Le libre-échange en zone Cemac, un an après….
Pourtant annoncée pour le 1er janvier 2014, la libre-circulation des personnes et des biens au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac) est toujours une vue de l’esprit. Qu’en-est-il au juste ?
Que d’espoirs déçus depuis l’annonce de l’ouverture des frontières dans la zone Cemac, lors du Sommet des chefs d’Etat de 2013 ! Les populations de l’espace Cemac avaient pourtant cru voir se réaliser un vieux rêve qui leur permettrait de se mouvoir librement comme le font déjà les ressortissants d’Afrique de l’ouest, dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Plus d’un an après cette annonce, rien n’a bougé. Les positions des différents pays constituent encore un facteur de blocage du processus d’intégration sous-régionale.
Initialement, le rêve des Etats membres de la Cemac était de faire de cette zone «un espace économique intégré, émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain». Au final, qu’est devenu ce rêve ? Y a-t-il un manque de volonté politique ? Des pays tels que le Gabon ou la Guinée Equatoriale estiment, à ce jour, qu’ils ne sont pas encore prêts pour absorber le flux de personnes que cette ouverture pourra entrainer. Ils mettent également en avant les questions sécuritaires.
Toutefois, les tractations se poursuivent afin de parvenir à une solution acceptable par tous. Dans ce cadre, le ministère des Affaires étrangères et de la Francophonie a accueilli, le 23 juillet dernier, les travaux de réflexion sur «la stratégie nationale de mise en œuvre de la libre-circulation des personnes en zone Cemac». Réunis en ateliers, les acteurs engagés dans l’analyse de cette problématique avaient planché sur des thématiques telles que «libre-circulation et légalité», «libre-circulation et sécurité» et «libre-circulation et développement». Il s’agissait de parvenir à définition des modalités pratiques d’application du libre-échangisme afin d’en prévenir les effets pervers et en capitaliser les avantages.
L’espace Cemac est l’une des zones qui accusent le plus de retard d’Afrique. Les voies de communication terrestres et aériennes sont insuffisantes, les projets intégrateurs, à l’instar d’Air Cemac, peinent à y voir jour. Seul le Cameroun tire son épingle du jeu dans un secteur comme l’agriculture où il a atteint, depuis des années, l’autosuffisance alimentaire. Les autres pays de la Cemac sont reconnus comme exportateurs de ressources du sous-sol et de grands importateurs de produits alimentaires et ménagers. Et pourtant, une certaine unanimité se fait quant à la nécessité de poser les bases de la matérialisation de la libre-circulation en développant les infrastructures, notamment les routes. Il s’agit de créer les conditions pour que ces pays soient capables de supporter et accueillir les flux des échanges. Au-delà, même si le Gabon et la Guinée équatoriale ne semblent pas prêts à ouvrir leurs frontières à leurs voisins, le principe de la libre-circulation et de régionalisation semble irréversible. Dans ce contexte, il revient aux Etats et aux institutions régionales de définir les cadres propres et réglementaires pouvant les aider à supporter cette exigence de notre temps.
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