Le continent fait de la résistance aux antirétroviraux
Selon une étude publiée le 23 juillet dernier dans la revue britannique «The Lancet», en marge de la 19e conférence internationale sur le sida, débutée le 22 du même mois à Washington, c’est en Afrique australe et orientale que la résistance aux antirétroviraux a le plus augmenté.
La revue britannique «The Lancet» indique que «plus de dix ans après leur apparition, les traitements antirétroviraux se heurtent à une résistance croissante dans plusieurs régions d’Afrique. La résistance a augmenté le plus rapidement en Afrique orientale et australe, alors qu’elle n’a pas évolué en Amérique latine ou dans le reste de l’Afrique».
Selon les résultats de la revue médicale anglaise, qui se sont appuyés sur les données de 26 000 personnes âgées de plus de 15 ans, extraites de diverses études dans le monde, c’est en Afrique orientale et australe que la résistance a évolué le plus rapidement, alors qu’elle n’a pas évolué en Amérique latine ou dans le reste de l’Afrique.
En Afrique orientale, la résistance a cru au rythme de 29% par an, pour atteindre une prévalence de 7,4% au bout de 8 ans contre 1% au départ. En Afrique australe, la croissance a atteint 14% par an, avec une prévalence passant de 1% à 3% au bout de six ans. En Amérique du Sud et dans le reste de l’Afrique, les taux n’ont pas varié à 3,5% et 7,6%.
«La résistance observée concerne une catégorie d’antirétroviraux appelés inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse du VIH (INNTI). Ces médicaments sont des traitements de première intention et sont notamment donnés aux femmes enceintes séropositives pour éviter qu’elles ne transmettent la maladie à leur enfant. D’autres traitements existent en cas d’inefficacité des INNTI, mais ils sont nettement plus coûteux», précise The Lancet.
«Si aucun effort n’est fait au niveau national et international, cette résistance pourrait menacer une tendance à la baisse des décès et des pathologies liés au sida au cours de la décennie écoulée dans les pays à bas et moyens revenus», prévient Silvia Bertagnolia, de l’OMS et Ravindra Gupta de l’University College de Londres qui ont conduit l’étude financée par la Fondation Melinda Gates et l’Union européenne.
Mais les deux chercheurs estiment également qu’ «en dépit de leur augmentation, les nouvelles données ne sont pas surprenantes si on tient compte de l’énorme expansion des traitements antirétroviraux dans les pays à bas et moyens revenus».
Pour éviter que les résistances ne continuent leur progression sur le continent le plus touché par l’épidémie, une situation qui pourrait remettre en cause les progrès enregistrés ces dernières années en matière de mortalité, les chercheurs invitent les pays concernés à établir des circuits d’approvisionnement sûrs pour éviter les ruptures de stock et par conséquent les interruptions de traitements qui entretiennent la résistance. Ils insistent aussi sur la nécessité d’un meilleur suivi des patients et suggèrent des mesures simples, comme le fait de promettre de l’eau potable et de la nourriture aux patients qui prennent bien leur traitement, pour améliorer l’observance du traitement.
Selon les derniers chiffres d’Onusida, 8 millions de personnes ont reçu des traitements antirétroviraux dans les pays en développement en 2011, soit 26 fois plus qu’en 2003.
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