritable calvaire que de vivre ici. Nous sommes obligés de creuser des puits ou alors de recueillir les eaux ruisselantes pour se laver. Beaucoup d’entres ont d’ailleurs des infections cutanées du fait de cette situation. Nous avons des châteaux d’eau ici mais ces derniers servent plutôt à alimenter la 4e Cité et la Cité Amissa, au détriment d’Angondjé Village. Nous voulons de l’eau et le plus tôt serait le mieux. Que la SEEG s’active donc car nous ne pouvons plus continuer ainsi car l’eau c’est la vie.»

Nze jeremieJérémie Nze

«Les choses ont un peu changé. Il y a de l’eau mais pas toujours. Mais c’est bien plus acceptable qu’avant. Car il fallait faire de longues distances pour aller puiser de l’eau. Il y en a même qui allaient jusqu’à Angondjé. Nous invitons la SEEG à redoubler d’effort pour garantir l’eau à tous et à entretenir l’existant. Car l’on déplore beaucoup de tuyaux percés dans la zone.»

Au sujet de ces fuites justement, le PCA de la SEEG, Patrice Fonlladosa, indiquait déjà en janvier dernier que «pour optimiser le rendement du réseau et approvisionner de manière continue l’agglomération de Libreville et la commune d’Akanda en eau, la SEEG a mis à la disposition de la clientèle, un numéro vert gratuit 8586, pour signaler les fuites d’eau du réseau.»

LUCIDITÉ

On note que, dans le domaine de l’eau potable, la SEEG et Veolia ont investi de manière importante, en 2014. Ce qui a permis de renforcer les capacités de production des usines de Lastourville, Bitam, Port-Gentil et Ntoum qui ont produit en cumulé 56 000 m 3/j d’eau supplémentaire. «Cette augmentation représente pour l’agglomération de Libreville 50 000 m 3/j, soit 40 000 foyers supplémentaires désormais alimentés régulièrement en eau potable», indiquait, lors d’une conférence de presse en janvier dernier, le PCA de la SEEG.

Patrice Fonlladosa disait alors que le fournisseur en eau potable dont il assure la supervision est conscient des investissements nécessaires pour améliorer aussi bien la quantité que la qualité des installations et des infrastructures. «Aujourd’hui, la SEEG travaille en étroite collaboration avec l’Etat gabonais pour trouver des solutions durables aux problèmes de croissance du secteur, afin de satisfaire la clientèle et tous les usagers de l’eau et de l’électricité», indiquait-il alors non sans souligner : «notre objectif reste le même : accompagner la croissance ; cette-à-dire l’établissement des populations à Libreville, la capitale, où réside 80 % de la population gabonaise et desservir les autres grands centres urbains du pays où l’accès à l’eau potable et à l’énergie est un problème de tous les jours.» Chiche !

 

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Abek dit :

    C’est vrai que l’eau coule effectivement à akanda mais elle reste inégalement repartie. Il faudrait très vite voir les cas d’angondje village et cap caravane qui abritent les 2 châteaux d’eau mais qui ne peuvent en bénéficier fautes d’installation de distribution. Le cas est tellement urgent que les travaux routiers s’y déroulent. Il ne faudrait pas attendre le bitumage de ces routes pour après les détruire pour faire passer de l’eau. Faites le nécessaire au bon moment et du courage à dame SEEG avec bien sur le regard vigilant des autorités de tutelle.

  2. desirė dit :

    Article surprenant.ou comment faire la promo de la seeg par tous moyens: Le micro trottoir. Gabonreview à laisser son esprit critique au donc d un puis?

    • François Ndjimbi dit :

      « L’impossible unanimité » avons-nous écrit en sous titre. Aurions-nous publié des avis contraires, des avis contre la SEEG, si tant est que nous avons vendu notre « esprit critique »? Lisez quand même tout l’article avant de tirer des conclusions hâtives. Ce qui est, est. On ne va quand même pas occulter la réalité.

      • Boris Nguema dit :

        A François Ndjimbi,

        je trouve dommage que tu viennes te justifier sur ce article… C’est typiquement Gabonais. Effectivement, je dois dire que, j’ai toujours trouvé GN très critique sur ses articles et là, les éloges ne manquent pas, elles fusent même de partout. Et voilà, vous faites un reportage et tout le monde souhaite lire, malgré la réalité, que tout va mal.

        Je vous encourage personnellement à garder votre ligne éditoriale et de pas vous justifier pour un tel ou un tel autre article. Bonne continuation.

        • Désiré dit :

          La ligne éditoriale : C’est se caché derrière un « micro trottoir  » pour d’abord s’éviter d’enquêté, , puis faire de la longueur pour pas cher et proposé une belle surface à une société amie? C’est sa?

  3. murucocu dit :

    C’est désolant que soit un chef d’état qui court pour aller un robinet il n’y a aucun exploit en cela je trouve le geste ridicule l’eau manque a lbv et dans les autres villes du pays

  4. murucocu dit :

    Il court pour aller ouvrir un robinet ça c’est pas un exploit pour moi je veux voir l’eau dans tout le Gabon

  5. Gaboma power dit :

    Une fois de plus félicitation pour la réalisation de ce château d’eau

  6. Sabrina dit :

    Une joie immense de voir enfin l’eau coulée de robinets quel bonheur

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